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Le blog d'André Boyer

histoire

L'opinion publique grondait...

16 Octobre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

L'opinion publique grondait...

LE PAPE PIE VI

On pourrait imaginer que les citoyens ont voté en masse durant la Révolution que nous ont vendu les idéologues qui nous gouvernent.

Il n’en fut rien.

Le scrutin était parfois censitaire, parfois universel. La participation varia entre cinq et vingt pour cent selon les scrutins et les lieux. Avec le temps, elle fut constamment décroissante. Globalement, on peut retenir, sans grande erreur, une participation moyenne de dix pour cent pour les élections en France pendant la Révolution.

Il faut lire par exemple l‘article de Maurice Genty, « les élections municipales à Paris sous le Directoire » (numéro 391 des Annales Historiques de la Révolution Française) pour comprendre l’absence totale d’ambiance démocratique qui présidait à ces élections et le découragement rageur des électeurs.

Car si les trois Directeurs avaient fait ce que l’armée et les faubourgs attendaient d’eux, la majorité des électeurs se voyaient une nouvelle fois floués. Il y eut des changements de personnel. Merlin et François remplacèrent Carnot et Barthélemy au Directoire et devancèrent les candidatures de Masséna et Augereau, ce qui fait que le Directoire crût nécessaire d’éloigner Augereau, sous couvert de le récompenser par le commandement de l'armée d’Allemagne. Sieyès prit la présidence du Conseil des généraux.

Le coup d'État de Fructidor confirmait qu’il était désormais normal et naturel pour les politiciens de ce nouveau régime politique instauré une fois de plus de force, de bafouer et de violer la Constitution, la Loi et la Souveraineté de la Nation. On voyait désormais des conseils délibérants sous la menace des soldats, des généraux appelés à se prononcer, des élus déportés, la presse supprimée.

Comme par hasard, le Directoire basculait dans la dictature alors qu’il penchait vers les Jacobins. L’un et l’autre allaient ensemble. Une nouvelle vague anti-royaliste, anti-émigrés et anticléricale se propageait. On procéda à des déportations massives de prêtres, et l’on s’essaya au « culte décadaire ». Quelque mille cinq cent prêtres français et huit mille prêtres belges furent touchés par cette répression. Certains furent déportés en Guyane, d'autres furent libérés par la flotte anglaise durant leur transfert, mais la grande majorité connut une effroyable captivité à l'île de Ré ou à Rochefort.

En outre, le 20 janvier 1798 le général Berthier occupait Rome et enlevait le Pape Pie VI pour le déporter à Florence, avant de le transférer à Valence où il mourut.

Pie VI avait eu en effet le courage de s’élever contre la condamnation et l’exécution de Louis XVI, et il paya de sa vie ce courage. Je ne résiste pas à la tentation de vous livrer un extrait du discours, un discours que l’on devrait faire connaître si l’on veut avoir un regard non partisan sur la Terreur et le Directoire, que le Pape avait prononcé à la suite de la décapitation (déjà !) du Roi Louis XVI :

« Les philosophes effrénés entreprennent de briser les liens qui unissent tous les hommes entre eux, qui les attachent aux Souverains et les contiennent dans le devoir. Ils disent et répètent jusqu’à satiété que l’homme naît libre et qu’il n’est soumis à l’autorité de personne. Ils représentent, en conséquence, la Société comme un amas d’idiots dont la stupidité se prosterne devant les prêtres et devant les rois qui les oppriment, de sorte que l’accord entre le Sacerdoce et l’Empire n’est autre chose qu’une barbare conjuration contre la liberté naturelle de l’homme. Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot fameux et trompeur de liberté cet autre nom d’égalité qui ne l’est pas moins. Comme si entre des hommes qui sont réunis en société et qui ont des dispositions intellectuelles si différentes, des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de leur cupidité individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunît la force et l’autorité nécessaires pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s’en écartent, afin que la Société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit précipitée dans l’anarchie et ne tombe pas en dissolution. »

 

La pensée de Pie VI peut encore s’appliquer à nos contemporains !

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Le Directoire franchit le Rubicon

30 Septembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Le Directoire franchit le Rubicon

Paul Barras

Ce 3 septembre 1796, le Directoire franchit le Rubicon.

À quatre heures de l'après-midi, Barras prit Rewbell et La Révellière-Lépeaux à part, et leur dit qu'il fallait frapper la nuit même, pour prévenir l'ennemi…

Dans la soirée, on rédigea des proclamations annonçant qu'un grand complot avait été formé contre la république qui furent imprimées sur-le-champ et affichées dans la nuit sur les murs de Paris.

Vers minuit, Augereau disposa toutes les troupes de la garnison, avec une artillerie nombreuse, autour du Palais Législatif. Mais nombre de députés, avertis, voulurent se rendre à leur poste le lendemain, en se présentant, leurs présidents en tête, aux portes du Palais Législatif.

