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Le blog d'André Boyer

RETOUR PRÉMATURÉ À DAKAR

21 Décembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

RETOUR PRÉMATURÉ À DAKAR

Depuis Bamako, tout proche, mais enfin plus loin que Nice de Paris, le retour en avion jusqu’à Dakar se fit sans encombre, ce qui me donne l’occasion d’évoquer un autre retour.

 

En septembre 1981, je fis un retour prématuré à Dakar, par la « faute » de la FNEGE qui m’avait chargée d’une première mission, avant la longue série d’aventures que nous partageâmes ensuite ensemble. 

Le secrétaire général d’alors, Jean-Claude Cuzzi, un ami que je salue s’il me lit, m’avait chargé d’un rapport destiné à la Banque Mondiale sur la Senelec, la Société nationale d’électricité du Sénégal. 

Pour faire l’étude et le rapport, il me fallut revenir quinze jours avant les autres coopérants, d’où le terme « prématuré » que j’ai utilisé. Sortant de l’avion, je pris un taxi (pas de collègues pour venir me chercher) pour les résidences de l’Université réservées aux enseignants (surtout des coopérants), en face de la Cité Paul Claudel, pour sa part réservée aux étudiantes. 

Lorsque je sortis du taxi devant l’immeuble où j’habitais et qui étais absolument vide à cette période estivale, j’entendis le bruit d’une cascade. 

Je levais la tête et je vis un ruisseau qui s’écoulait du toit, ou plus exactement des réservoirs d’eau qui se trouvaient sur le toit de mon immeuble. Puis je vis que la façade, qui venait d’être repeinte  dans un blanc éclatant, était balafrée de trainées jaunes qui provenaient certainement des litres, je veux dire des tonnes d’eau qui s’étaient répandues sur les murs. 

Une fois revenu de ma surprise, je m’adressai au gardien en lui demandant des explications. Pourquoi toute cette eau s’écoulait du toit ? Pourquoi personne n’avait réparé ? Est ce que cet écoulement durait depuis longtemps ? Je n’obtins que des réponses incompréhensibles pour moi, d’autant plus qu’il parlait plus wolof que français. 

Je mis en marche (miracle, la batterie fonctionnait) notre vieille 104 et prit le chemin des ateliers généraux de l’Université. Par chance je trouvais un chef d’atelier présent et je ne parvins pas à comprendre s’il était au courant ou non du problème (j’aurais juré qu’il le savait et qu’il avait laissé courir). Après quelques questions, je décidais de l’emmener avec moi jusqu’à la « cascade ». Une fois arrivé, sa réaction fut stupéfiante, je l’ai encore dans les oreilles.

Le chef regarda d’abord la cascade puis le gardien et lui dit en français et pas en wolof : « ferme le robinet ». Le gardien s’exécuta aussitôt, ce qui ne lui prit que quelques secondes. Il ferma donc le robinet et l’eau, au bout d’un bref instant car les réservoirs étaient quasiment vides, s’arrêta de couler. 

Ce qui me frappa le plus, c’est que le silence revint. 

Il me restait à ramener le chef à ses ateliers, tout en le remerciant chaleureusement de son efficace intervention…

De cette affaire, il faut déduire que l’écoulement de l’eau qui datait d’au moins un mois, aurait pu être stoppé instantanément. Mais cela n’a pas été le cas. 

Vous me direz que le gardien a manqué d’initiative, mais si vous connaissez Dakar, vous ne croyez pas que tout le quartier, sinon toute la ville savait que l’eau coulait ? 

Et donc le chef d’atelier aussi. 

Pourtant il n’a rien fait, parce que les toubabs (les européens) n’étaient pas là et donc que c’était le moment d’un juste repos. Il aurait surement fait réparer le réservoir la veille prévue de leur arrivée. 

Mais catastrophe, j’étais arrivé quinze jours auparavant et il allait devoir régler le problème de manière prématurée. Le gaspillage d’eau à Dakar, des centaines de mètres cubes, le coût facturé à l’université, la réparation de la façade, tout cela n’était pas suffisant pour qu’il se décide à agir. 

 

Je vous laisse tirer vous même les leçons de cette histoire et pour vous laisser le temps de réfléchir, je vous dirais la prochaine fois quels furent les résultats de mon investigation sur la Senelec… 

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