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Le blog d'André Boyer
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FRANCO SELON MICHEL DEL CASTILLO

26 Février 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

FRANCO SELON MICHEL DEL CASTILLO

FRANCISCO FRANCO, CAUDILLO

 

Le 1er avril 1939 le général Franco proclamait la victoire des armées nationalistes sur les armées républicaines.

 

Dans son ouvrage « Le temps de Franco », Michel del Castillo  ne porte pas spécialement Francisco Franco dans son cœur, d’autant plus qu’il a personnellement souffert de la guerre d’Espagne. Mais cela ne l’empêche pas de présenter Franco comme un guerrier courageux, doté d'un sens extraordinaire de l'organisation, véritable meneur d'hommes, sachant imposer une discipline féroce, se montrant impitoyable et sévère, mais juste, affichant une impassibilité glaciale et ayant une redoutable intelligence politique. Il s'interroge encore sur le charisme indéniable, et inexplicable, que possédait ce petit homme dénué de prestance et à la voix incertaine.

Il dresse le portait du généralissime, qui n'était pas un fasciste mais un catholique de tradition, qui a bénéficié de l'aide de Hitler et de Mussolini, tout en se gardant bien de leur rendre la pareille.

L'air du temps de l'Espagne lors de la naissance de Franco est celle d'un pays au glorieux passé mais au présent terne, en plein marasme économique, perdant guerre coloniale sur guerre coloniale, avec un pouvoir monarchique incompétent, enfonçant le pays dans le conservatisme social, avec de brèves et violentes révoltes.

Né dans une famille de militaires, élevé dans une ville de garnison, dans un pays pauvre et conservateur, Franco est  un militaire « chimiquement » pur. Mais la famille de Franco est désunie, son père vivant en couple avec une autre femme. Il se destine à la carrière d'officier de marine, comme son frère aîné,  mais l'académie navale ferme ses portes l'année où il devait y entrer. Il se résigne donc à une carrière d'officier d'infanterie où il ne bénéficie d’aucun appui familial.

Pendant ce temps, la République espagnole est fondée en 1931, après des années de dictature de Primo de Rivera.

En 1934, la droite emporte les élections législatives, mais se voit refuser de diriger le gouvernement. Il s'ensuit une période troublée, avec un Etat faible, incapable de maintenir l'ordre républicain, même si, à la demande du gouvernement légal, Franco réprime durement un soulèvement ouvrier dans les Asturies. Puis en 1936, une coalition de Front populaire emporte les élections de façon étriquée. Au sein de la coalition de gauche, les éléments les plus radicaux ne sont pas majoritaires aux Cortès, mais contrôlent le gouvernement, dans un climat de violences sociales et politiques effrénées.

Jusqu’à cette date, Franco n'aspire à rien d'autre que servir un ordre, fusse-t-il monarchique ou républicain. Mais le gouvernement de Front populaire laisse s'installer une situation prérévolutionnaire dans laquelle les pouvoirs institutionnels perdent la réalité de leurs pouvoirs, au profit des polices et des justices aux mains des communistes ou des anarchistes, si bien que la guerre d'Espagne ne correspond pas à la lutte d’un gouvernement légal contre un coup d'Etat fasciste mais plutôt à une guerre à mort entre deux projets politiques radicalisés.

Après la sanglante guerre civile qui voit des massacres perpétrés des deux côtés, le Caudillo s’installe au pouvoir et l’exerce avec prudence. Michel del Castillo rapporte ainsi l'agacement d'Hitler après sa rencontre avec Franco en octobre 1940 : « je préfèrerais me faire arracher trois dents que de reprendre un tel dialogue avec lui ». Au final, l'Espagne restera neutre pendant la guerre de 1940-1945. Il a la même prudence quand il s'agit de régler la question de la nature de l'Etat. Franco restera Chef de l'Etat, tandis que la restauration de la monarchie se fera très lentement au profit de Juan Carlos.

Au final, Michel de Castillo dresse le portrait d'un dirigeant qui aurait agi en 1936 pour éviter une dictature stalinienne sur l'Espagne et qui se serait maintenu au pouvoir pour empêcher la résurgence de ce danger. Il souligne aussi que la démocratie s'est installée au terme d'une transition, et non d'une rupture avec le franquisme, menée par l'héritier même de Franco, avec un gouvernement dirigé par un ancien dirigeant franquiste.

 

Et il conclut son ouvrage en invitant les Espagnols à  accorder à leur propre histoire, la lucidité et l'équanimité.

 

 

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LE TEMPS DE FRANCO

21 Février 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

LE TEMPS DE FRANCO

"LE TEMPS DE FRANCO" DE MICHEL DEL CASTILLO

 

Si un temps ne parait pas d’actualité, c’est bien celui là ! Le temps de Franco est un ouvrage de Michel del Castillo écrit il y a six ans. Ce n’est pas une nouveauté mais c’est un livre rare parce qu’il a le mérite de présenter Franco sous un jour non systématiquement défavorable, alors que Michel Del Castillo était un opposant à Franco.

 

En effet, la condamnation systématique de la personne de Franco et de ses actes, privés et publics contribuent à obscurcir la compréhension de la guerre d’Espagne. Il est pourtant utile aujourd’hui de comprendre cette guerre.

Comment un pays civilisé comme l’Espagne en est-il venu à une guerre d’une telle sauvagerie ? Quelles en sont les causes ? Comment Franco en est-il sorti vainqueur ? Quelle était la situation de l’Espagne avant et après ? Toutes ces questions ne sont pas qu’espagnoles, car elles nous ramènent aux facteurs qui provoquent des guerres civiles, des facteurs qu’il serait bon d’identifier plutôt que de subir.