Vers onze heures, le groupe des députés traversa en silence la foule amassée sur le Carrousel et se présenta aux portes des Tuileries. On leur en refusa l'entrée et ils furent dispersés. Un certain nombre d’entre eux furent arrêtés et conduits au Temple. :

Les députés restants délibérèrent sous la surveillance de l'armée. Sous la contrainte militaire, ils durent « corriger » les élections dans quarante-neuf départements, ce qui leur permit d’éliminer cent quarante députés. Les élections aux administrations locales furent cassées dans cinquante-trois départements et remplacées par des nominations. Quarante-deux journaux furent supprimés et les lois contre les immigrés et les prêtres réfractaires furent remises en vigueur.

En outre, soixante-cinq « fructidorisés » furent condamnés, sans jugement, à la déportation, parmi lesquels figuraient les Directeurs Carnot et Barthélemy, les généraux Pichegru et Miranda, onze membres des Cinq-Cents et quarante-deux des Anciens. Huit y moururent parmi eux, les autres s’échappèrent et rentrèrent, qui en France, comme Pichegru et Barthélemy, qui en Suisse comme Carnot.

« À ces dispositions contre les individus, on en ajouta d'autres, pour renforcer l'autorité du directoire, et rétablir les lois révolutionnaires que les
généraux avaient abolies ou modifiées. Ainsi le directoire avait la nomination de tous les juges et
magistrats municipaux, dont l'élection était annulée dans quarante-huit départements.

« Quant aux places de
députés, elles restaient vacantes. Les articles de la fameuse loi du 3 brumaire, qui avaient été rapportés,
étaient remis en vigueur, et même étendus. Les parents d'émigrés, exclus par cette loi des fonctions
publiques jusqu'à la paix, en étaient exclus, par la loi nouvelle, jusqu'au terme de quatre ans après la paix;
ils étaient privés en outre des fonctions électorales. Les émigrés, rentrés sous prétexte de demander leur
radiation, devaient sortir sous vingt-quatre heures des communes dans lesquelles ils se trouvaient, et sous
quinze jours du territoire. Ceux d'entre eux qui seraient saisis en contravention devaient subir
l'application des lois sous vingt-quatre heures. Les lois qui rappelaient les prêtres déportés, qui les
dispensaient du serment et les obligeaient à une simple déclaration, étaient rapportées. Toutes les lois sur
la police des cultes étaient rétablies. Le directoire avait la faculté de déporter, sur un simple arrêté, les
prêtres qu'il saurait se mal conduire.

«  Quant aux journaux, il avait à l'avenir la faculté de supprimer ceux
qui lui paraîtraient dangereux. Les sociétés politiques, c'est-à-dire les clubs, étaient rétablies; mais le
Directoire était armé contre eux de la même puissance qu'on lui donnait contre les journaux ; il pouvait les
fermer à volonté.

« Enfin, ce qui n'était pas moins important que tout le reste, l'organisation de la garde
nationale était suspendue, et renvoyée à d'autres temps. » (Auguste Thiers, Histoire de la Révolution Française, Livre 9, Chapitre X)

 

Tandis que les « patriotes des faubourgs » trouvaient la déportation trop douce pour les condamnés, la masse de la population, échaudée par les massacres qu’avaient engendrés les révoltes précédentes, se soumit et se réfugia dans l’abstention qui caractérise toutes les élections depuis les toutes premières en 1791.

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Les responsables du déclenchement de la guerre de 1914-1918

13 Septembre 2014 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Raymond Poincaré

Les décideurs ont horreur que l’on mette à nu leurs responsabilités.

Ils veulent que l’on croit que les peuples les ont poussé à la guerre en 1914, c'est pourquoi ils invoquent le soi-disant enthousiasme des conscrits à la déclaration de guerre, alors que les témoignages de l’époque décrivent la stupéfaction, l’abattement et la résignation des populations, notamment en France et en Russie. À la fin de la guerre, ces décideurs, Clemenceau en tête, ont voulu imposer l’idée que la guerre était la faute de l’Allemagne, ce qui était bien commode puisqu’elle était vaincue. Il est vrai que, justement parce qu’ils ont gagné, les vainqueurs ont par définition raison. Vae victis ! Ils ont simplement négligé le fait que les Allemands feraient de la destruction du Traité de Versailles, qui les désignait coupables, un objectif collectif tellement puissant qu’il aboutirait à la guerre de 1939-1945.

Bref, qui est responsable de la guerre de 1914-1918, la pire boucherie de l’histoire de l’humanité ?

Chronologiquement, les dirigeants d’Autriche-Hongrie et en particulier son ministre des affaires étrangères, Alois Lexa von Aerenthal, lorsqu’ils décident en 1908 d’annexer la Bosnie-Herzégovine, sous suzeraineté ottomane, qu’ils administraient depuis le traité de Berlin de 1878. Ils étaient poussés par la crainte que le mouvement des Jeunes Turcs n’obtienne la réintégration de la Bosnie-Herzégovine à l’empire turc. Ils n’imaginaient pas du tout que cette annexion entrainerait au bout du compte la première guerre mondiale et la destruction de l’Empire Austro-Hongrois.

