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Le blog d'André Boyer
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LE POUVOIR, TOUT LE POUVOIR

16 Mai 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE POUVOIR, TOUT LE POUVOIR

LE PREMIER CONSUL, DÉJA IMPÉRIEUX

 

 

En raison de l'agressivité de la politique extérieure menée par Bonaparte, le Royaume-Uni considéra que sa priorité stratégique consistait à faire plier la France. Il refusa d'évacuer Malte et commença à réarmer et comme Bonaparte ne disposait pas des moyens maritimes pour faire capituler l’Angleterre, Il fut condamné à faire la guerre au Royaume-Uni jusqu’à ce qu’il soit chassé du pouvoir. 

 

Dans le domaine politique, Bonaparte dut faire face à trois oppositions, jacobine, royaliste et libérale.

Les jacobins n’étaient naturellement pas favorables au Coup d’État du 18 Brumaire mais Bonaparte restait l’un des leurs; il fit taire les opposants les plus farouches tout en cherchant à rallier le plus grand nombre. 

Entre janvier 1800 et juin 1802, le Consulat procéda à la suppression de 60 des 73 journaux politiques paraissant à Paris et fit interdiction d’en créer de  nouveaux en y ajoutant la mise en place de la censure de la presse par le ministre de la police, Fouché. On voit là le souci de contrôler étroitement la communication politique qui a été l'un des outils principaux du pouvoir de Bonaparte. En outre, il fit arrêter et exécuter plusieurs jacobins à la suite de « la conspiration des poignards » et en fit déporter 68. Il fit enfin arrêter le général Simon, chef d’état-major de Bernadotte, qui appelait à renverser le tyran. Bernadotte le vengea bien par la suite.

Les royalistes tenaient l’Ouest ; Bonaparte engagea des pourparlers avec eux, ce qui leur fit espérer que le Premier Consul pourrait se laisser convaincre de restaurer la monarchie. Lorsqu’ils comprirent leur erreur, ils essayèrent d’éliminer Bonaparte qui répliqua par une intense répression policière. Par exemple, le 18 janvier 1800, il fit exécuter deux rebelles vendéens, le marquis de Frotté et son jeune aide de camp, le chevalier Toustain.

Une opposition républicaine libérale se constitua également pour résister au Concordat ou à la création de la Légion d'Honneur qui, selon Bonaparte, devait constituer une méritocratie adossée à « ce puissant ressort de l’honneur qui tient si puissamment à la nation française". Cette méritocratie sera clairement militaire, à juste titre compte tenu du rôle prépondérant de l’armée dans l’action de l’État jusqu’en 1814 : elle concernera 30500 militaires pour 1500 civils.

L’opposition républicaine libérale percevait la Légion d’Honneur comme l’institution d’une nouvelle noblesse et cette opposition n’était pas négligeable puisqu’elle parvint à réunir le 19 mai 1802, autour de députés comme Benjamin Constant, 36 tribuns sur 92 et 110 législateurs sur 276 pour voter contre l’institution de la Légion d’Honneur. Bonaparte y répondît en évinçant les députés hostiles du Corps législatif et du Tribunat et en divisant ce dernier en trois sections.

Pour parfaire son contrôle du système politique français, Bonaparte décida de lui donner un caractère dynastique. Le Tribunat et le Corps Législatif penchaient pour un mandat de dix ans, tandis que le Sénat « souhaitait» un Consulat à vie.

Les débats eurent lieu en mai 2002, qui vit Fouché conduire l’offensive contre le mandat à vie. Le 6 mai 1802, le Tribunal ratifie dans l’enthousiasme le traité d’Amiens, et en profite, inspiré par Bonaparte, pour proposer au Sénat de donner au consul une preuve de la gratitude nationale. Toutefois les sénateurs, influencés par Fouché, se contentent de voter par anticipation la prorogation du mandat consulaire pour dix ans, sans accorder la magistrature à vie.

Déçu et irrité Bonaparte décide d’en appeler au peuple. Le Conseil d’Etat formule les questions qui seront posées : l’une concerne la magistrature à vie, la seconde donne au Premier consul la possibilité de désigner son successeur. Bonaparte ne retient que la première proposition : « Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ? » Le peuple se prononce en sa faveur par 3 500 000 voix contre 8 374. Le 2 août, le Sénat entérine le plébiscite et nomme Bonaparte consul à vie.

Celui-ci conforte sa position en modifiant la Constitution de l’an VIII. Ratifiée par le Sénat dès le 4 août, la Constitution de l’an X le crédite de nouveaux pouvoirs. Le Tribunat, par ailleurs réduit à cinquante membres, comme le Corps législatif sont soumis à la dissolution du Sénat.

Cette dernière assemblée, apparemment favorisée par les nouvelles institutions, est sous la tutelle du Premier consul. Si trois consuls à vie occupent toujours le sommet de l’exécutif, c’est à Bonaparte que reviennent les décisions importantes. Il peut nommer son successeur, possède le droit de grâce et l’initiative des sénatus-consultes, ratifie les traités et choisit les députés parmi les collèges électoraux dont il nomme le président.

 

Cette réforme de la Constitution consacre la toute-puissance de Bonaparte y compris la faculté de désigner son successeur qui ouvre évidemment la voie à un régime dynastique.

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LES INSOUCIANCES D'UN AUTOMNE HEUREUX

7 Mai 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LES INSOUCIANCES D'UN AUTOMNE HEUREUX

AUTOMNE 1977 DANS LES ALPES DU SUD

 

Les vacances de l’été 1976 furent mises à profit, en partie, pour rédiger la deuxième version de la thèse qui se mit à avancer à un train que l’on pourrait appeler de sénateur.

 

À l’automne, un peu avant la rentrée universitaire qui avait lieu un bon mois plus tard qu’aujourd’hui, je me rendis à Villars-Colmars, dans les Alpes, afin d’avancer ma thèse dans l’ambiance paisible de l’arrière saison. Malheureusement, un incident sans effet fâcheux immédiat allait entraîner une conséquence dramatique trois mois plus tard, qui allait encore retarder l’avancement de ma thèse : en descendant la Colle Saint-Michel au volant de ma GS Citroën, je me retrouvais face à un bulldozer que je percutais de face. La GS était réduite à l’état d’épave, mais je n’étais ni blessé ni responsable de l’accident et je réussissais malgré tout à m’installer dans le chalet familial pour écrire, alternant travail intellectuel et tennis.