C’est ce qui motive mon intérêt pour la guerre civile espagnole et pour Franco, avec comme point de départ analytique, le refus viscéral de me laisser imposer quelque jugement préfabriqué que ce soit. C’est pourquoi je rends compte ici du livre de Michel del Castillo, dont l’honnêteté intellectuelle me paraît suffisante pour en tirer des informations utiles.

Michel Del Castillo est né à Madrid le 2 août 1933 et il a donc vécu la guerre civile. Il est le fils d’un français, George Michel Janicot, qui travaillait pour le bureau madrilène du Crédit Lyonnais et d’une espagnole, Candida Isabel Del Castillo, qui divorcent alors que leur fils a deux ans, en 1935. Michel Del Castillo se retrouve alors seul avec sa mère à Madrid. Un an plus tard, cette dernière est emprisonnée bien que républicaine. Elle sort de prison en 1937, se marie avec un combattant des Brigades Internationales José Sfax, qui perd la vie dans les combats contre les troupes de Franco quelques mois plus tard.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Michel Del Castillo et sa mère s’installent en France où son père l’envoie dans un camp de réfugiés à Mende. Michel Del Castillo s’en enfuit avant d’être enfermé dans un autre camp, puis dans un établissement de redressement en Espagne, dont il s’enfuit également pour se réfugier à 16 ans dans une école jésuite en Andalousie. Au total, on peut avancer qu’il a eu une enfance particulièrement difficile et mouvementée.

En 1950, il est engagé comme ouvrier dans une cimenterie près de Barcelone, une condition matérielle et sociale qu’il ne supporte pas longtemps. Il regagne alors la France où il se rapproche de son père, qui ne lui prête toujours qu’une faible attention. Désorienté, il s’adresse enfin à son oncle, qui, divine surprise, l’accueille avec sa femme à bras ouverts. 

Il fait alors des études et publie en 1957 un premier roman proche de l’autobiographie « Tanguy » qui reçoit un excellent accueil, ce qui l’encourage à publier d’autres romans et des écrits plus engagés. Il reçoit des prix littéraires pour la trentaine d’ouvrages qu’il publie, dont le « Dictionnaire amoureux de l’Espagne » pour lequel il recevra le Prix Méditerranée en 2005.

En 2008 parait « Le Temps de Franco », une biographie surprenante pour un antifranquiste.

 

L’histoire de Michel del Castillo ne prête guère au soupçon de tendresse pour le dictateur. Qu’écrit-il donc sur Franco ? Quelles leçons pouvons nous en tirer ? 

À SUIVRE

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LES CLASSES MOYENNES DANS LA TOURMENTE DE LA GLOBALISATION

16 Février 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LES CLASSES MOYENNES DANS LA TOURMENTE DE LA GLOBALISATION

DANS LA FOSSE AUX LIONS

 

Kim travaille 40 heures par semaine. Elle est célibataire, propriétaire de son bungalow et ses deux enfants ne sont plus à sa charge. Pourtant, elle fait la queue devant la Houston Food Bank pour faire ses provisions. 

La Houston Food Bank, un avatar texan des Restaurants du Cœur, a en effet constaté un changement de sa clientèle. Auparavant, elle était composée de sans-emploi et de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, mais désormais on y rencontre de plus en plus de familles de la classe moyenne inférieure.

Si l’on regarde de plus prés la situation de Kim, on apprend qu’elle possède un diplôme équivalent au Baccalauréat et qu’elle travaille depuis cinq ans comme concierge dans une école d’Houston. Dans cette fonction,  elle est rémunérée 9$ de l’heure, ce qui est largement au-dessus du salaire minimum texan fixé à 7,25$. Au total, elle gagne 18000$ par an, ce qui aussi largement au-dessus du seuil officiel de pauvreté qui est de 11670$ par an au Texas. Elle a complètement remboursé l’hypothèque de son bungalow, mais la hausse du coût de la vie a réduit sa marge de manœuvre financière, si bien qu’après avoir réglé ses charges fixes et le carburant de son automobile qui lui est indispensable, il ne lui reste plus que 30$ par mois d’argent disponible.

Pourtant, l’économie américaine est en train de se remettre de la crise économique, avec une croissance supérieure à 2% par an et un fort recul du chômage. Ce sont des chiffres moyens rassurants, mais ils masquent la baisse des revenus de la majorité des Américains, car la croissance des revenus concerne principalement les personnes les plus riches.

En effet, le revenu médian a chuté aux États-Unis de 5% entre 2010 et 2013. Or ce revenu médian qui trace la ligne de partage entre la moitié des revenus inférieurs au revenu médian et la moitié des revenus qui lui sont supérieurs. Dans le même temps, les 10% qui ont les revenus les plus élevés ont bénéficié d’une hausse de 10% de leurs revenus, soit une hausse deux fois supérieure.

C’est pourquoi, au niveau de l’ensemble des Etats-Unis, on recense plus de 45 millions d’Américains qui ne peuvent manger que grâce aux Food Stamps, des « timbres de nourriture » qui constituent les soupes populaires modernes. De plus, la ville de New York vient de battre en janvier 2015 un nouveau record, celui de soixante mille personnes sans domicile fixe, soit 11 % de plus qu’en janvier 2014.

Ceci s’explique par la nature des dix millions d’emplois créés depuis 2010. 44% d’entre eux correspondent à de bas salaires qui sont de plus en plus bas depuis le début de la crise, en 2008. En d’autres termes les revenus industriels ont été remplacés par des revenus « Mac Donald ». De plus la hausse des prix a particulièrement touché les biens et les services qui concernent la classe moyenne. C’est le cas des loyers, de l’alimentation, des transports, des dépenses de santé, des services de garderie ou des frais de scolarité. Au total, on estime qu’une famille avec deux enfants dépense, inflation déduite, a besoin de dix mille dollars de plus par an en 2013 qu’en 2000 pour maintenir son niveau de vie.