Sans en avoir vraiment conscience, par cette annexion ils poussent à l’incandescence le nationalisme des dirigeants serbes, à commencer par celui de son Premier Ministre, Nikola Pašić, qui rêvent de constituer une « Grande Serbie ». Cette dernière, d’après eux ne pourrait pas se faire sans la Bosnie-Herzégovine. Ces dirigeants encouragent une société secrète, la Main Noire, à assassiner le futur empereur d’Autriche, François Ferdinand d’Autriche. Le gouvernement serbe est donc celui qui allume concrètement la mèche qui fait éclater la guerre de 1914-1918.

Les responsables de la Russie, en particulier le ministre des affaires étrangères Sergueï Sazonov qui apporte son soutien aux ambitions serbes et le Tsar Nicolas II qui signe les ordres de mobilisation à la suite de l’ultimatum austro-hongrois à la Serbie, permettent qu’une guerre entre l’Empire Austro-Hongrois et la Serbie se transforme en guerre générale.

La partie revancharde des responsables politiques français, avec à leur tête le Président Raymond Poincaré (photo ci-dessus), sont, à mon avis, les acteurs déterminants de la guerre 1914-1918. Pendant des décennies, ils ont œuvré dans ce sens en construisant l’Alliance Franco-Russe en 1892 puis l’Entente Cordiale avec le Royaume-Uni en 1904, afin de changer les rapports de force militaires avec l’Allemagne en leur faveur. Ils ont complété ces traités par une politique de prêts envers la Russie et la Serbie en vue d'accroitre les moyens militaires de ces pays et de renforcer leurs réseaux ferrés orientés vers l’offensive contre l’Allemagne. Au moment de l’ultimatum Austro-Hongrois à la Serbie, Raymond Poincaré renforce la détermination de la Russie à s’opposer à l’Autriche Hongrie en l’assurant du soutien de la France dans cette querelle dans laquelle elle n'était pas concernée.

L’Allemagne se retrouve piégée, tout d'abord par ses engagements, ensuite par ses plans. Elle ne peut pas abandonner l’Autriche-Hongrie sans se retrouver isolée, elle est contrainte de mobiliser pour ne pas être démunie face à une attaque russe et d’appliquer le Plan Schlieffen pour ne pas être prise en tenaille entre la France et la Russie. La responsabilité allemande du conflit de 1914-1918 apparaît quasi nulle, contrairement à ce que l’historiographie officielle française a voulu le faire croire. Une thèse exactement opposée, celle de Fritz Fischer dans Les buts de guerre de l'Allemagne impériale 1914-1918 (1961), soutient au contraire que Guillaume II a déclenché la guerre pour faire de l'Empire Allemand une puissance mondiale.

Le Royaume Uni, dont la politique étrangère est largement conduite par Lord Edward Gray, décide tardivement de se rallier à la guerre aux côtés de la France parce qu’il craint d’être le perdant du conflit, quel que soit le vainqueur, s’il ne s’engage pas. C’est un calcul stratégique dans lequel il n’est pas l’acteur principal, l’invasion de la Belgique ne servant que de prétexte.

Tel est mon point de vue. Que vous le partagiez ou non, il ne doit servir qu’à vous inciter à lire « Les somnambules » pour vous faire votre propre opinion.

 

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Le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797)

30 Août 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

 

Les trois Directeurs de gauche préparaient un projet de coup d’État contre les Conseils avec le soutien des  généraux, qui étaient clairement opposés au retour du roi et avec celui des éternels Jacobins, toujours prêts à brandir la violence révolutionnaire.

 Hoche.jpg

Les royalistes, que l’on appelait aussi clichyens, car les partisans de la restauration des Bourbons s’étaient rassemblés au sein de l’Institut Philanthropique, fondé en août 1796 par l’abbé André Charles Brottier, qui siégeait rue de Clichy. Ils n’avaient pour eux que la majorité des électeurs : leur combat était donc perdu d’avance, du moins à court terme.

Pour organiser son coup d’État, la majorité du Directoire fit d’abord appel à Hoche (photo ci contre), puis à Augereau qui contrôla, le 4 septembre 1797 au matin, les abords des Tuileries, ferma les barrières de Paris et fit arrêter les Députés et Directeurs identifiés comme opposants.

Selon Adolphe Thiers (Histoire de la Révolution Française, Livre 9, Chapitre X), les Directeurs « durent se résoudre à un coup d'état...» (sic).

Ils étaient soutenus d’une part par les Jacobins, qui « considéraient le régime légal comme une concession faite aux contre-révolutionnaires, et ne voulaient que vengeance et proscriptions », ainsi que par les armées :

« Généraux, officiers et soldats, étaient comblés d'honneurs, gorgés d'argent, repus de plaisirs. Ils avaient conçu de leurs victoires un orgueil extraordinaire. Masséna, Joubert, et Augereau surtout, leur donnaient l'exemple du républicanisme le plus ardent. »

Quant au général Bonaparte, il « voyait avec plaisir l'esprit de l'armée, et en favorisait l'essor. Ses premiers succès avaient tous été remportés contre la faction royaliste, soit devant Toulon, soit au 13 vendémiaire. Il était donc brouillé d'origine avec elle. Mais outre ces raisons particulières de détester la faction royaliste, il en avait encore une plus générale et plus profonde; elle était dans sa gloire et dans la grandeur de son rôle. Que pouvait faire un roi pour sa destinée? »