L’idéal.

Puis je regagnais Nice pour la rentrée de l’IAE, désormais prise en main par Jacques Lebraty, tandis que Xavier Boisselier, après une aventure rocambolesque, prenait la direction de l’IUT de Nice. De mon côté, je continuais à diriger l’Université du Troisième Âge qui connaissait un succès croissant et qui faisait des émules dans toute la France. Naturellement cette direction, qui s’ajoutait à mes cours, réduisait d’autant le temps disponible pour la thèse et plus grave encore, écartelait mes préoccupations entre l’écriture et le management.

Or, rien n’est plus contradictoire pour l’esprit que de devoir concurremment concentrer ses pensées dans l’écriture par définition loin de toutes les préoccupations extérieures et manager une organisation qui suppose au contraire d’être attentif aux événements qui la concerne tout en utilisant son énergie pour faire agir les autres. Aussi, lorsque je rencontre des managers qui souhaitent faire une thèse, je m’empresse de leur indiquer que, s’ils ne disposent pas de vingt heures libres par semaine, il ne faut guère y songer…

Si bien, qu’instruit de ma propre expérience, je suis toujours inquiet lorsque des doctorants acceptent des responsabilités administratives ou se chargent de cours. Heureusement, l’administration y a remédié par une avalanche de réglementations qui limitent désormais l’activité des doctorants. Encore que, prise de remords, elle s’est empressée de remplacer les activités rémunérées qui empêchaient les doctorants d’écrire leur thèse par l’obligation d’assister à des séminaires non rémunérés sur des sujets aussi passionnants qu’éloignés de leurs préoccupations. Elle y a même ajouté la nécessité de produire d’interminables rapports, dont il est inutile de préciser qu’ils ne servent à rien. Le résultat est curieux. Hier les doctorants prenaient eux-mêmes le risque d’être détourné de leur thèse par l’appât du gain et l’envie de rester dans le monde. Aujourd’hui l’administration française les contraint à distraire une forte partie de leur temps disponible pour remplir des obligations paperassières et conférencières inutiles, voire nuisibles. 

En décembre 1976, j’utilisais les « rebuts » de ma thèse première version pour publier un article dans la revue maison, la Revue d'Économie et de Gestion, sur les « Théories Comportements et choix d'un modèle de Firme ». Je partais aussi en congrès en Suède, après avoir provoqué l’effroi financier du nouveau directeur de l’IAE de Nice qui prétendait répartir un budget annuel de déplacement de cinquante mille francs pour les colloques entre tous les enseignants, alors que l’expérience passée m’avait montré que cette somme était à peine suffisante pour mes propres déplacements ! Heureux temps !

De ce congrès, organisé dans la campagne au sud de Stockholm à la fin de l’automne par le patronat suédois, je retins la très forte expertise des Suédois dans le domaine du marketing industriel et l’aspect magique de la silencieuse forêt suédoise enneigée et éclairée par la lune dés 17 heures, voire 16 heures, où l’on n’entendait que le craquement de la neige sous ses pas…

 

À cet automne heureux allait succéder un hiver tragique.

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GOOD KILL

3 Mai 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

GOOD KILL

GOOD KILL OU BAD MURDER?

 

Hier soir, nous sommes allés voir le film Good Kill.

 

Je ne vais pas en profiter pour faire de ce blog une critique cinématographique dans la mesure où la valeur artistique, assez moyenne à mon avis, de ce film ne m’intéresse pas.

Certes, le réalisateur Andrew Nicoll est bien connu. Il a déjà réalisé Bienvenue à Gattaca en 1997, Lord of War en 2005. Les acteurs sont de qualité, que ce soient Ethan Hawke, Bruce Greenwood, Zoë Kravitz ou January Jones, mais la dramaturgie du film est simple : un aviateur qui se retrouve derrière une console pour tuer à distance des « ennemis » qui lui sont désignés par la CIA. Alors, cela  engendre chez lui un état dépressif, tout d’abord parce qu’il ne vole plus et qu’il réalise, assez lentement à mon avis, qu’il est tout simplement en train de commettre des assassinats sur commande. Du coup, il boit et son ménage va mal.

On le comprend mais à sa place j’aurai simplement refusé de faire ce boulot, ce qui évidemment aurait réduit la durée du film !

L’intérêt du film est tout d’abord visuel. Le spectateur est éberlué par la qualité des images dont disposent les opérateurs militaires, installés dans des containers climatisés au milieu d’une base aérienne proche de Las Vegas, images grâce auxquelles ils peuvent suivre tous les faits et gestes, voire les expressions, des personnes qu’ils observent et qu’ils vont le plus souvent assassiner en quelques secondes, dix secondes s’écoulant exactement entre la décision de tuer et la mort.

Une fois cette prise de conscience opérée, c’est l’indignation qui m’a suffoqué. Voilà des gens, avec leurs états d’âme c’est entendu, qui assassinent leurs prochains qu’ils voient, circonstance aggravante, mourir sous leurs yeux, simplement parce qu’un bureaucrate quelconque de la CIA installé à Langley, Virginie (très beau la Virginie, très vert, très calme) a décidé que ces gens étaient des ennemis des USA, qu’ils représentaient un danger « immédiat » pour la « sécurité » du « peuple » américain !

Je mets tous ces mots entre guillemets parce qu’ils se discutent tous et que la question est là, dans le prétexte et l’arbitraire que ces mots charrient.

Alors, on peut s’intéresser aux états d’âme de l’assassin, mais c’est regarder le doigt qui montre la lune. C’est l’assassinat qu’il faut scruter. De quel droit, ces gens décident de tuer d’autres gens ? Dans le film, l’adjointe du commandant a une remarque de bon sens, avant de démissionner : « ce que vous faites, c’est sans fin ». Vous tuez des gens dont les proches vont chercher à se venger et que vous allez tuer aussi, provoquant de nouvelles vengeances. Où allez vous, les assassins ? Droit dans la haine, l’absurde, la mort.

