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Le blog d'André Boyer

À ALGER, DES CONTRADICTIONS, DES TENSIONS

5 Mai 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

L'HÔTEL EL DJEZAÏR À ALGER

L'HÔTEL EL DJEZAÏR À ALGER

J’étais donc chargé de mettre en place, dans le cadre du CNAT, un cycle de formation à la gestion destiné à un groupe d’ingénieurs rattachés au Ministère de l’Équipement algérien. Une expérience très formatrice, pour moi en tout cas.

 

J’ai commencé par le processus d’obtention du visa algérien, payant et bien bureaucratisé ; heureusement, le Consulat et la résidence même du Consul se trouvaient être mes voisins. Puis je me suis rendu sans difficulté à Alger, où j’ai été logé dans l’un des meilleurs hôtels de la ville, l’Hôtel El Djezaïr, l’ancien Hôtel Saint-Georges, qui a abrité toutes les célébrités de passage à Alger depuis des décennies.

Nous étions en 1988, trois ans avant le début de la guerre civile, sous la présidence de Chadli Bedjedid. L’hôtel était déjà très protégé, avec des contrôles stricts à l’entrée et de nombreux véhicules militaires sur son parking.

On ressentait donc une certaine tension.

La réunion préalable à l’organisation de la formation mobilisa de nombreux responsables, surtout administratifs mais aussi politiques, au premier rang desquels nous vimes le Ministre de l’Équipement. On convint d’une direction bicéphale, lourde d’ambiguïté et donc de conflits.

D’un côté, un responsable du CNAT était chargé de la mobilisation des cadres destinés à être formés et je savais que ce n’était pas facile de les distraire de leurs tâches quotidiennes alors qu’ils intervenaient sur tout le territoire algérien. Il était aussi chargé de l’organisation matérielle des cours et de l’assistance aux enseignants étrangers envoyés à Alger. D’un autre côté, j’étais chargé de l’organisation pédagogique du programme, de l’encadrement des enseignants et de la délivrance du diplôme.

Tout cela se mit en place sans précipitation excessive de part et d’autre, d’autant plus que notre réunion se tint avant le Ramadan qui débuta le 7 avril, il y eut ensuite une courte période avant les vacances d’été peu propices au démarrage de la formation et nous commençâmes les  cours en octobre 1989.

Tous les professeurs que nous avions sollicités n’étaient pas enthousiastes pour venir donner des cours à Alger, surtout en raison du sentiment d’insécurité diffus qui régnait dans la ville. Certains se désistèrent et furent remplacés par de plus courageux comme Jean-Marie Peretti, ce qui fut à l’origine d’une amitié durable. D’autres, intrépides, comme Michel Kalika, n’hésitèrent pas à se transformer en preux chevaliers de l’économie de marché et du capitalisme provoquant un incident tragi-comique avec la « partie » algérienne comme on disait.

Alors que ce dernier  développait une étude de cas comme il en a le secret sur la stratégie d’une grande entreprise capitaliste, je crois qu’il s’agissait de Total,   ce qui heurtait la sensibilité de cadres qui étaient tous plus ou moins passés  par la grande entreprise nationale algérienne qu’est la Sonatrach, ces cadres déclarèrent qu’ils étaient contre le capitalisme et que par conséquent ils ne voulaient plus rien entendre sur ce sujet et refusaient tout de go de passer l’examen relatif à cette matière.

Lorsque mon homologue algérien me fit part de cette révolte, je lui fis remarquer que tout le programme, à la demande des autorités algériennes, était conçu pour initier à l’économie de marché les cadres sélectionnés pour la formation. Aussi, s’il approuvait la position des stagiaires, il convenait d’en prendre acte pour demander au Ministre de mettre fin à la formation pour cause d’incompatibilité idéologique de ses propres cadres avec le sujet qu’il avait lui-même initié.

À vrai dire, si les responsables algériens en assumaient la responsabilité, je n’aurais pas été fâché de devoir stopper le programme en cours de route alors que j’étais sollicité par deux autres programmes que je mettais en place en même temps, en Bulgarie et en Chine.  

Mais mon attente fut déçue, car ma position ferme mit définitivement fin à cette rébellion idéologique de façade et les stagiaires acceptèrent, de bonne grâce semble t-il, de reprendre la formation et de se prêter à l’examen organisé par Michel Kalika.

 

D’autres incidents, tout aussi spécifiques à la comédie de boulevard que mettaient ensemble en scène les autorités françaises et algériennes à un niveau souvent subalterne,  m’attendaient avant la fin du programme.

 

À SUIVRE

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N
Quelle idée? Michel Kalika, un grand défenseur du ultra libéralisme et de tous ses aspects et surtout des appels d’offres publics
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A
Bien entendu, mon récit est destiné à tous. <br /> Amitiés, <br /> André