Le Directoire, cependant, souhaitait employer Hoche. Il effectua des mouvements de troupe qui inquiétèrent les assemblées. Pendant ce temps, Bonaparte choisissait l'anniversaire du 14 juillet pour « faire rédiger des adresses sur les événements qui se préparaient. Ces adresses furent couvertes de milliers de signatures, et envoyées au général en chef. Il les réunit, et les envoya au Directoire, avec sa proclamation, pour qu'elles fussent imprimées et publiées dans les journaux. Une pareille démarche signifiait assez clairement qu'il était prêt à marcher pour...prêter son secours à l'exécution d'un coup d'état... » Naturellement, ces adresses « étaient illégales, car les armées ne pouvaient pas délibérer...Telle était la destinée de notre malheureuse république, que pour se soustraire à ses ennemis, elle était obligée de se livrer aux armées...Le directoire eût bien voulu cacher ces adresses, et ne pas les publier à cause du mauvais exemple; mais il aurait horriblement blessé le général, et l'eût peut-être rejeté vers les ennemis de la république. Il fut donc contraint de les imprimer et de les répandre...Elles donnèrent lieu à de nouvelles plaintes dans les Conseils...Bonaparte causa un nouvel embarras au gouvernement, par le général divisionnaire qu'il lui envoya. Augereau excitait dans l'armée une espèce de trouble, par la violence de ses opinions, tout à fait dignes du faubourg Saint-Antoine...Pour s'en débarrasser, il l'envoya au Directoire...On lui donna sur-le-champ le commandement de la dix-septième division militaire, qui comprenait Paris...On attendait les fonds que Bonaparte avait promis. Ces fonds étaient en partie destinés à gagner les grenadiers du corps législatif... »

Les royalistes pressaient Pichegru d’agir, mais« il n'avait du reste encore aucun moyen réel; car quelques émigrés, quelques chouans dans Paris, ne constituaient pas une force suffisante... » Par contre, le Directoire savait que s’il n’agissait pas avant les prochaines élections, il « n'aurait pas même trouvé alors la minorité conventionnelle qui restait dans les conseils pour l'appuyer, et pour donner une espèce de légalité aux mesures extraordinaires qu'il voulait employer. »

 

Enfin le jour de l’action vint, le 3 septembre 1796.

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Un héros démocratique ou un traître à la République?

9 Août 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Comment, perdant les élections, le Directoire transforme un héros en traître

Pichegru.jpg

Les élections d’avril 1797 furent une catastrophe pour les Conventionnels. À peine onze d’entre eux furent réélus, sur deux cent seize députés, au point que les Républicains n'avaient la majorité que dans dix départements. Le corps législatif élut deux royalistes, Pichegru et Barbé-Marbois aux présidences respectives des Cinq-Cents et des Anciens. Au sein du Directoire, Barthélemy et Carnot s’opposaient désormais au trio de gauche, Barras, La Révellière-Lépeaux et Reubel.

La nouvelle majorité avait pour programme de révoquer les lois révolutionnaires et de limiter la dilapidation des finances en attendant de pouvoir restaurer la royauté qui ne manquerait pas de s’imposer légalement après le prochain renouvellement par tiers des Conseils !

Or, il n’était pas aisé pour les trois Directeurs de gauche de s’opposer à la volonté des assemblées, d’autant plus que la Constitution leur ôtait d’importantes prérogatives, en particulier financières.

La révélation des négociations de Pichegru avec le Prince de Condé fut, dans ce contexte une aubaine pour les trois Directeurs, qui préparaient de leur côté un coup d’État contre les Conseils.

Qui était Pichegru ? il représente dans l’histoire officielle de la France républicaines l’image d’un traître, tandis que Robespierre, Barras ou Bonaparte en seraient les héros, selon la règle d’or qui veut que l’histoire soit écrite par les vainqueurs.

Jean-Charles Pichegru (1761-1804) fait partie de ces talents révélés par la Révolution. Fils de petit cultivateurs, repéré par ses professeurs religieux, il devient répétiteur de mathématiques à l’école militaire de Brienne, puis s’engage dans le régiment d’artillerie de Metz comme simple soldat, participe à la guerre d’Indépendance des Etats-Unis et devient sergent-major avant la Révolution.

Républicain, il se fait élire lieutenant-colonel d’un bataillon de volontaires du Gard, monte rapidement en grade jusqu’à devenir en 1793 général en chef de l’armée du Rhin, où il inflige plusieurs défaites aux Autrichiens et aux Prussiens. Général en chef de l’armée du Nord, il conquiert la Hollande, en particulier en s’emparant de la flotte ennemie grâce à sa cavalerie (1794-1795). Il est alors chargé de l’armée du Rhin et Moselle (1795-1796) qui traverse le fleuve pour s’emparer de la place forte de Mannheim. C’est alors qu’il prend contact avec Condé qui lui promet monts et merveilles s’il aide les royalistes à restaurer Louis XVIII.