Bravo le système américain. Et il va être dur à détruire, car lorsque le commandant sabote un ordre monstrueux (tirer sur les gens qui viennent dégager les corps), son supérieur le menace d’une enquête impitoyable de la CIA. On comprend bien que ces salauds qui sont directement impliqués dans ces assassinats feront tout pour ne pas être mis en accusation. Voyez leur acharnement contre Edward Snowden qui a révélé les pratiques d’espionnage massif et tous azimuts de l’administration américaine.

Que pouvons nous faire en France ? Sortir de l’Otan évidemment, mais pas facilement, après que Sarkozy nous y ait stupidement réintégré en 2009. Car les assassins dissimulés feront leur possible pour nous en empêcher et pour neutraliser ceux qui s’y risqueront, comme ils le feront pour tous ceux qui dénoncent leurs crimes.

 

Heureusement pour lui, Andrew Nicoll est célèbre, il a l’excuse de la création artistique et il est américain. Sinon, avoir commis ce film serait une raison bien suffisante pour que la CIA lui envoie un missile depuis un drone…

 

 

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L’ISLANDE, DU BLOCAGE RÉFÉRENDAIRE AU REJET DE L’UE

30 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L’ISLANDE, DU BLOCAGE RÉFÉRENDAIRE AU REJET DE L’UE

OLAFUR RAGNAR, LE PRÉSIDENT QUI NE VOULAIT PAS ÊTRE RÉÉLU

 

Donc les Islandais, par le biais de manifestations devant leur Parlement et de deux referenda, refusèrent d’être rançonnés par les créanciers internationaux, auxquels ils auraient dû verser, chacun, 100 euros par mois pendant huit années ! 

 

La crise financière de l'automne 2008 a déclenché un mouvement révolutionnaire non violent, appelé la révolution des casseroles, qui a  entrainé la chute du gouvernement dirigé par le Parti de l'indépendance, de droite. L'Alliance sociale-démocrate et le Mouvement des verts  formèrent un gouvernement de coalition intérimaire, avant de remporter une victoire historique lors des élections législatives d'avril 2009.

Dans leur programme figurait l’ ‘élection d'une assemblée constituante. Le 16 juin 2010, l’Althing, contre l’avis des partis de droite, adopta alors une loi constitutionnelle qui prévoyait l'élection d'une Assemblée Constituante formée de 25 représentants ayant pour mission de proposer des amendements à la Constitution du 17 juin 1944.

En octobre 2010, pour préparer le travail de l’Assemblée Constituante,  une Assemblée nationale de 1 000 personnes tirées au sort fut chargée de  produire un cahier des charges précisant les points qui devaient être traités par la nouvelle Constitution.

Parmi ces mille personnes, 522 candidats se présentèrent aux suffrages qui conduisirent à l'élection de quinze hommes et de dix femmes le 27 novembre 2010, avec une participation du corps électoral qui n’était que de 36%. Mais, le 26 janvier 2011, sur une plainte de trois membres du Parti de l'indépendance opposé au processus de révision de la Constitution, la Cour suprême d'Islande invalida l'élection des constituants en raison de plusieurs incertitudes concernant l'organisation et la confidentialité des votes.

La majorité élue passa outre et le 24 mars suivant, l’Althing  décida de confier à un Conseil constitutionnel constitué des personnes précisément élues le 27 novembre la mission de produire des recommandations pour une nouvelle constitution. Ce Conseil Constitutionnel de vingt cinq personnes, qui n’était plus formellement une  Assemblée Constituante, remit le 29 juillet 2011 ses recommandations à la présidente de l'Althing sous la forme d'un projet de constitution à soumettre au référendum populaire.

Le projet fut très mal reçu par la classe politique islandaise car les dispositions proposées leur étaient beaucoup moins favorables que le statu quo. Une consultation populaire fut prévue mais sa forme et son contenu firent l'objet de vifs débats. Finalement, le 20 octobre 2012, le référendum constitutionnel put se dérouler et confirma le soutien de la population aux réformes, avec une participation de 48,9% des inscrits.

Le gouvernement espérait obtenir un vote favorable de l'Althing sur le projet de réforme avant les élections du printemps 2013, sans quoi l'adoption de la nouvelle Constitution, qui devait être approuvée selon la Constitution islandaise de 1944 par deux législatures successives, serait retardée de quatre ans. Mais, en raison de l'obstruction des partis d'opposition, le projet ne put être soumis au vote du Parlement.

Or les élections législatives du 27 avril 2013 furent remportées par les deux partis d'opposition de centre droit, le Parti de l'indépendance et le Parti du progrès, ce qui entraîna la suspension sine die de la tentative de réforme constitutionnelle…

Le gouvernement de centre droit se concentra sur la remise en état de l’économie islandaise. Le secteur financier fut restructuré et l'économie repartit sur d'autres bases, avec le tourisme et la pêche comme piliers. Aujourd’hui, l'activité économique de l'Islande a dépassé son niveau d'avant la crise financière de 2008. Si la croissance économique a  légèrement diminué en 2014 après 3,6% en 2013, la banque centrale islandaise table sur une reprise forte en 2015, avec 4,2%.

Mais, au plan politique, l’Islande a fait récemment encore parlé d’elle. À son arrivée au pouvoir en 2013, le Premier ministre islandais David Gunnlaugsson avait prévenu de sa volonté d'interrompre le processus d'adhésion à l'UE et c’est chose faite depuis le 12 mars 2015.

Ce jour là, l'Islande a annoncé, décision rarissime pour l’UE, avoir retiré sa candidature à l'Union européenne, alors que le gouvernement de gauche, élu après la crise de 2008, avait déposé sa candidature pour protéger son économie des risques monétaires. Mais, dès son accession au pouvoir en avril 2013, les partis de centre droit avaient mis un terme aux discussions, en raison de la question des droits de pêche. La pêche est en effet redevenue un secteur essentiel de l'économie islandaise, puisque 42% des exportations islandaises en est issu. Or, l'entrée dans l'UE aurait signifié l'adoption de quotas de pêche plus restreints.