La société américaine postule que les gens ont toujours la possibilité d’accroître leurs salaires, pour peu qu’ils fassent des efforts dans leur travail, qu’ils aient du courage ou qu’ils améliorent leur niveau de compétence. Or la mobilité sociale est désormais insuffisante. Des études montrent que les enfants nés dans des familles dont les revenus se situent dans la moitié inférieure des revenus ont moins de 40 chances sur 100 de rejoindre, lorsqu’ils deviennent adultes, le groupe des personnes dont les revenus se situent dans la moitié supérieure des revenus. C’est une proportion insuffisante dans un pays où les inégalités de revenus sont justifiées par la possibilité offerte à tous d’accéder au sommet de l’échelle sociale.

La question est donc d’analyser l’origine de cette situation. La confiance et la croissance sont revenues, sauf que la crise de 2008 n’était apparemment pas une simple crise de confiance mais une crise de modèle, qui génère un monde dans lequel on peut du jour au lendemain être définitivement privé d’un salaire suffisant, voire de travail tout court et donc de logement.

Pendant ce temps en Europe, les systèmes de redistribution tournent à plein régime pour maintenir le niveau de vie des plus pauvres aux dépens de la classe moyenne, tandis que les plus riches utilisent les moyens à leur disposition pour fuir la prise en charge des plus pauvres, notamment la délocalisation de leurs patrimoines.

Pendant ce temps aussi, en Afrique, l’augmentation des revenus créée une nouvelle classe moyenne africaine qui fait exploser les ventes de réfrigérateurs, de télévisions, de téléphones portables, de deux-roues ou d’automobiles. Au Ghana, par exemple, le nombre de propriétaires d’automobiles et de motos a progressé de 81 % depuis 2006.

Aujourd’hui, un Africain sur trois appartient à la classe moyenne, soit trois cent soixante-dix millions de personnes. Comme le FMI prévoit, grosso modo, une croissance de cinq pour cent par an du PIB africain ces prochaines années, la classe moyenne africaine devrait rassembler quarante-deux pour cent de la population en 2060. C’est déjà le cas en Afrique du Nord, où les classes moyennes représentent soixante-dix sept pour cent de la population…

 

La mondialisation réalise ainsi son œuvre, faisant converger les niveaux de vie au travers du sort des classes moyennes, les écrasant dans les pays encore riches pour les hisser sur le pavois, toutes fragiles encore, dans les pays émergents. 

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EURÉKA

11 Février 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

EURÉKA

ET LA LUMIÈRE FUT!

Mais il n’était pas dans ma nature de demeurer dans une impasse et de m’en repaître. Je cherchais calmement une issue et je la trouvais. Puisque le diagnostic de mon Directeur de thèse posait qu’il y manquait une démonstration, il m’en fallait proposer une.

 

À propos de quoi ? That was the question…

Impossible de faire cette démonstration par rapport à la croissance des entreprises, j’avais assez creusé la question pour savoir que ce concept était assez flou, ou en tout cas ne se prêtait que difficilement à des mesures.

Démontrer quoi au sujet de la relation entre fiscalité et croissance, que la fiscalité était plus légère pour les grandes que pour les petites entreprises, parce qu’elle offrait aux premières plus d’opportunité d’échapper à la fiscalité qu’aux secondes ? C’est ce que je pensais intuitivement, mais de là à le démontrer, c’était une autre paire de manches parce que la réalité concrète des relations entre fiscalité et taille des entreprises était difficile à démêler.

Je pouvais aussi chercher à démontrer que la fiscalité encourageait ou freinait la croissance des entreprises, au travers du régime des amortissements ou de la fiscalité des dépenses publicitaires. Mais il fallait se rendre à l’évidence, en deux ans et demi de recherches, je n’avais rien trouvé de probant sinon des tendances, des relations partielles et des facteurs contradictoires, même si ces réflexions sur la taille et la croissance des entreprises allaient me permettre d’écrire un peu plus tard deux articles passables dans la Revue Française de Gestion.

Tout sert dans une thèse, même les impasses…

Il fallait que je change mon fusil d’épaule. Quelle épaule ? Au lieu de centrer ma thèse sur l’entreprise, la firme, sa taille et sa croissance, je pouvais me concentrer sur la fiscalité, qui avait un contenu technique, des règles, des effets recherchés et des distorsions, comme l’avait écrit mon Directeur de thèse.

La fiscalité, c’était du solide, même si elle évoluait constamment. Mais quelle fiscalité? la fiscalité de tous les pays du monde ? La fiscalité des entreprises multinationales ? La fiscalité américaine, évidemment la mieux analysée ? La fiscalité française s’imposait bien sûr, encore qu’elle limitait mon analyse aux entreprises qui s’y soumettaient, alors que mes travaux d’origine concernaient toutes les entreprises.

Il fallait que je fasse un choix, entre la validité de la démonstration et l’étendue de l’analyse. Le regard porté par mon directeur de thèse sur le caractère vague de mon argumentation me conduisait à privilégier la solidité argumentaire par rapport à l’attrait d’une synthèse qui embrassait plus de données que je n’en pouvais saisir avec pertinence.

Début 1976, je ruminais cet argumentaire pendant des semaines. Le choix que je devais faire était douloureux, repartir de zéro, jeter mes écrits actuels à la poubelle, trois cents pages ! Et au mieux les recycler dans quelques articles. Peut-être pourrais-je les utiliser en partie dans ma thèse, car ce que j’avais appris n’était pas perdu, mais il fallait commencer par oublier mes analyses passées afin de rebâtir ma thèse autour d’une structure en acier trempé, capable de résister aux attaques.