En 1795 encore, il réprime l’insurrection des sans-culottes à Paris du 1er avril 1795. Ce fait d’arme lui vaut le titre de Sauveur de la Patrie et d’être nommé général en chef des armées du Rhin, du Nord et de Sambre-et-Meuse. Pichegru est alors le véritable héros de la République.  

Mais ses revers sur le Rhin attisent les soupçons de royalisme contre lui. On lui retire son commandement, mais sa popularité persistante lui vaut d’être élu en mars 1797 député au Conseil des Cinq-Cents par les monarchistes du Jura. Il s’impose au sein du Conseil comme le chef de l’opposition royaliste, ce qui lui permet de devenir le Président de ce même Conseil des Cinq-Cents.

Lorsque le Directoire organise le coup d’État du 18 fructidor 1796, ses contacts avec les immigrés sont présentés comme une « conspiration ». Le Directoire en profite pour faire arrêter, non seulement Pichegru, mais tous les dirigeants du parti royaliste qu’il fait déporter en Guyane, dans les déserts de Sinnamary.

Mais Pichegru réussit à s’en évader et à rejoindre Londres après de multiples péripéties. En 1804, il conspire avec Cadoudal et Moreau pour enlever Bonaparte, ce qui aurait fait perdre à l’histoire plusieurs pages glorieuses, mais évité bien des drames. Trahi par « l’ami » qui l’héberge, il est arrêté le 28 février 1804 après s’être énergiquement défendu. Six jours plus tard, il est retrouvé étranglé dans sa prison du Temple, officiellement suicidé. Quel destin !

On notera avec quelle facilité les perdants sont qualifiés de traître et avec quel aplomb le Directoire, comme la plupart des dirigeants politiques, refuse le résultat du suffrage universel lorsqu’il ne leur est pas favorable. Une leçon à retenir par ceux qui croient que des élections peuvent changer la donne politique en France…

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Le Directoire se débat

12 Juillet 2014 Publié dans #HISTOIRE

Je poursuis dans ce blog la présentation des membres du Directoire, avec les portraits de Carnot et Le Tourneur.

Franc GerminalLazare Carnot (1753-1823) est le fils d’un avocat. Militaire, il fréquente Robespierre. Chaud partisan de la Révolution, il est élu à la Législative et à la Convention où il siège à gauche. Il vote la mort de Louis XVI, mais se tient à l’écart des Jacobins. Membre du Directoire, il prend l’initiative des poursuites contre Babeuf et ses amis, les traque avec acharnement, organise la provocation du camp de Grenelle et les fait exécuter. Il se rapproche des royalistes, ce qui l’oblige à s’enfuir lors du coup d’État de Fructidor. Il continuera cependant sa carrière d’organisateur sous le Consulat et l’Empire. Ses fils et petits fils seront également des hommes politiques et des scientifiques importants.

Le Tourneur ou Letourneur (1751-1817) est capitaine quand il est élu par le département de la Manche à la Législative. Réélu à la Convention, il vote la mort de Louis XVI, mais est hostile à Robespierre. Proche de Carnot, il s’occupe de la marine avant d’être éliminé du Directoire par le tirage au sort, le 20 mai 1797. Il sera ensuite préfet de Bonaparte et Conseiller à la Cour des Comptes.

Lorsque l’on observe la composition politique du Directoire, on en conclue que le nouveau régime était dirigé par les mêmes hommes et confronté aux mêmes problèmes que la Convention thermidorienne : son défi primordial consistait à essayer de mettre un terme à la Révolution, en se gardant à gauche des Jacobins et à droite des Royalistes.

Dans les premiers mois du Directoire, la liberté de la presse et la liberté religieuse furent respectées. Les importations de denrées améliorèrent les approvisionnements dans les villes, non sans aggraver la situation financière de l’État. Le problème économique principal restait l'inflation, ce qui décida le Directoire à supprimer l'assignat. Une loi autorisa la création de mandats territoriaux qui pouvaient être échangés contre des assignats et permettaient d'acquérir les biens nationaux à des conditions très favorables. Ceux qui saisirent l’aubaine purent acquérir des biens nationaux avec des billets sans valeur. Ils devinrent par conséquent des adversaires résolus du retour des immigrés.

À partir du 21 mars 1796, le franc eut seul un cours légal, fixé à cinq grammes d'argent. À l'inflation succéda la déflation; les artisans se retrouvèrent au chômage et le Directoire ne parvenait plus à payer les fonctionnaires. Il dut céder des propriétés nationales comme le célèbre diamant de la Couronne « le Régent », vendre des biens nationaux aux enchères, et se trouva dans l'obligation d'emprunter au dey d'Alger, à des commerçants de Hambourg ou à des financiers véreux. Il trouvera la solution à ses mécomptes financiers par le prélèvement  de fortes contributions de guerre sur les pays conquis, ce qui eut pour effet de rendre les politiques dépendants des généraux.

Le Directoire dut aussi faire face à l’extrême gauche. Babeuf, reprenant le discours des Enragés, faisait une critique radicale de la famille, de la religion et de la propriété. Lorsqu’il fonda un comité insurrectionnel, il fut arrêté et exécuté.