 

Ainsi, l’Islande a réussi à ne pas se charger de dettes mais a échoué dans sa réforme constitutionnelle et vient de renoncer à entrer dans l’Euro. Ce pays de trois cent milles âmes qui réussit à maintenir sa spécificité au milieu de neuf milliards d’êtres humains, doit donc conserver toute notre attention…

 

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LA PAIX SELON BONAPARTE

26 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA PAIX SELON BONAPARTE

LE TRAITÉ D'AMIENS SELON JULES ZIEGLER

 

Dans le cadre de ses efforts pour stabiliser la position de la France, Bonaparte essaie, au delà de la pacification religieuse, d’obtenir une paix qui permette à la France de digérer ses conquêtes en Europe.

 

Il n’y parviendra pas.

Pour contraindre l’Autriche à signer la paix, il commence par reprendre les hostilités en avril 1800. Les victoires qu’il engrange lui permettent d’obtenir les conditions de paix qu’il souhaite. En effet, après un succès initial des Autrichiens contre Masséna, la campagne de 1800 aboutit à leur retraite en Italie et en Allemagne. Un nouveau traité, remplaçant celui de Campo-Formio, est signé à Lunéville le 9 février 1801 qui permet à la France de contrôler la rive gauche du Rhin et une bonne partie de l’Italie, à l’exception de la Vénétie qui reste aux mains  de l’Autriche.

Le Premier Consul s’affaire ensuite à isoler l’Angleterre pour la contraindre à signer également un traité de paix.

La France obtient de l’Espagne, par le traité préliminaire de Saint Ildefonse (1er octobre 1800), la totalité de la Louisiane qu’elle revendra ensuite aux Etats-Unis tandis qu’en contrepartie le Grand Duché de Toscane est  remis au neveu du Roi d'Espagne. De plus, les troupes françaises sont autorisées à passer par l'Espagne pour obliger le Portugal à abandonner l'alliance anglaise.

En outre, la paix, signée à Florence le 28 mars 1801 avec le Royaume de Naples, oblige la Reine Caroline à fermer ses ports aux Anglais et à placer des garnisons à Tarente, Otrante, et Brindisi d’où il sera facile de faire partir une expédition pour renforcer l’armée d'Egypte. Bonaparte signe de plus un traité de paix avec les Etats-Unis et conclut des accords avec Alger, Tunis et Tripoli. Enfin, le Tsar Paul 1er, qui avait retiré ses troupes de la deuxième coalition après la prise de Zurich par Masséna, se détache de l'Angleterre qu'il accuse d'arraisonner illégalement ses navires et fonde avec la Suède, le Danemark et la Prusse, la Ligue des Neutres.

D’ailleurs, la paix, ou au moins une trêve, faisait aussi l’affaire de l'Angleterre qui, tout en conservant la maîtrise des mers, n'avait plus d'alliés susceptibles de se battre en Europe après le traité de Lunéville et voyait sa production industrielle anglaise souffrir du manque de marchés.

Aussi, les deux belligérants aboutirent au traité d'Amiens. À la suite des articles préliminaires signés à Londres le 1er octobre 1801, un traité « définitif » de paix fut signé le 25 mars 1802 entre la République Française, sa majesté le Roi d'Espagne et des Indes et la République Batave d’une part et Sa Majesté le Roi du Royaume Uni de la Grande-Bretagne et d'Irlande d’autre part.

Le traité  prévoyait  la restitution des prisonniers et des colonies conquises par les forces britanniques à l'exception de l'île de la Trinité et des possessions hollandaises dans l'île de Ceylan. L’île de Malte devait être rendu à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et les forces anglaises évacueraient tous les ports et îles qu'elles occupaient dans la Méditerranée ou dans l'Adriatique. En contrepartie, la France reconnaissait la souveraineté de la Turquie sur l’Egypte, et les troupes françaises évacuaient le royaume de Naples et l'État romain.

 

Les peuples espéraient une paix durable mais Bonaparte se refusa au traité de commerce que l’Angleterre espérait et continua à étendre son influence et sa souveraineté en Hollande, en Allemagne, en Suisse et en Italie. Le 26 août 1802, la France annexait l’île d’Elbe ; le 11 septembre, le Piémont, annexé à son tour, était organisé en quatre départements et le 9 octobre 1802, les troupes françaises entrent dans le duché de Parme. Pour couronner le tout, Decaen partait en mars 1803 tenter de reconquérir les comptoirs français des Indes.

En Allemagne, Bonaparte demanda à la Diète du Saint Empire Romain Germanique de remanier la carte politique de l’Allemagne qui aboutit à dissoudre en mars 1803 cent douze États et toutes les principautés ecclésiastiques, sauf une.

Le 1er Consul contraignit la Suisse, par un acte de médiation octroyé le 19 février 1803, à se transformer en Confédération Helvétique.

Pour couronner le tout, Decaen partait en mars 1803 avec une flotte pour tenter de reconquérir les comptoirs français des Indes.

Dans ce conditions, la paix avec le Royaume-Uni apparaissait pour ce dernier comme une forme de capitulation devant l’appétit territorial de Napoléon qui ressemblait beaucoup, un siècle et demi plus tard, à la politique agressive dite «  des réunions » pratiquée par Louis XIV.

 

Il est remarquable que l’opinion française, sans cesse invitée par ailleurs à battre sa coulpe, ne soit jamais alertée sur les menées impérialistes de ces deux « grands » chefs d’État, Napoléon et Louis XIV, qui ont largement contribué à donner une image négative de la politique française en Europe. Une histoire ancienne sans doute, mais dont on retrouve les excroissances dans le comportement arrogant de nos dirigeants actuels…

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LA CRISE FINANCIÈRE ISLANDAISE

22 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA CRISE FINANCIÈRE ISLANDAISE

L'AVENTURE MORTIFÈRE D'ICESAVE

Le déroulement de la crise islandaise est particulièrement instructif, puisqu’il a été résolu par un processus politique fondé sur une révolte populaire.

 

En 2007, les quatre principales banques du pays avaient une dette extérieure de plus 100 milliards de dollars US correspondant à sept fois le PIB de l’Islande ou encore à 300 000$ par habitant !