Je ne parvenais pas à me résoudre à une aussi forte remise en cause. Ceux qui n’ont pas écrit de thèse ont sans doute du mal à comprendre l’angoisse du doctorant. Ce n’est pas seulement l’angoisse de la page blanche, c’est la peur de n’avoir rien à écrire d’intéressant, c’est plus profondément encore l’effroi de mettre le sens de sa vie en jeu, pour concevoir quoi ? Rien peut être, que dis-je, rien sans aucun doute. Et pendant que vous vacillez, que vous faites des cauchemars, les autres vivent, ils font des choses utiles, ils s’amusent !

C’est le moment pour le doctorant d’être soutenu et rassuré, par ses proches, ses semblables les autres doctorants et son directeur de thèse. Les premiers ne partageaient pas ce combat, les seconds ont souvent tendance à vous enfoncer encore un peu plus, en ajoutant, parfois sciemment, parfois innocemment, leurs propres interrogations à vos doutes personnels, le troisième exerçait le métier dévorant de Recteur à six cents kilomètres de mes affres…

Mais je n’avais pas le choix, mes hésitations devaient être balayées au profit de l’action. Il suffisait de partir d’une base solide et de construire sur cette dernière une démonstration cohérente, comme une maison sur ses fondations.

Facile à écrire avec le recul, mais sur quoi ?

Tout d’un coup, au mois de février 1976, toute la thèse me vint d’un coup, fondation et construction comprises ! cela ne souleva ni mon enthousiasme ni mon soulagement, mais cela me paru tout simplement évident, comme si je l’avais eu toujours dans la tête !

« Bon Dieu ! Mais c’est bien sûr ! », disait l’acteur de l’émission policière Les Cinq Dernières Minutes. J’ai souvent remarqué en effet que la recherche universitaire, lorsqu’elle n’est pas convenue, ressemble dans sa démarche à une enquête policière.

 

Le problème, c’est que j’avais eu besoin de trois ans et demi pour parvenir à cette illumination, au lieu d’un an en moyenne. Et maintenant, il fallait prendre le temps de l’écrire…

 

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UN COOPÉRATEUR, UNE VOIX

7 Février 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

UN COOPÉRATEUR, UNE VOIX

L'ÉGALITÉ ENTRE LES ADHÉRENTS DES COOPÉRATIVES

La deuxième caractéristique des coopératives est leur base égalitaire : le principe « un homme, une voix » résume, bien souvent, l'esprit coopératif qui exprime que seuls les membres comptent et pas les capitaux qu'ils ont pu apporter.

 

De ce point de vue, la coopérative est une société de personnes et non une société de capitaux. Cependant la loi de 1972 sur les coopératives agricoles a introduit pour la première fois la notion d'associé non-coopérateur qui peut apporter des fonds, des marchés ou des savoir-faire, en échange de quoi ils doivent pouvoir faire entendre leurs intérêts spécifiques. Ils bénéficient d'un nombre de voix proportionnel à leur apport, sous réserve que ces voix non coopératives ne dépassent pas 35% des voix.

Du coup apparaît une distorsion, avec une sorte de double collège électoral dans les coopératives : le premier regroupe les coopérateurs, qui pèsent chacun d'un même poids ; le second regroupe les associés non-coopérateurs qui disposent de droits de vote proportionnels à leurs apports dans la limite du plafond. Or les coopérateurs ne sont pas toujours unanimes et des alliances peuvent se former  entre une minorité de coopérateurs et des capitaux extérieurs contre la majorité des coopérateurs. En outre, l'absentéisme ou la désaffection de certains coopérateurs vis-à-vis de leurs instances de décision peuvent aboutir à la même conséquence : ainsi, la fusion d'une importante coopérative de consommation britannique avec une autre a pu être approuvée par 517 coopérateurs sur 160 000, les autres étant absents ou non représentés. Le risque d'une banalisation des coopératives par rapport aux entreprises classiques est donc important, d’autant plus que si l'ambition des fondateurs du mouvement était égalitaire, beaucoup de coopératives ne le sont plus. C’est probablement le cas des coopératives de grande taille qui ont besoin d'un exécutif fort pour susciter l'adhésion, et l’on retrouve ici la question centrale du leadership et de son pouvoir pour faire fonctionner une organisation.

Mais de nombreuses coopératives continuent de fonctionner de façon démocratique, même si peu d'entre elles pratiquent l'autogestion. On continue à observer que la participation dans les coopératives de production est plus importante que dans les entreprises classiques exerçant la même activité. Plus précisément, l'information circule mieux dans les coopératives, les coopérateurs s'y impliquent davantage que les employés des entreprises classiques et les résultats y sont aussi généralement meilleurs.

 

Il reste pourtant que la banalisation du fonctionnement de nombreuses  coopératives provient d'une « usure » de ses  règles de fonctionnement implicites, règles qui peuvent être modifiées, car le propre d'une entreprise est de pouvoir changer son mode de fonctionnement si elle le souhaite. Mais la banalisation du droit des coopératives a des implications plus profondes, car il a pour objectif  de gommer les spécificités des coopératives, de créer des contraintes et des rapports de pouvoir qui les rapprochent des entreprises classiques.

 

Le monde économique n’est en effet pas forcément favorable aux coopératives, puisqu’elles échappent au contrôle des capitaines d’industrie.