Il fallait aussi se résoudre à mettre fin à la guerre, qui plaisait aux généraux, mais pas à l’opinion publique. La Convention avait conclu la paix avec la Prusse, la Hollande et l'Espagne. Restaient l'Autriche et l'Angleterre, qui refusaient de voir la rive gauche du Rhin sous possession française. Pour obtenir une paix favorable, Carnot proposa de lancer une manœuvre de diversion en Italie du Nord, tout en menaçant Vienne avec deux armées, sur le Rhin et le Danube. Grâce au génie militaire de Bonaparte qui, avec peu de soldats et de moyens, obtint des victoires stratégiquement déterminantes, la diversion italienne se transforma en victoire décisive, pendant que les armées françaises piétinaient sur le Rhin avant de reprendre leur offensive, au moment où Bonaparte menaçait Vienne par son débouché depuis la péninsule Italienne.

Le 17 octobre 1797, Le traité de Campo-Formio était signé avec une immense joie. Il donnait à la France les Pays-Bas, la frontière sur le Rhin, la place forte de Mayence et les îles Ioniennes, tandis que l'Autriche recevait une partie de la Vénétie, l'Istrie et la Dalmatie et reconnaissait la république Cisalpine.

Mais il avait été signé directement par Bonaparte, avec une audace qui inquiétait les Directeurs.

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Le Directoire ou le coup d'État permanent

28 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

À la Terreur et à son retour de flamme que fut la Convention thermidorienne, succéda le Directoire dont les mœurs républicaines sont également pleines d’amers enseignements pour les citoyens du XXIe siècle.

 Barras

S’ils se faisaient des illusions sur leur popularité, les élections qui suivirent démontrèrent aux Jacobins qu’ils avaient eu au moins raison de craindre leur résultat. La composition des deux assemblées indiquait nettement que la volonté des électeurs était ignorée par les anciens conventionnels : alors que les nouveaux élus comptaient 120 royalistes pour seulement 45 républicains, les deux assemblées comprenaient 163 royalistes pour 587 républicains.

Il y eut aussi un fort taux d’abstention. Les élus étaient surtout des ex-constituants modérés, d'anciens Feuillants ou des hommes neufs hostiles au régime. Malgré le décret des Deux Tiers et les pressions exercées la Convention sur les électeurs, seulement 376 Conventionnels sur les 500 qu'imposait le décret furent réélus, ce qui obligea la Convention à désigner elle-même les 124 députés manquants.

Élu le 31 octobre 1795, le Directoire était composé de La Révellière-Lépeaux pour  l'instruction et la religion, de Reubell pour la diplomatie, de Barras pour les affaires intérieures, de Carnot pour la guerre et de Le Tourneur, ce dernier jouant un rôle mineur dans le groupe. Dans les départements, les commissaires du Directoire furent choisis dans la bourgeoisie qui s’était impliquée dans les événements révolutionnaires.

Ces cinq hommes qui composent le Directoire, trois avocats et deux soldats, méritent l’attention car ils fournissent un tableau fidèle du pouvoir issu de la Révolution.

Louis Marie de La Révellière-Lépeaux (1753-1824) est avocat à la veille de la Révolution, grand partisan de l’égalité. Il vote la mort du roi, s’oppose à Robespierre et à Danton et  soutient la Gironde contre Marat. Proscrit, il revient à la Convention après la chute de Robespierre. Élu au Directoire, il soutient la théophilantropie qui visait à se substituer au catholicisme, sans prêtres mais avec des cantiques et des  prêches de morale civique : toujours la tentation des hommes au pouvoir de fabriquer des sujets à leur convenance, comme si la morale était un produit modelable à leur convenance et la religion un produit concurrent!

Quand la Révolution éclate, Jean-François Reubell (1747-1807) est également avocat. À la Constituante, il soutient les droits des hommes de couleur et il se spécialise dans  la dénonciation des tyrans, des privilèges du clergé et des juifs. Député à la Convention, il s’inscrit avec discrétion dans les rangs de la Montagne. Pour lui, républicanisme et anticléricalisme sont synonymes. Membre du Directoire, il se consacre à la  diplomatie de la « Grande Nation ».

Paul François Jean Nicolas, vicomte de Barras (1755-1829), qui a laissé l’image d’un libertin et d’un corrompu, entre dans l’armée à seize ans dont il démissionne à la fin de la guerre d’Indépendance. Il est député à la Convention, où il siège à la Montagne et vote la mort de Louis XVI. Il met la « Terreur à l’ordre du jour » à Marseille et à Toulon, où il remarque Bonaparte. Au soir du 9 Thermidor, il commande l’action militaire qui permet la prise de l’Hôtel de Ville et la fin de Robespierre.

Il devient le spécialiste militaire de la défense de la République. Commandant en chef de l’armée de l’Intérieur au 13 Vendémiaire, il fait de Bonaparte son second et obtient pour lui le commandement de l’armée d’Italie. Il est supposé avoir des opinions de gauche, ce qu’il montre en s’opposant aux poursuites contre les conspirateurs babouvistes ainsi qu’à toute tentative de restauration royaliste, notamment lorsqu’il organise le coup d’État de Fructidor.