Comme le marché financier domestique était très restreint, les banques islandaises avaient en effet financé leur expansion par des dépôts hors Islande et avec des emprunts sur le marché interbancaire. De leur côté, saisis par l’euphorie, les Islandais avaient contracté une forte dette privée, équivalente à 213 % du revenu disponible du pays, ce qui a engendré une inflation de 14 % en 2007-2008, incitant à son tour la Banque centrale d'Islande a maintenir des taux d'intérêt élevés, ce qui, par un effet de ricochet, avait encouragé les investisseurs étrangers à déposer des avoirs en couronne islandaise ce qui a accru exagérément la masse monétaire islandaise.

À ce stade, nous ne pouvons que faire le parallèle, toute proportion gardée, avec la politique actuelle de la BCE qui a décidé d’injecter 60 milliards d’Euros par mois jusqu’en septembre 2016 dans les économies de la zone Euro alors que la croissance est très faible. En agissant ainsi, la BCE provoque sciemment la formation d’une bulle financière qui finira par exploser, ruinant nombre d’acteurs économiques et financiers. 

En Islande en tout cas, s’était installé en 2008 une situation de bulle financière que naturellement personne ne voulait voir puisque personne n’y avait intérêt. Et, comme en Grèce actuellement, les banques islandaises avaient de plus en plus de difficultés à se refinancer sur le marché interbancaire, les créditeurs exigeant d’être payés alors qu’elles n’étaient plus en mesure d'obtenir de nouveaux emprunts. De plus, et à la différence cette fois de la Grèce, ces banques ne pouvaient pas demander de l'aide à leur banque centrale, en tant que prêteur de dernier recours, car leur bilan cumulé était beaucoup plus important que le PIB islandais.

C’est ainsi que les banques islandaises furent acculées au dépôt de bilan et nationalisées fin septembre 2008.

Les effets sur l’Islande furent dévastateurs : entre janvier et octobre 2008, la couronne islandaise perdit près de 50 % se sa valeur face à l'euro et la hausse des prix atteignit 14 %. Arrivant après la bataille, les quatre agences de notation abaissèrent comme un seul homme la notation financière de l’Islande de A+ à BBB-. La belle affaire ! On se demande à quoi servent ces agences, en tout cas pas à prévoir les évènements financiers.

Stupéfaite, la population découvrit le désastre. Des manifestations eurent lieu régulièrement devant le Parlement pour exiger la démission du gouvernement et du directeur de la Banque Centrale, ainsi que l’organisation d’élections anticipées.

Pendant ce temps, Icesave, une filiale de la banque privée Landsbanki  désormais nationalisée, avait « suspendu » ses trois cent mille comptes bancaires le 7 octobre 2008, provoquant la panique non seulement des clients de la banque mais également de l'ensemble des marchés financiers.

Le gouvernement anglais, apprenant que les Islandais bénéficieraient  de la priorité du remboursement de leur créance, n’hésita pas à faire classer Icesave comme une organisation terroriste afin de bloquer les avoirs de sa branche britannique ! Comme quoi quelqu’un qui ne paie pas ses dettes relève du terrorisme pour son créancier ! Pour éviter une panique bancaire, les gouvernements britannique et néerlandais prirent l’initiative de rembourser les clients d’Icesave via leur propre fonds de garantie, tout en se retournant vers le gouvernement islandais pour se faire rembourser.

Des négociations commencèrent entre les trois pays afin de trouver un accord sur les modalités de remboursement. Le 28 août 2009, le parlement islandais votait, par 34 voix pour, 15 contre et 14 abstentions,  une loi permettant de rembourser au Royaume-Uni et aux Pays-Bas plus de 5 milliards de dollars correspondant à une partie des pertes d'Icesave. Puis le 30 décembre 2009, le Parlement islandais adopta une version encore plus contraignante pour l’Islande.

C’en était fait de l’Islande, comme de la Grèce, de l‘Irlande, du Portugal ou de l’Espagne : les Islandais allaient devoir se serrer la ceinture pour réparer les folies de leurs banquiers !

Mais c’était sans compter sur la volonté de la petite population islandaise, moins nombreuse pourtant que celle de la ville de Nice. Le Président de la République Islandaise refusa de promulguer la loi et décida de la soumettre à un referendum qui eut lieu le 6 mars 2010 et qui rejeta, par 93,2% des votants, la loi de remboursement votée par le Parlement.

Avec une  remarquable obstination à obtempérer aux ordres des financiers, le parlement islandais remit ça l'année suivante : il approuva un nouvel accord, plus souple, permettant d'étaler les remboursements entre 2016 et 2046. Mais le peuple islandais était aussi obstiné que son Parlement. Soumis à referendum le 9 avril 2011, le nouvel accord fut rejeté  par encore 59,1 % des votants.

Mais la situation se débloqua bizarrement  le 2 septembre 2011, lorsque la maison mère d’Icesave, Landsbanki,  annonça qu'elle était finalement en mesure, grâce à la vente de ses actifs, de rembourser à terme les gouvernements britannique et néerlandais pour 8 milliards d'euros. C’était ce que Landsbanki affirmait pourtant depuis le début de la crise mais que les gouvernements britanniques et néerlandais, et l’UE qui les soutenaient mordicus, n’avaient pas voulu entendre pour obtenir encore plus et réduire à merci l’économie islandaise avant de l’intégrer à l’UE.

Fin de la crise financière islandaise, mais elle allait être suivie d’une crise politique.  

 

Moralité de ce second épisode : ne laissez pas les banques et leurs affiliés, Parlements et hommes politiques adeptes des solutions de facilité, vous imposer les solutions qui les arrangent et qui, accessoirement, vous ruinent, n’est ce pas mes amis grecs ? 

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COMMENÇONS PAR VIRER TOUS LES MANAGERS!

19 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

COMMENÇONS PAR VIRER TOUS LES MANAGERS!

L'ENTREPRISE OÙ TOUT LE MONDE EST MANAGER

 

Ce n’est pas un slogan révolutionnaire, mais le titre d’un article de Gary Hamel, qui dirige un cabinet de conseil en management à Chicago, dans la Harvard Business Review de décembre 2011. Il me permet de conclure la série de blogs que j’ai consacré à un management sans chefs et aux coopératives, qui, elles, manquent plutôt de capitaux.  