 

 

À SUIVRE 

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L'HÉRITIER DES RÉGICIDES, BONAPARTE

2 Février 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

L'HÉRITIER DES RÉGICIDES, BONAPARTE

PIERRE DAUNOU, L'ARTISAN DE LA CONSTITUTION DE L'AN VIII

 

L’aventure de Napoléon Bonaparte excite les imaginations. Son extraordinaire destin personnel, son génie stratégique, ses qualités d’organisateur rencontrent le rêve collectif d’une nation qui impose sa volonté à l’Europe avant de succomber, victime du nombre, des erreurs stratégiques et de la fatalité.

Ceci écrit, Bonaparte n’a servi qu’à prolonger de quinze années un système politique issu de la Révolution qui n’avait pas d’avenir, car il ne s ‘appuyait sur aucune base démocratique et qu’il ne s’enracinait dans aucune tradition. Son maintien pendant cette période a tenu à la peur des classes dirigeantes de perdre les biens acquis pendant la révolution, aux rêves égalitaires entretenus auprès du prolétariat urbain, à la puissance des armes et au génie industrieux de Bonaparte. Les soldats l’ont suivi jusqu’à ce qu’ils n’aient plus la force de le porter, les ouvriers l’ont soutenu en vain et les classes dirigeantes, comme d’usage, l’ont abandonné dès que ses défaites militaires ont démonétisé son maintien au pouvoir.

Au total, Bonaparte a fait perdre une ou deux décennies à l’évolution politique du pays. Il a fait tuer un million de Français et plus encore d’étrangers, affaibli la France, réduit ses frontières et renforcé la méfiance universelle contre l’État français. Du point de vue organisationnel, il a eu le génie de concevoir et d’appliquer les outils institutionnels adaptés à la rationalité d’un État centralisé.

Au plan politique, il a bafoué l’idée de démocratie et il a installé le concept d’homme providentiel susceptible de sauver le pays par la seule force de sa volonté après que la Terreur eut fait croire qu’une Nation devait être gouvernée selon des principes moraux, et non selon la volonté de ses citoyens.

Le Consulat, qui reste, comme l’Empire, un avatar de la République, débute par un consulat provisoire composé de Bonaparte, Sieyès et Ducos, et de deux commissions désignées pour les affaires judiciaires courantes et la préparation d’une nouvelle constitution. Cette dernière est élaborée en novembre 1799, sous la direction de Daunou et sous l’impulsion  de Sieyès et Bonaparte. Pierre Daunou (1761-1840), le véritable père de la Constitution de l’An VIII, professeur et prêtre chez les Oratoriens, est élu le 9 septembre 1792 en tant que membre de la Convention.  Comme il n’a pas voté la mort du roi, il est arrêté et détenu jusqu'au 9 thermidor. Il revient ensuite à la Convention et il rédige la constitution de l’An III. Le 23 vendémiaire, il entre au conseil des Cinq-Cents et en devient le président le 3 fructidor an VI. Il approuve le 18 brumaire, et joue un rôle important dans la rédaction de la constitution de l’An VIII.

Cette Constitution, une de plus, s’inscrit dans la conception du pouvoir de Sieyès qui consiste, comme sous le Directoire, à s’opposer aux volontés des assemblées et qui a renforcer l’exécutif face aux représentants du peuple.

On retrouve cette tradition dans la Constitution de la Ve République, avec un pouvoir qui dénie aux représentants du peuple rassemblés dans les assemblées toute influence directe sur la marche du pouvoir.

Elle postule aussi que les hommes à la tête de l’État savent, à la place du peuple et de ses représentants, ce qu’ils doivent faire pour lui et considère que tout contrôle par ses représentants n’est qu’une tracasserie insupportable.

 

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COMMENT SORTIR DE LA CRISE GRECQUE?

29 Janvier 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

COMMENT SORTIR DE LA CRISE GRECQUE?

LES GRECS ONT SU DANS LE PASSÉ TRANCHER LE NOEUD GORDIEN

 

Une étude fondée sur des articles scientifiques a fait la synthèse des conséquences des crises financières sur la croissance économique en janvier 2012 (document attaché ci-joint). Les auteurs de cette étude observent que le partage des pertes entre créanciers et débiteurs permet de sortir plus rapidement d’une crise financière que lorsque toute la charge de la crise est supportée par les emprunteurs. Il m’a inspiré les réflexions suivantes :

 

La crise des pays du sud de l’Europe tourne autour de leur capacité à rembourser leurs dettes. La Grèce a bénéficié d’une remise conséquente de ses dettes, mais ces dernières restent si importantes que l’on doute fort qu’elle pourra jamais les rembourser. On a pressé les Grecs de mettre en place des réformes qui permettent de rembourser plus de dettes tout en sachant que la croissance déjà négative en pâtirait encore et donc réduirait leur capacité de remboursement.

On imagine des réformes structurelles qui permettraient d’augmenter la production grecque, mais sans accroître la consommation, comme si l’augmentation de leur pauvreté pourrait être la solution. Enfin l’odieux l’a disputé au ridicule lorsqu’on les a menacés en 2012 de mesures de rétorsion s’ils ne votaient pas en faveur des partis qui prônent des mesures d’austérité, comme ont cru le faire à l’époque Christine Lagarde ou François Hollande dans leurs adresses aux Grecs.

Comme on peut le constater aujourd’hui, les Grecs ont choisi de dire non aux menaces des hiérarques européens, afin d’obtenir une chance d’échapper à leur appauvrissement continu.

Or l’on sait, par le biais d’études scientifiques non encore contestées, que l’annulation des dettes et l’inflation permettent de sortir plus rapidement d’une crise économique que le remboursement des dettes ou la stabilité des prix.

