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Le blog d'André Boyer

Une démocratie de carton-pâte

10 Octobre 2009 Publié dans #HISTOIRE

 

Le 21 septembre dernier, j’ai publié un article intitulé « la peur comme principe de gouvernement » dans la série que je consacre au fonctionnement oligarchique de la société française. C’est en effet un principe très largement appliqué que d’utiliser la peur pour contraindre les foules à se laisser conduire là où les gouvernants le souhaitent, y compris parfois jusqu’à la mort. Un autre principe consiste à brandir haut l’oriflamme de la démocratie, tout en ne laissant aucun véritable choix aux électeurs.
C’est ainsi qu’à l’orée de l’élection présidentielle de 2007, l’alternative offerte aux électeurs français se réduisait au choix alternatif de personnages politiques qui partagent tous ce qu’ils appellent la même vision « républicaine » du pays. Cela signifie qu’aucune décision prise par l’un n’est jamais remise en cause par l’autre, comme les dénationalisations, accomplies aussi bien par les gouvernements dits de « droite » que de « gauche » ou les impôts et prélèvements  sociaux sans cesse alourdis par la gauche et jamais remis en cause par la « droite » une fois au pouvoir. Aujourd’hui la situation est encore pire, l’effort du Président de la République actuel consistant à gommer la frontière entre la droite et la gauche en prenant en otage les personnalités de gauche et en s’emparant des thèmes politiques à la mode. À fortiori les grands choix imposés du dehors à la société française comme la construction européenne ou l’installation d’une population immigrée que les  postulats spécifiques à l’État français comme l’importance de la fonction publique ou l’organisation des systèmes éducatif et judiciaire ne sont jamais remis en cause par la classe politique qui s’est succédé au pouvoir depuis des décennies.
Les représentants de l’oligarchie soutiennent que leur consensus est tout naturel, qu’il n’est qu’une simple question de bon sens, même si la majorité de la population ne partage pas leur avis. Or l’extraordinaire dispersion des voix et le fort taux abstention au premier tour de l’élection présidentielle de 2002 a montré qu’une majorité se refuse à adhérer aux options prises par le personnel politique aux affaires. De plus la propagande médiatisée est impuissante à renverser le mouvement de défiance envers la classe dirigeante comme l’a révélé le hiatus qui s’est formé entre les cinquante-cinq pour cent de votants qui se sont prononcés contre le projet de constitution européenne en mai 2005 et la quasi-unanimité de la classe politique qui le soutenait mordicus. Certes, le système électoral cousu main pour que l’oligarchie se maintienne au pouvoir permet d’obtenir des majorités électorales mais elle n’a pas d’effet sur l’opinion profonde des citoyens, une opinion fondée sur leur propre expérience de vie.
Peut-on donc avancer que l’élite française conduit, malgré lui, le peuple vers un avenir raisonnable ? l’adhésion du peuple français semble pourtant nécessaire pour que le pays consente les efforts nécessaires à son adaptation à la nouvelle donne mondiale, tant il nécessite de bouleversements. Pour obtenir ce consensus, un débat s’impose sur l’ensemble des principes et des structures qui définissent le système français, un débat qui n’a lieu que très rarement, en général lors des campagnes présidentielles et à condition que les candidats estiment qu’il leur faille faire bouger les lignes idéologiques pour l’emporter. En 2002, le débat a été escamoté par le second tout Chirac Le Pen, qui a permis de rassembler artificiellement les quatre cinquièmes de la population autour des « valeurs républicaines ».  D’une façon générale, il ne faut pas compter sur les classes dirigeantes françaises pour l’aborder dans la mesure ou leur pouvoir est intimement lié à la survie de ces mêmes principes et structures. C’est ainsi qu’imperturbablement les porte-voix de l’oligarchie affirment que les services publics français comptent parmi les meilleurs du monde mais qu’il faut tout privatiser, qu’ils accroissent sans cesse la fiscalité tout en affirmant qu’elle a atteint un niveau  maximum, qu’ils accroissent sans cesse la charge de la dette publique tout en proclamant qu’ils souhaitent réguler l’économie française. Au final, la population paye dans sa vie quotidienne les conséquences des contradictions qui s’accumulent et l’écart de vitesse entre l’évolution de la société française et celle du monde devient de plus en plus élevé. Le diagnostic est  que la fermeture du système politique empêche la formation d’un consensus sur les objectifs de la société et qu’elle interdit toute mobilisation collective pour permettre à la France de s’adapter aux changements du monde. 
Finalement, comment expliquer que les Français ne soient pas dirigés par des hommes politiques qualifiés pour résoudre les difficultés de la société française et raisonnablement contrôlables et interchangeables? Pour éclaircir cette spécificité nationale au sein des démocraties occidentales, il nous reste à intégrer le rôle de l’idéologie forgée pat l’oligarchie française afin de se maintenir au pouvoir.

 

 

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B
<br /> En effet, c'est une monarchie élective, qui se veut encore plus autoritaire qu'une vraie monarchie!<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> <br /> Cette "Monarchie " éléctive est instauré depuis 2002. Encore une fois l'oligarchie se renforce, une "prise de guerre clanique et familiale"..........<br /> Coluche manque aujourd'hui à la France!<br /> <br /> <br /> <br />
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