 

Tout le monde sera d’accord pour convenir que les managers coutent chers, dans les entreprises privées et publiques. Une question lancinante est d’évaluer leur rapport coût efficacité et vous avez vu que dés le début de cette série de blogs, j’ai épousé le point de vue des anarchistes qui considèrent qu’une société sans chefs est souhaitable et possible.

Cependant le management sert à coordonner les multiples activités dans une organisation pour parvenir à générer un produit ou service. Peut-on se passer du management tout en atteignant des niveaux élevés de coordination dans l’organisation?

Il est difficile d’imaginer une entreprise où personne n’a de chefs et où chacun prend ses responsabilités pour réaliser les tâches qu’il a à accomplir.  Une telle entreprise existe, Gary Hamel l’a rencontré, c’est Morning Star, un entreprise californienne qui est le plus grand transformateur de tomates dans le monde, traitant entre 25 et 30% des tomates  transformées chaque année aux Etats Unis. La société a été fondée en 1970 pour effectuer du transport de tomates par Chris Rufer, qui était alors étudiant en MBA à l’UCLA et qui est toujours le président de la société.

Aujourd’hui, Morning Star dispose de trois usines qui transforment le fruit selon les recettes spécifiques de ses centaines de clients. Elle produit aussi des tomates en boite pour les supermarchés, une société de transport qui achemine annuellement plus de 2 millions de tonnes de tomates et une entreprise qui gère la récolte.

Morning Star a connu une forte croissance au cours de ce dernier quart de siècle, s’est financée sur ses fonds propres et se considère comme le transformateur de tomates le plus efficient du monde. Bref, ca roule pour Morning Star, qui a, c’est le sujet de ce blog, un management tout à fait particulier, en fait sans managers !

Morning Star part du principe qu’elle constitue une société dans laquelle tous les membres de l’équipe sont des professionnels en autogestion, communicant et coordonnant leurs activités avec leurs collègues, clients, fournisseurs en l’absence de directive venant des autres. Pour mettre ce principe en application il y faut des règles ; En voici quelques unes :

1. Chaque employé de Morning star est responsable de la définition de sa mission qui décrit la façon dont il contribuera à l’objectif de l’entreprise «produire des produits avec des tomates» et de services  dont la qualité correspond aux attentes de la clientèle.

2. Chaque employé établit des accords annuels (des Colleague Letter of Outstanding ou CLOU) avec les personnes les plus concernées par son travail. Le CLOU est un plan d’exploitation pour remplir sa mission qui peut couvrir jusqu’à 30 domaines d’activité et qui explique clairement les indicateurs de performance pertinents. C’est le CLOU qui créé la structure, chaque personne à Morning star étant un entrepreneur dans un réseau d’engagements multilatéraux : « Ici personne n’est votre patron et tout le monde est votre patron ». De plus, les 23 Business Unit de Morning Star négocient également annuellement des accords client fournisseur entre elles, dans un processus CLOU semblable.

3. Chacun est autorisé directement à engager des dépenses : à Morning Star, il n’y a pas de service central d’achat ou de cadre supérieur qui doit valider les dépenses, n’importe qui peut émettre un ordre d’achat. L’autogestion s’étend aux décisions de dotation en personnel. Les collègues sont responsables d’initier un processus d’embauche quand ils se trouvent surchargés ou quand qu’il y a un  nouveau rôle à pourvoir.

4. Personne n’est forcé à entrer dans une boite. À Morning Star, les rôles ne sont pas définis afin que les salariés aient la possibilité de prendre des responsabilités plus grandes quand ils développent leurs compétences et acquièrent de l’expérience et chacun a le droit de suggérer des améliorations dans tous les domaines, si bien qu’il y a beaucoup d’innovation spontanée.

5. En l’absence de hiérarchie et absence de titres, il n’y a aucune échelle de carrière pour s’élever à Morning Star, mais certains collègues sont reconnus comme étant plus compétents que d’autres, et ces différences se reflètent dans les niveaux de rémunération. Pour aller de l’avant, un employé doit maîtriser de nouvelles compétences ou découvrir de nouvelles façons de servir ses collègues.

6. La liberté, clé de la réussite, suppose des règles afin qu’elle ne soit pas antinomique avec la coordination de tous.

Elle suppose des objectifs clairs, des données transparentes. De plus, bien que les employés soient libres de dépenser l’argent de l’entreprise, ils doivent constituer un dossier qui comprend le retour sur investissement et le calcul de la valeur actuelle. Ils sont également tenus de consulter leurs collègues. Chez Morning Star, les collègues ont beaucoup d’autorité, mais prennent rarement des décisions unilatérales.

Bien d’autres règles sont présentées et analysées par Gary Hamel, dont je mets l’article en annexe de ce blog. Retenons que l'organisation mise en place dans Morning Star permet d’éviter un des grands inconvénients du management classique, des dirigeants nommés par le haut, où les postes clés vont à ceux qui sont les plus politiquement habiles et non les plus compétents.

 

C’est vrai dans les entreprises comme en politique. Il est réjouissant d’observer une entreprise qui a réparti le management entre tous et qui en a tiré profit…

 

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L'ISLANDE

15 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer

L'ISLANDE

LA CARTOGRAPHIE DE L'ISLANDE

 

Loin de moi l’idée de faire de l’Islande un « modèle », mais simplement de rappeler à ceux qui prétendent détenir la « vérité » cette profonde pensée de Pascal : « vérité en deça des Pyrénées, erreur au-delà ».

 

En Europe, l’Euro et la domination des banques sont un fait acquis, « incontournable ». Toute objection à cet état de fait se heurte à la force de l’évidence qui se réfère à la mondialisation. Comment pourrions nous survivre dans la jungle de la mondialisation, soixante sept petit millions d’habitants  isolés au milieu de sept milliards, un pour cent de la population mondiale, une goutte d’eau et les banques qui ne nous préteraient plus ! Ne songez à aucun changement, juste à des efforts et à des réformes d’ajustement…

Et l’Islande alors? 320000 habitants, une monnaie, un pays en pleine croissance qui s’est sorti seul contre tous de la crise financière, qui vient de refuser d’entrer dans l’Union Européenne et qui prépare une révolution bancaire ?

C’est un cas particulier, Monsieur, rien de plus.

Entendu, c’est un cas particulier qu’il convient donc de regarder  de plus près, afin d’en percevoir quelles en sont les caractéristiques qui ne s’appliquent nulle part ailleurs.