Écarté du pouvoir par Bonaparte, il oubliera ses convictions de gauche pour se rapprocher des royalistes.

 

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République ou démocratie?

23 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

Les membres du Comité de Salut Public et de la Convention tuaient pour garder le pouvoir, en expliquant que ce pouvoir leur paraissait nécessaire pour réaliser les idéaux auxquels ils croyaient pour le peuple français et pour le monde.

 Convention

Le discours de Robespierre à la Convention, le 5 février 1794, présente l’avantage d’être particulièrement clair.

Il y fait son rapport sur « Les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l'administration intérieure de la République » en déclarant qu’il faut « marquer nettement le but de la Révolution…Quel est le but où nous tendons ? La jouissance paisible de la liberté et de l'égalité ; le règne de cette justice éternelle dont les lois ont été gravées non sur le marbre ou sur la pierre mais dans le cœur de tous les hommes, même dans celui de l'esclave qui les oublie et du tyran qui les nie. » 

Bien dit. Que faire donc ?

« Nous voulons substituer dans notre pays la morale à l'égoïsme, la probité à l'honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l'empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l'insolence, la grandeur d'âme à la vanité, l'amour de la gloire à l'amour de l'argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l'intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l'éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l'homme à la noblesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable. »

Quelle vision sublime de l’humanité !

Mais comment faire naître la vertu alors que le monde est encore corrompu et que le régime démocratique est à mettre en place ?

Maximilien de Robespierre a la solution : « Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la Vertu et la Terreur : la vertu sans laquelle la Terreur est funeste ; la Terreur sans laquelle la vertu est impuissante ».

Ce fut une catastrophe nationale que ces magnifiques déclarations de Robespierre aient été traduites en actes de gouvernement.

Car, s’il y a une leçon à tirer de la Terreur, c’est que ce sont des politiciens très vertueux qui ont commis les pires crimes politiques jamais accomplis en France. Les successeurs de Robespierre, Hitler, Staline, Pol Pot étaient tous des hommes qui proclamient vouloir le bien de leur peuple ; comme par hasard, ils font aussi partie de la liste des meurtriers les plus monstrueux que l’humanité ait jamais connu.

Ce n’est pas que les idées de Robespierre n’étaient pas excellentes, le malheur réside entièrement dans le pouvoir totalitaire dont il a disposé pour les appliquer.

Ces faits étant avérés, l’indulgence que manifestent la plupart des historiens et des hommes politiques français pour la Terreur provient de ce qu’ils croient, dans le droit-fil de la Terreur, qu’ils confondent sciemment avec la Révolution, que le rôle et la grandeur de la politique consistent à trouver et à appliquer des « solutions » aux « problèmes » du pays, en fonction des idéaux républicains.

La Terreur l’a fait. Vous l’avez enfin compris ou vous écoutez encore ceux qui ont des « solutions » ?

Car les politiciens de la Terreur ont renié les principes fondamentaux de la démocratie qui leur avait permis de représenter leurs électeurs.

Dans une démocratie, on n’attend pas des dirigeants qu’ils aient une idée géniale pour sauver le pays mais qu’ils soient attentifs aux volontés exprimées par les différentes catégories de la population; qu’ils transmettent les informations nécessaires aux citoyens pour former leur jugement et non qu’ils les cachent sous couvert de « raison d’État »; qu’ils permettent aux médias de jouer un rôle d’intermédiaires entre eux et le public et non celui d’outil de propagande  et qu’ils se soumettent aux verdicts des urnes au lieu de chercher à en travestir les résultats.

Si en France, on se permet tant d’entorses à la démocratie, c’est au nom de valeurs que l’on prétend infliger au peuple français, qui relèvent d’un magistère moral et non du pouvoir politique.

 

C’est en quoi « les valeurs républicaines » que la Terreur avait l’intention vertueuse d’infliger au peuple français comme une purge sanglante et que nos politiciens veulent aujourd’hui encore nous faire prendre sous forme de bouillie insipide, différent de celles des démocraties pour lesquelles le pouvoir vient par définition du peuple et non de ses dirigeants.

 

La République ou la démocratie, il faut hélas choisir : c’est l’enseignement de la Terreur.

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Condamner ou excuser la Terreur, un choix fondamental

20 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Pour clôturer cette série de blogs consacrés à l’époque de la Terreur, je m’adresse à vous directement: condamnez-vous ou excusez-vous la Terreur, lecteur?

 Fournee-guillotine.jpg

Si quelqu’un proposait de dédier une journée de deuil national en mémoire de la Terreur et de ses victimes, on lui rirait au nez !  Car, si personne ne songe sérieusement à justifier la Terreur, nombreux sont ceux qui lui trouvent des excuses: elle aurait été provoquée par l’état d’extrême tension du pays; les menaces austro prussiennes auraient déclenché le processus; le roi a joué la politique du pire; il fallait sauver la République; la Terreur a échappé à la volonté des responsables, qui ont puni ses excès ; Robespierre voulait le bonheur du peuple…

On pourrait avancer d’autres excuses encore, mais le fait est que, sans la Terreur, les Montagnards et la Commune insurrectionnelle n’auraient pas gardé le pouvoir: la Terreur a fondamentalement été une stratégie de prise et de contrôle du pouvoir.