Tout le problème se situe dans le processus politique qui permettrait de transférer la charge de la dette des débiteurs aux créanciers. Comment l’Union Européenne peut-elle se résoudre à annuler les dettes de la Grèce ? Impossible sans mettre en danger tout le système financier européen qui ne pourrait plus trouver de prêteurs. Impossible sans transférer la charge sur les contribuables européens, d’où les appels à la mutualisation des dettes largement relayés par les créanciers, une solution qui ne reviendrait qu’à diffuser la crise et non à en sortir.

Mais en définitive, tout le monde sait, pressent ou devine que la sortie de la Grèce de la crise passe par la quasi-annulation de sa dette et par l’inflation.

On cherche les responsables politiques qui sont prêts à en assumer le risque de la décision d’annuler la majeure partie de la dette grecque, parce que les crises de l’endettement et des monnaies, les difficultés des banques et la quasi-déflation conduisent à des conflits idéologiques qui entraînent le fractionnement voire l’éclatement des forces politiques.

D’ailleurs, les études historiques citées dans l’article en référence montrent que le blocage politique après une crise financière est la norme plutôt que l’exception, car l’impact des crises sur les croyances des électeurs vis-à-vis des solutions économiques qui leur sont proposées a pour effet de les remettre en question en s’interrogeant sur la mondialisation et le libéralisme qui ont permis qu’une telle crise est lieu.

De plus, la crispation des débiteurs qui se trouvent dans l’impossibilité de rembourser, comme celles des créanciers qui ressentent l’impérieuse nécessité de se faire rembourser dans des situations de crise rendent les solutions de compromis particulièrement délicates à faire accepter par les deux parties.

Cette montée des conflits entre créanciers et débiteurs s’observe aujourd’hui entre l’Allemagne et le Sud de l’Europe. Elle a aussi caractérisé la grande crise de 1929, opposant fascisme et socialisme jusqu’à la guerre de 1940-1945. On a vu récemment les créanciers de l’Argentine lui refuser obstinément tout accès au crédit international  de peur d’une contagion du non-remboursement des dettes, aux dépens du développement de l’économie argentine. On a vu, avec moins de succès, l’Islande subir les mêmes menaces et aujourd’hui la Grèce essuyer les mêmes foudres si jamais elle s’avisait de cesser de rembourser ses dettes. 

Et pourtant l’annulation des dettes argentines et islandaises, pour ne citer que ces deux pays, a indubitablement favorisé leur redémarrage économique. Mais n’allez pas demander aux créanciers d’acquiescer ! Le risque est donc que l’absence d’accord de compromis n’approfondisse et ne prolonge la crise économique qui succède à la crise financière, entraînant dans un cercle vicieux des tensions politiques qui rendent encore plus difficiles la mise en place d’une solution de compromis entre créanciers et débiteurs. Jusqu’à quel séisme faudra t-il aller, qui rassemblera enfin les protagonistes autour d’une solution de survie commune?

 

J’ai publié le blog que vous venez de lire, mot pour mot, à l'exception de quelques détails d'actualisation, la 14 juin 2012, il y a donc deux ans et demi. On constatera que le blocage que j’observais à l’époque est toujours en vigueur, sauf que la situation poitique grecque a changée. Les verrous vont-ils sauter ? À suivre...

 

Resolving Debt Overhang: Political Constraints in the Aftermath of Financial Crises*

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ÉTAT DE CHOC

25 Janvier 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

ÉTAT DE CHOC

GRAND HOTEL DU CAP FERRAT

Pour présenter mon état d’esprit au début 1976 lorsque je reçus le verdict de mon Directeur de thèse, il me faut relater la nature de mes activités à l’automne 1975. Il faut convenir qu’elle était assez particulière.

 

À plusieurs égards, le mois de septembre 1975 avait été éprouvant. Ceux qui ont déjà organisé un congrès savent à quel point cette tâche est complexe et épuisante. En outre, je me trouvais contraint d’y faire face alors que j’étais submergé par des problèmes familiaux.

Aussi étais-je au bout du rouleau en ce début d’octobre 1975, alors que les cours reprenaient dans huit jours ! que faire ? Je me retournais vers l’agence de voyages qui avait géré les aspects touristiques du congrès, l’Agence Contours et son directeur, Monsieur Clément, me suggéra de prendre des vacances sur la Côte d’Azur.

Il m’offrait de m’installer dans le magnifique Grand Hôtel du Cap, qui n’avait toutefois pas encore été rénové, ce qui me permis d’obtenir un prix négocié très bas. Pendant une semaine grâce à lui, je pus vivre comme un milliardaire en séjour sur la Côte d’Azur, réveillé dans mon immense chambre prolongée par une toute aussi vaste terrasse par les bruits des barques de pêcheurs. Le soir, je soupais en compagnie silencieuse des quelques veuves américaines qui étaient encore présentes au Cap en cet automne languissant, tandis que dans la journée je recevais mes amis, partageant tennis et piscine. 

Le premier jour de mon séjour, je m’étendis près de la piscine et ouvris un livre qui traînait à la maison depuis des mois, La Plaisanterie, de Milan Kundera. Ce livre entra si fortement en résonance avec mes préoccupations et mes croyances du moment que j’en fus incroyablement bouleversé et m’en souviens encore.

Cet intermède luxueux de la première semaine d’octobre fut suivi de la reprise immédiate des cours, qui était bienvenue dans la mesure où elle me ramenait sur terre. Elle s’accompagna rapidement, au titre de Chargé de Mission, d’une énorme tâche supplémentaire, le lancement de l’Université du Troisième Age à titre permanent après l’expérience réussie du printemps 1975 (voir mes articles antérieurs sur le lancement d’U3).

Cependant je parvenais, tant bien que mal, à achever une première version du manuscrit de ma thèse, qui faisait quelque trois cents pages et que je remettais fin 1975 à mon Directeur de thèse, le Professeur Jean-Claude Dischamps, en espérant qu’il approuverait mon approche fondée sur la relation entre la croissance des entreprises et la fiscalité.