L'Islande est une République, géographiquement plus proche de l’Amérique que de l’Europe à laquelle elle est rattachée  culturellement et historiquement. Elle a une superficie de 103 000 km2 et une population d'environ 320 000 habitants, ce qui en fait le pays le moins densément peuplé d’Europe (3 habitants au km2 contre 110 en France). En outre, chacun sait que sa capitale est Reykjavik qui, avec 120000 habitants, rassemble plus du tiers de la population de l’île.

C’est une île de forte activité volcanique et au climat très tempéré grâce à un courant chaud malgré les glaciers qui couvrent 10% de sa superficie, puisque sa température moyenne oscille autour de l’année entre -30 C en hiver et +130 C en été. Rien à voir avec le Canada tout proche ! Ce qui surprend quand on visite l'ile, c'est la quasi absence d'arbres (encore que des efforts de reboisements sont en cours), des arbres détruits au cours de l'histoire  par des incendies volontaires et par l'élevage des moutons. 

L’île a été colonisée par un groupe de Norvégiens en 874. Elle est devenue indépendante du Danemark le 1er décembre 1918, puis elle est devenue une République le 17 juin 1944.

L'Islande a été occupée par les troupes anglaises et américaines pendant la guerre 1940-1945. Ensuite, elle a grandement bénéficié du Plan Marshall, elle s’est industrialisée et a connu une forte croissance économique. Elle s’est enfin internationalisée en 1994 en adhérent à l'Espace économique européen en 1994. Puis, dans les années 2003-2007,  le secteur bancaire privatisé a fait de l’Islande une économie fondée sur les services financiers et les banques d'investissement. Elle devint alors l'un des pays comptablement les plus prospères du monde, son PIB par habitant atteignant en 2007 40000 euros par an, mias c'était une prospérité artificielle. 

Cet aspect artificiel n'empéchait pas le premier Ministre de l’époque, Geir Haarde, d'affirmer : « Notre plus grande fierté, c'est d'avoir amélioré le niveau de vie général de la population : depuis 1994, le revenu disponible moyen des ménages, après impôts, a augmenté de 75 % ! ».

Or ce niveau de vie pharamineux était totalement dépendant du secteur bancaire islandais qui avait connu dans les années 2000 une croissance sans précédent avec une capitalisation qui représentait plus de 10 fois le PNB de l'Islande  en 2003. Il s'était passé que les banques locales s’étaient lancées dans une politique d'endettement avec un effet de levier massif et qu'elles spéculaient sur des actifs de plus en plus risqués.

À ce titre, il est intéressant d’observer qu’un rapport du FMI notaot bien la taille « colossale » du secteur bancaire tout en estimant  « que cela soit mis en évidence comme facteur important de vulnérabilité à traiter d’urgence. »! Beau témoignage de lucidité !

Bien au contraire, les rapports du FMI restaient très optimistes : « Les perspectives à moyen terme de l’Islande restent enviables. Des marchés ouverts et souples, des institutions saines… ont permis à l’Islande de tirer parti des possibilités offertes par la mondialisation. »

Puis d’un coup vint la crise qui n'était pas liée, comme en Grèce, au désordre des finances publiques, mais qui provenait comme en Irlande du système bancaire et du gonflement des bilans des banques locales. Apparemment, personne ne s'y attendait. 

 

Vous voyez bien qu’au delà des spécificités islandaises, on peut déjà tirer quelques leçons moins locales, sur le risque bancaire ou sur la clairvoyance du FMI par exemple…

 

À SUIVRE

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LE CROCODILE QUI VOULAIT CROQUER LE DOCTORANT

10 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LE CROCODILE QUI VOULAIT CROQUER LE DOCTORANT

LES CAIMANS DE YAMOUSSOUKRO

 

Au printemps 1976, je savais ce qu’il me restait à faire. Logiquement, j’aurais dû m’y consacrer à cent pour cent. Mais les démons de la dispersion ne m’avaient pas quitté pour autant.

 

Il fallait m’investir dans l’Université du Troisiéme Age, qui marchait très fort. Naturellement, j’étais vivement sollicité pour la manager et je ne me voyais pas y renoncer au moment où elle connaissait un plein succès (voir mes blogs sur le sujet). J’imaginais de nouveaux programmes, j’organisais leur articulation, je donnais des interviews à la télévision régionale et jusqu’au journal Le Monde, je me faisais applaudir…

De plus, j’avais l’occasion unique de participer, après le Liban et la Syrie au congrès de l’Aupelf qui se tenait à Abidjan. C’était ma première incursion en Afrique : je me souviens encore de l’odeur de la forêt tropicale qui m’a aussitôt saisi et de la magnificence d’une ville d’Abidjan en plein boom, suffisamment active pour attirer des immigrants de tous les pays environnants. Nous sommes en plein « miracle ivoirien ».

Nous étions en mai 1976, dans un pays dirigé par Félix Houphouët-Boigny depuis l’indépendance en 1960 jusqu’en 1993, les congressistes se retrouvèrent à l’Hôtel Ivoire, une véritable ville avec ses jardins, ses piscines, ses restaurants et même, luxe suprême voire arrogant dans un pays tropical, sa patinoire.

Le pays était calme, les Ivoiriens sympathiquement directs et Houphouët ne reculait pas devant l’implantation d’une nouvelle capitale dans son village natal, à Yamoussoukro. Il y construisit un bel aéroport, un Institut Polytechnique et même une Basilique de béton et d’acier, Notre-Dame de la Paix, sur le plan de Saint-Pierre du Vatican.  Notre congrès se déroulait à Abidjan et à Yamoussoukro avec une incursion dans le nord de la Cote d’Ivoire, à Korhogo. 

De Yamoussoukro, je retiens la visite des incroyables immeubles construits au milieu de la jungle, le luxe  décalé des fauteuils en cuir rouge de l’Hôtel Président (il ne pouvait s’appeler autrement) et surtout les crocodiles de la réserve qui peuplent le lac entourant le Palais Présidentiel. Avec  les autres membres du congrès, dont Xavier Boisselier, je m’approchais du lac. Sur ses berges, une dizaine de crocodiles dormaient au soleil. Nous étions séparés d’eux de quelques dizaines de mètres et d’un mur d’une hauteur d’un mètre cinquante environ.

