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Le blog d'André Boyer

Louis XIV, le pire ennemi de la liberté

19 Mars 2011 Publié dans #HISTOIRE

Le 15 février dernier, je présentais dans ce blog un article sur le règne de Louis XIV, intitulé « Louis XIV ou le pouvoir dans sa majesté ». Depuis l’incroyable succession d’événements majeurs qui est intervenue depuis le début 2011, naturels au Japon et politique dans le monde arabe, m’a poussé à repousser à plus tard la publication de la suite de cette série historique. Le court terme ne devant pas barrer notre horizon, il me semble temps de revenir à une réflexion de long terme.

Guerre-de-Louis-XIV-copie-1.pngLouis XIV, le pire ennemi de la liberté, c'est ainsi que le qualifie Winston Churchill dans son ouvrage sur Marlborough, sa vie et son temps...

Il faut se souvenir qu’il a consacré plus de la moitié de ses soixante-douze ans de règne à la guerreAu sommet de sa puissance militaire, Louis XIV disposait d'une armée de trois cent mille hommes qu’il engagea dans des guerres de conquête incessantes. À la tête de cette énorme armée qui dominait en nombre celle de tous ses voisins, la France ayant quatre fois plus d’habitants que la Grande-Bretagne, trois fois plus que l’Espagne, neuf fois plus que les Pays-Bas, Louis XIV en fit le redoutable appareil de sa politique. Il n’hésita pas à pratiquer la politique de la guerre brûlée, comme au Palatinat ou aux Pays-Bas. 

Dés 1667, il provoque la guerre de Dévolution. Lors de son mariage avec Louis XIV, en 1660, Marie-Thérèse, fille de Philippe IV d’Espagne, avait renoncé à ses droits sur la couronne d’Espagne, moyennant le paiement d’une dot de 500 000 écus d’or à son futur époux. Comme la dot n’a pas été versée par l’Espagne, Louis XIV présente en mai 1667 à la cour de Madrid, par l’intermédiaire de l’archevêque d’Embrun, un « Traité des droits de la Reine Très Chrétienne sur divers États de la monarchie d’Espagne ».

Ce Traité utilisait le droit de dévolution pour justifier l’ouverture du conflit. Les juristes français invoquaient une coutume du Brabant, aux termes de laquelle une fille du premier lit pouvait recevoir à la mort du père ou de la mère tous les fiefs qui appartenaient au survivant des deux conjoints. Louis XIV réclama pour son épouse, fille aînée d’un premier mariage de Philippe IV, le Brabant avec ses dépendances, le comté d’Artois, Cambrai, le Hainaut, le tiers de la Franche-Comté et le quart du duché de Luxembourg. Les juristes espagnols réfutèrent les thèses du roi de France. Selon le meilleur d’entre eux, Lisola, dans son « Bouclier d’estat et de justice » (1667), ce droit de dévolution n’était qu’une coutume de droit privé, étrangère aux relations entre les États et en usage exclusivement au Brabant et non dans l’ensemble des territoires revendiqués par la France. En retour, les Espagnols, lucides, dénonçaient chez Louis XIV « un dessein manifestement découvert de monarchie universelle ».

Aussitôt après la remise du mémoire à la Cour d’Espagne, les troupes françaises engagèrent le combat sans déclaration de guerre. La campagne du roi fut victorieuse, contraignant l'empereur Léopold 1er à négocier. Se déclarant hostiles à cet accord, l’Angleterre et la Hollande s'allièrent avec la Suède pour former la Triple Alliance de La Haye, contre laquelle le prince de Condé entreprit la campagne victorieuse de Franche-Comté, qui permit à Louis XIV de signer le traité d’Aix-la-Chapelle. Cette guerre confirmait l’hégémonie de la France, une hégémonie que Louis XIV, Colbert, Louvois et Vauban travaillaient à renforcer sans cesse par une meilleure organisation et par la mise en jeu de moyens supplémentaires.

Il ne fallut pas attendre plus de quatre ans pour que Louis XIV déclenche une nouvelle guerre, la guerre de Hollande. Il s’agissait pour Louis XIV de la mettre à genoux pour se saisir sans risque des territoires espagnols voisins. Les armées françaises fortes de cent vingt-cinq mille hommes faisaient face à seulement vingt-cinq mille soldats hollandais, qui ne durent leur salut qu’à la décision d’inonder la Hollande en ouvrant les écluses. Dans cette guerre, les troupes royales commirent les pires atrocités et Louis XIV se fit un ennemi mortel de Guillaume d’Orange, alors que ce dernier scellait le rapprochement entre l’Angleterre et les Provinces-Unies en épousant en 1677 Marie d’York, nièce de Charles II.

Guillaume d’Orange parvint à former contre la France une coalition qui rassemblait les Provinces-Unies, le Saint Empire, le Brandebourg et l’Espagne. À l'exception de la Bavière, tous les princes allemands, initialement favorables à la France, l'abandonnèrent. L'Angleterre aussi, dont le Parlement contraignit Charles II à faire la paix avec les Provinces-Unies. Louis XIV, qui ne voyait pas sa volonté bornée par un Parlement, continua la guerre, prit la Franche-Comté et pilla le Palatinat. L’ensemble des troupes coalisées fut impuissant à arrêter l’avance des troupes françaises, d’autant plus que Louis XIV finançait l’alliance suédoise comme il l’avait fait pour l’Angleterre. La guerre se solda par la paix de Nimègue (1678), par laquelle Louis XIV obtint le rattachement de la Franche-Comté au Royaume de France ainsi que l’obtention de plusieurs places fortes.

Et ce n’était pas fini, la moitié de l’histoire des guerres engagées à l'initiative de Louis XIV restait à venir. Ce furent les pires, en termes d'atrocités commises. 

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