Il lui fallut deux mois environ pour me retourner mon texte, couvert de remarques et de corrections. Un échange téléphonique avec ce dernier, qui était entre-temps devenu Recteur de l’Académie de Clermont-Ferrand après avoir été Directeur de l’Enseignement Supérieur des Ministres Jean-Pierre Soisson et Alice Saunié-Seité, me convainquit que j’avais vraisemblablement tout faux.

J’avoue que je le pris très mal. J’avais le sentiment, fortement subjectif, d’avoir bien travaillé et d’avoir rendu un travail globalement acceptable. Or mon directeur de thèse, qui avait lu très consciencieusement mon manuscrit, puisqu’il apparaissait qu’il y avait consacré de (trop) nombreuses soirées, était d’un avis contraire. Avec toute la diplomatie qu’il savait instiller dans ses propos, il estimait que ma thèse n’était pas vraiment une thèse, mais une sorte de récit relatif aux relations entre la fiscalité et la dynamique des entreprises, qui n’avait malheureusement pas valeur de démonstration scientifique.

Je me souviens fort bien m’être laissé aller à lui rétorquer, avec dépit, que s’il trouvait mon travail si mauvais, il n’avait qu’à l’écrire lui-même ! Propos dont je mesurais l’absurdité, aussitôt après l’avoir prononcé. C’était une manière, méchante, de lui faire porter indument la responsabilité de la mauvaise qualité de mon travail ma thèse. Pourtant, il avait fait tout ce qu’il pouvait et au-delà, pour me donner les moyens de rédiger ma thèse, dans la mesure où ses responsabilités ne lui permettaient pas de suivre mon travail de très prés. J’étais d’ailleurs le mieux placé pour identifier la source de mes difficultés : ma concentration insuffisante sur le sujet.

Après ce mouvement d’humeur, je me trouvais bien marri. Depuis plus de trois ans, que de mouvements, décris dans mes blogs précédents : la campagne électorale que j’ai brièvement évoquée,  les deux séjours aux Etats-Unis, l’invention de l’Université du Troisième Age, les colloques à l’étranger, les articles, le congrès de l’IIFP à Nice, que de rencontres, de découvertes, d’avancées mais qu’en restait-il au bout de tous ces cheminements disparates? Un travail doctoral sans queue ni tête dont dépendait tout mon avenir, alors même que ma vie familiale avait suivi le même chemin. Quel gâchis, quelle dispersion, quel résultat pitoyable !

Elle était loin la semaine de rêve à Saint-Jean-Cap-Ferrat, elles étaient envolées les ambitions qui gonflaient les voiles de notre famille, lorsqu’elle revint s’installer à Nice en octobre 1972.

 

J’étais dans une impasse!

 

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LE CAPITAL DES COOPÉRATIVES

21 Janvier 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE CAPITAL DES COOPÉRATIVES

FRIEDRICH WILHELM RAIFFEISEN

 

Les quatre principes de base des pionniers de Rochdale (RSEP) sont toujours les fondements du mouvement coopératif, après plus d'un siècle et demi d’expérience:

  • La règle d'égalité, qui se traduit par « un homme, une voix »
  • La règle de liberté, qui laisse à chacun le choix d’adhérer ou de quitter la coopérative. chacun peut adhérer ou s'en aller.
  • La règle de justice qui implique que la répartition des bénéfices se fasse au prorata des activités de chaque membre.
  • La règle d'équité qui fait que la rémunération des apports en argent est limitée.

Si la RSEP est une coopérative de consommation, on verra aussi se créer des coopératives de production, telle que celle constituée entre les bijoutiers en doré, pour qui, à l’instar de Robert Owen, l’objectif proclamé est de faire « disparaître l'hostilité qui existe aujourd'hui entre les chefs d'industrie et les ouvriers ».

Puis, en 1864, Friedrich-Wilhelm Raiffeisen fonde en Rhénanie la première société coopérative de crédit mutuel. En France, pour lutter contre la Caisse rurale et ouvrière d’inspiration catholique, Jules Méline, Président du Conseil, favorise en 1894 la création du Crédit agricole mutuel.

L'année 1888 voit la naissance de la première coopérative agricole française, la Laiterie coopérative de Chaillé, sur un modèle danois datant de 1882. Des coopératives d'habitation, de commerçants, de transport, d'artisans, de marins ou d'armateurs vinrent s'y ajouter pour former ce qui constitue aujourd'hui le mouvement coopératif.

Socialisme utopique, réformisme et catholicisme social se rejoignent pour promouvoir une forme d'entreprise qui ne se limite pas au seul champ économique. L’activité de la coopérative est présentée comme un moyen de promouvoir une finalité collective. Contrairement à l'entreprise capitaliste qui ne se reconnaît pas de responsabilité sociale, encore que l’on invoque aujourd’hui l’entreprise citoyenne, l'entreprise coopérative revendique une responsabilité limitée à ses membres, actuels ou futurs, mais pour le bien de toute la collectivité.

Cette responsabilité sociale s'est exprimée de diverses manières. En France, la Fédération nationale des coopératives de consommation, disparue en 1980, avait créé un Laboratoire d'analyses coopératif qui a été une des bases du mouvement consumériste. En Grande-Bretagne, le Retail Organization Group et la Cooperative Retail Service ont réinvesti leurs bénéfices dans un ensemble d'usines agro-alimentaires et d'exploitations agricoles, dans une banque coopérative et dans une société d'assurances. En Espagne, le groupe Mondragon, un ensemble de coopératives de production, s'est fixé pour mission de faire du Pays basque espagnol une zone de plein-emploi.