Pour faire le malin, je l’avoue, je descends sur la berge et je m’approche à une dizaine de mètres des sauriens. Mes collègues photographient la scène et je m’apprêtais à en faire de même pour le crocodile le plus proche lorsque je m’avisais que ce dernier commence à bouger dans ma direction. Je me retirais vivement, plus exactement je prenais mes jambes à mon cou. J’arrivais à temps au pied du mur (sinon je n’aurais pas eu le loisir d’écrire ce blog) suivi de prés par le crocodile qui se révéla plus véloce que moi et je sautais aussitôt sur le mur. Sauvé.

Cela n’a pas été le cas de tout le monde. Des années plus tard, le 20 aout 2012, dans des circonstances quasiment identiques, le gardien des crocodiles, pourtant expérimenté, Dicko Toké, s’est finalement fait dévorer par eux !

Mais pour ma part, l’aventure imprudente s’est bien terminée. Les spectateurs soulagés ont fini par éclater de rire, et je me souviens que Xavier Boisselier racontait encore l’anecdote des années plus tard. Après cet incident, nous sommes allés en petit avion jusqu’à Korhogo, aux frontières du Burkina Faso, avec ses usines d’égrenages de coton, ses unités de production de sucre à Ferkessédougou…et son eau minérale livrée par bateau et camion depuis Evian, à vingt fois le prix français !

Jamais je n’ai oublié la Côte d’Ivoire qui est restée le pays sub-saharien que je préfère, si bien que je suis très heureux que l’IAE de Nice, sur mon initiative et surtout grâce à l’action résolue de Mantiaba Coulibaly et du soutien de l’Université de Côte d’ivoire, vienne d’ouvrir un Master Marketing.

Avant cette incursion en Afrique, j’avais participé à d’intéressantes Journées nationales des I.A.E. de Bordeaux, fin avril 1976, où nous avions entendu les déclarations péremptoires de Raymond Barre, quatre mois avant qu’il ne devienne Premier Ministre de Valery Giscard d’Estaing qui le qualifia à l’occasion de « l’un des meilleurs économistes de France ». J’en profitais, avec mon camarade et ami, Jean-Jacques Desjardins, pour présenter une communication intitulée « Essai sur le choix optimal de la firme entre le marché interne et le marché d'exportation ». Ce fut par ailleurs un congrès mémorable à plusieurs égards. Jacques Lebraty nous fit savoir qu’il candidatait à la direction de l’IAE de Nice et les visites  et les activités autour du congrès restèrent dans la mémoire de tous les participants, en tout cas de la mienne…

 

J’avais donc présenté une communication de plus, mais la thèse dans tout cela ? l’histoire de cette thèse désormais correctement définie mais toujours esquivée, se poursuivait… 

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L'EMPRISE DU CAPITAL SUR LES COOPÉRATIVES

6 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

L'EMPRISE DU CAPITAL SUR LES COOPÉRATIVES

LES CAISSES DESJARDINS AU QUÉBEC

 

Il existe d’autres coopératives que celles de consommation ou agricoles, comme celles de commerçants, de crédit ou les coopératives ouvrières de production.

 

Les coopératives de commerçants sont nées du désir d’offrir des enseignes communes pour  fidéliser la clientèle et bénéficier de conditions plus intéressantes de la part des fournisseurs. Le problème majeur de ces structures est qu'elles acceptent des adhérents qui n'ont pas forcément les moyens ou les capacités de faire évoluer leurs propres magasins.

Les coopératives de crédit ont connu un développement très inégal d'un pays à l'autre, l’Allemagne, pays d'origine des caisses de crédit mutuel, rassemblant 3 000 coopératives de crédit et 11,4 millions de sociétaires. Mais les Caisses Desjardins constituent  le premier employeur privé du Québec. En France, le Crédit agricole, comme le Crédit mutuel, restent des collecteurs importants de l'épargne populaire et disposent de ressources peu coûteuses. Contrairement au reste du mouvement coopératif, le problème principal des banques coopératives est non pas une insuffisance de fonds propres, mais le risque de banalisation.

Les sociétés coopératives ouvrières de production (S.C.O.P.) constituent la branche la plus symbolique du mouvement coopératif, mais sans doute la moins importante en chiffres, sauf en Italie et en Espagne. Si tous les indicateurs montrent que les S.C.O.P. bénéficient d’une active  participation de leur personnel à la gestion, ces dernières ont tendance à disparaître par insuffisance des fonds propres, même si de petites entreprises choisissent ce statut dans les activités innovantes où la faible taille et le niveau élevé de qualification permettent plus facilement un fonctionnement « entre égaux ».

Ainsi, la prospérité du mouvement coopératif diffère avec les branches, les plus prospères étant celles où l'organisation coopérative apporte une valorisation du patrimoine personnel des adhérents, comme les coopératives de commerçants.  Inversement, la croissance de la taille de l'outil de production, comme dans les coopératives de consommation ou de production obligent les adhérents, qui y rechignent, à financer l'expansion d'un outil dont ils ne tireront qu'un profit indirect et aléatoire. C’est alors que se développent des comportements de « passager clandestin » dans l’attente que d’autres fourniront les fonds nécessaires, au risque de voir des logiques contradictoires entrer en conflit, les intérêts des apporteurs extérieurs de capitaux entrer en conflit avec ceux des coopérateurs.

Si les coopératives n’ont pas rencontré le succès foudroyant qu’attendaient les contemporains de Robert Owen, ce n’est pas que le management collectivisé se soit révélé moins efficace que le management personnalisé, mais c’est plutôt que la nécessité d’investir en permanence dans l’entreprise ne rencontre pas l’intérêt à plus court terme du coopérateur, généralement peu fortuné, qui souhaite bénéficier rapidement des revenus générés par la coopérative. Ainsi la logique coopérative qui doit permettre à ses membres d’échapper à l’exploitation capitaliste subit-elle souvent une loi d’airain de l’entrepreneur : investir ou périr.

 

Le management des entreprises n’a t-il donc aucune importance, le montant des investissements assurant seul le succès ou l’échec ? 

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