Les conditions nécessaires à la Terreur ont été réunies dès lors que les politiciens proclamaient, dans le préambule de la constitution, vouloir faire respecter, au travers du pouvoir politique, de grands principes philosophiques.

Pour cela, ils ont commencé par faire place nette de tous les privilèges de la naissance, des charges, des corporations et des vœux religieux, tout ce qui faisait obstacle au pouvoir d’un État chargé d’unifier une nation. Dès lors, la voie était libre pour installer les préfets, les commissaires, les juges, les bourreaux qui allaient appliquer les grands principes à la pauvre matière humaine.

L’horreur était en vue.

Pour commencer, il est indispensable de se rappeler ce que ces hommes, « incorruptibles » ou pas, ont fait : ils ont organisé systématiquement l’oppression la plus sanglante que la France ait jamais connu dans son histoire, accru sans cesse les pouvoirs des tribunaux, supprimé tous les droits de la défense, envoyé des commissaires pour exciter l’ardeur des bourreaux et des délateurs et promulgué l’incroyable loi des suspects.

Lisez-la :

Étaient suspects tous « ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos ou leurs écrits se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté; ceux qui ne pourront justifier de leurs moyens d'existence et de l'acquit de leurs devoirs civiques ; ceux qui n'auront pu obtenir de certificat de civisme; les ci-devant nobles qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution, les émigrés, même s'ils sont rentrés, les prévenus de délits, même acquittés… ». Délit d’opinion, délit de faciès, délit de classe, tout y est.

Cela a engendré les deux cent mille morts du génocide vendéen, les soixante-deux mille guillotinés, les dizaines de milliers de personnes livrées à la mitraille dans les villes révoltées et tout un pays soumis à la vindicte de malades mentaux; au total, l’horreur la plus abjecte qui ait jamais été perpétrée en France.

Face à ce passif monstrueux, on cherche en vain le moindre actif, à moins que l’invention du totalitarisme par ces aliénés ne soit considérée comme une gloire nationale, au même titre que la géniale guillotine qui a industrialisé le meurtre.

 

Or les membres du Comité de Salut Public et de la Convention n’étaient pas de simples assassins

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Bonaparte, le général Vendémiaire

4 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

Le 24 mai dernier, je vous ai présenté la constitution « tordue » des Thermidoriens. Vous allez constater ci-dessous qu’elle n’est pas passée comme une lettre à la poste…

 

Bonaparte-13_vendemiaire.jpgComme d’habitude, le referendum au suffrage universel qui fut organisé pour approuver cette constitution se caractérisa par une forte abstention et de nombreuses irrégularités.

Les résultats officiels firent état de 1.057.390 voix en faveur de la Constitution dite de l’An III et de 49.978 voix contre. Pour sa part, le décret des deux tiers ne fut approuvé que par 205.498 voix pour et 108.754 voix contre.

De plus, alors que l’on déplore en ce début de XXIe siècle, des taux d’abstention « records » de 60%, le taux d'abstention du referendum s’éleva à  78% pour la Constitution de l’An III  et à 94% pour le décret des deux tiers !

Cela n’empêcha pas cette nouvelle constitution d’être proclamée  le 23 septembre 1795. Elle impliquait d’élire ensuite le corps législatif. Avant que les élections législatives ne se déroulent, les royalistes parisiens, s’estimant lésés par le décret des deux tiers et les fraudes, formèrent un comité insurrectionnel.

L'épreuve de force eut lieu 4 octobre 1795.

Une petite armée commandée par le général Danican chercha à encercler les Tuileries pour faire capituler sans combat la Convention, protégée les troupes du général Menou. Alors qu’elles plient face aux royalistes, Barras remplace le général défaillant par Bonaparte qui, aidé par Murat, récupère des pièces d'artillerie avec lesquelles il fait mitrailler les forces royalistes sur les marches de l'église Saint Roch (gravure ci-contre), faisant 200 tués avant de les disperser.

Ainsi, après avoir repris Toulon pour le compte de la Convention de la Terreur, Bonaparte sauvait cette fois la Convention thermidorienne, dans les deux cas contre les royalistes. De la sorte, il s’imposait comme le défenseur indispensable des politiciens régicides.

Le 14 vendémiaire (6 octobre 1795), Paris était occupé militairement et l'émeute étouffée, sans toutefois une répression excessive qui aurait trop renforcé les partisans de la Terreur. Le 16 octobre, Bonaparte est élevé par Barras au grade de général de division et le 26 octobre, tandis qu'entre en vigueur la nouvelle Constitution, il devient commandant en chef de l'armée de l'intérieur en remplacement de son mentor qui fait, lui, son entrée au Directoire.

En se séparant, la Convention prononça une amnistie générale dont elle excluait les révoltés de Vendémiaire, les prêtres réfractaires et les immigrés. Elle décidait également que la Place de la Révolution deviendrait la Place de la Concorde, un excellent choix puisqu’il a perduré jusqu’à ce jour…

 

Reste à tirer le bilan de la Terreur.  

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