Le capital des coopératives

Comme il s'agit d'effectuer une activité économique, les fonds nécessaires sont recueillis auprès des coopérateurs sous forme de parts sociales, dont le montant est fixé à un niveau suffisamment bas pour ne pas constituer un obstacle à l'adhésion. Dans les coopératives de production, les coopérateurs affectent une part déterminée de leur salaire à la souscription de parts sociales. Dans les autres coopératives, la souscription de parts est proportionnelle aux services rendus. Dans tous les cas, lors du retrait du coopérateur, ce dernier peut récupérer sa mise de fonds. Mais contrairement aux entreprises capitalistes, c’est la  coopérative qui décide, avec quelques exceptions, du montant à rembourser aux coopérateurs qui se retirent, alors que l'espoir d'une plus-value est le principal moteur d'achat des actions.

Le caractère impartageable des réserves justifie dans le régime coopératif français l'exemption fiscale dont les bénéfices non distribués font l'objet. Au contraire, dans une entreprise classique, les bénéfices non distribués entraînent une augmentation de la valeur marchande de l'entreprise et sont donc taxables.  

C’est une première différence significative avec les entreprises dites classiques.

 

À SUIVRE

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LA SUISSE LÂCHE BRUSQUEMENT LA LAISSE

18 Janvier 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA SUISSE LÂCHE BRUSQUEMENT LA LAISSE

LA BANQUE NATIONALE SUISSE

 

Depuis le jeudi 15 janvier à 10 heures 3O, la banque nationale (BNS) a décidé d’abolir le cours-plancher de l’euro par rapport au franc qu’elle avait fixé à 1,20 franc depuis le 6 septembre 2011. Dés ce moment, l’équilibre s’est situé à la parité.

 

Il s’agit pour la BCE de se protéger contre les risques de pertes de change induits par les mesures que devrait prendre jeudi prochain la Banque centrale européenne (BCE), avec l’achat massif d’obligations souveraines et de ne pas laisser le franc suisse baisser face au dollar, en s’accrochant à l’euro.

La décision de la BNS a surpris tous les opérateurs, dont certains, pris à contre-pied se sont déclarés en faillite. L’industrie, notamment horlogère, et le tourisme suisse sont inquiets. Les frontaliers ont soudainement bénéficié de 20% de hausse de leur pouvoir d’achat en euros, mais leur emploi est menacé avec la baisse de compétitivité de la Suisse.

Du point de vue économique, avec un Euro qui n’en finit plus de baisser et qui vient de perdre brutalement 20% de sa valeur face à une économie suisse non négligeable, la décision de la BNS devrait être favorable à la zone Euro.

Mais les medias insistent moins sur les conséquences de cette décision sur les emprunts émis par les États, en particulier celui de la France qui est le plus grand emprunteur mondial.

Pour répondre à cette question, je vous renvoie au blog que j’écrivais sur ce sujet le 27 septembre 2O12 et que j’avais intitulé « La Suisse tient l’Europe en laisse », ce qui justifie le titre du présent blog (je me cite) :

« Où est donc le revers de la médaille ? il se cache dans les achats de devises de la BNS. Pour maintenir le taux de 1,20 Franc Suisse pour un Euro, chaque Suisse, par l’intermédiaire de la BNS achète chaque jour 100 euros sur le marché monétaire !  Il en résulte que, comme celle de la Chine, ses réserves de change ont explosé, si bien qu’elles dépassent désormais celles de l'ensemble des banques centrales de la zone euro !

Bien entendu, les Suisses ne veulent pas que la BNS prenne des risques sur son bilan : ce ne sont pas eux qui iraient acheter des emprunts grecs ou espagnols. Prudemment, ils se concentrent sur les emprunts notés double ou triple A, essentiellement allemands et français, devenus les grands gagnants des achats suisses, mais aussi dont les taux dépendent de plus en plus de la politique de la BNS.

L’agence Standard & Poor observe que la BNS, en achetant pour 80 milliards d’Euros, rien que pendant les sept premiers mois de l’année 2012, a fortement contribué à réduire les coûts des emprunts allemands et français… »

Le brusque changement de la politique de la BNS revient donc à faire disparaître un acheteur considérable des emprunts français, et donc à provoquer à terme une hausse de leurs taux d’intérêt.

Tout concours à la baisse continue de l’euro, la décision de la BNS, la décision à venir de la BCE, le futur chantage du gouvernement grec, la nécessité pour la France de s’occuper en priorité de sa sécurité par rapport aux contraintes économiques, la future révolte espagnole.

De plus les opérateurs vont provoquer, pour éviter les pertes, une accélération de cette baisse et, en réponse, une montée des taux d’intérêt pour la freiner, lorsqu’un niveau plancher sera atteint du point de vue de la BCE. 

En tant qu’agent économique, il vous appartient d’anticiper cette baisse, avant de vous demander à quel niveau elle s’arrêtera dans le futur : 1,15$, le cours d’aujourd’hui, la parité, 0,85$, le cours-plancher atteint dans le passé ou 0,75$, pourquoi pas ?

Personne ne connaît ce taux plancher aujourd’hui, mais vous comprenez que les préteurs d’un euro lorsqu'il valait 1,50$ vont être particulièrement mécontents d’être remboursé avec un euro qui n'en vaudrait plus que la moitié et vous pouvez comprendre en conséquence qu’ils ne vont pas se précipiter pour accroître leurs engagements.

Vous comprenez enfin que les arguments en faveur de la sortie de l’euro sont soudain en train de disparaître, provisoirement…

 

Merci, les Suisses, de nous avoir brusquement fait prendre conscience de tous ces événements à venir !

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