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Le blog d'André Boyer
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UNE GUERRE QUI COMMENCE BIEN, MAIS...

22 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

PRISE DE PORT-MAHON (MINORQUE)

PRISE DE PORT-MAHON (MINORQUE)

Lors des deux premières années du conflit, la France se défend bien grâce à̀ l'action déterminée du ministre de la Marine, Machault d'Arnouville qui a anticipé́ le conflit.

 

Malgré la rafle des navires civils français en 1755, la Royal Navy rate le début de cette guerre qu'elle a pourtant longuement préparée. Au courant des préparatifs de la marine anglaise en Amérique du Nord, Machault d'Arnouville réussit au début de 1755 à faire passer des renforts au Canada malgré́ le blocus du Saint-Laurent, puisqu’une flotte de dix-huit bâtiments commandés par Dubois de La Motte y achemine 3 000 soldats. Dès qu’il apprend les interceptions anglaises, Machault d’Arnouville arme aussitôtrois divisions à Toulon, Brest et Rochefort.

En 1756, de nouveaux renforts pour le Canada, 1 500 hommes, avec à leur tête le calamiteux Montcalm, sont escortés sains et saufs par les trois vaisseaux et les trois frégates de Beaussier de l'Isle. De son côté́, la division de trois vaisseaux et de trois frégates commandée par de Kersaint détruit les établissements anglais de la côte d'Angola puis passe aux Antilles et livre bataille à une division anglaise qui est forcée de se retirer. Du Chaffault, sur la frégate l’Atalante (36 canons), réussit même l'exploit de s'emparer, au large de la Martinique, d'un vaisseau anglais de 60 canons, le HMS Warwick, et de le ramener à̀ Brest.

En Méditerranée se déroulent les opérations les plus importantes, avec l'attaque de la grande base anglaise de Port-Mahon à Minorque. L'opération, préparée avec soin, est conçue comme des représailles aux rafles de navires civils en pleine paix. Une flotte de douze vaisseaux, cinq frégates et cent-soixante-seize bâtiments de transport commandée par La Galissonnière, quitte Toulon en avril 1755 sans avoir été́ repérée par les espions anglais. Elle réussit à faire débarquer sans encombre les 12 000 hommes du Marechal de Richelieu, puis repousse les vaisseaux de Byng accourus depuis Gibraltar pour secourir la place. La victoire est complétée par le débarquement en novembre 1756 de 3 600 hommes en Corse, pour mettre l'île à l'abri des tentatives de débarquement de La Navy.

Ces succès français, ressentis comme une humiliation à Londres, valent à Byng de passer en cour martiale et d'être condamné à mort. 

1757 reste encore une année favorable à la France. Les chantiers navals, permettent à la flotte de dépasser cette année-là le chiffre de cent vaisseaux et frégates, tandis que les opérations navales sont satisfaisantes dans l’Océan Indien et l’Atlantique: une petite division de navires de la Compagnie des Indes commandée par le comte d'Aché part en mai 1757 pour Pondichéry avec un renfort de 4000 hommes qui arrivent à̀ bon port l'année suivante. Début 1757, Québec et l'île Royale sont ravitaillées, puis Louisbourg est défendue victorieusement grâce à une importante concentration navale: alors que Londres a envoyé́ une escadre de dix-sept vaisseaux, seize frégates et 15000 soldats pour attaquer la place, Dubois de La Motte rassemble en face trois divisions dans le port, soit un total de dix-huit vaisseaux, quinze frégates et 11 000 soldats. Il en résulte que les Anglais n’osent pas attaquer la forteresse de Louisbourg.

Cependant la situation se dégrade en Méditerranée, car l’escadre de Toulon est minée par les désertions du fait du non-paiement des équipages depuis un an. Il en résulte que La Clue ne réussit à mobiliser qu'une petite division de six vaisseaux et deux frégates pour escorter des renforts vers les Antilles et le Canada. Il quitte Toulon en décembre 1757, mais n'ose pas franchir le détroit de Gibraltar barré par quatorze vaisseaux anglais et se réfugie à Carthagène, poursuivi par la Royal Navy. Un petit renfort de trois vaisseaux et une frégate venue de Toulon sous les ordres de Duquesne de Menneville est anéanti devant le port (voir mon billet : « La bataille de Carthage » http://andreboyer.over-blog.com/2016/12/la-bataille-de-carthagene.html). La Clue, poursuivi par Boscawen, rentre péniblement sur Toulon en mai 1758 alors que le port, en panne de matelots, reste inactif cette année-là̀.

 

Mais la situation est encore pire à Brest.

À SUIVRE

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LE SENS DU TANGO

16 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE SENS DU TANGO

Voici un article réputé futile, en regard des graves sujets qui inspirent généralement ce blog. Notez aussi que je ne sais pas danser le tango et que je n’ai même pas essayé de le danser. Ceci précisé, je suis fasciné par l’image des danseurs de tango et encore plus par la passion de celles et de ceux qui le pratiquent, d’où ce billet.

 

Pour nous qui ne le dansons pas, le tango argentin a une image sensuelle, une danse entre une femme en talons hauts, robe moulante et un homme élégamment habillé. Derrière cette image se cachent des écoles de tango pour les passionnés qui savent que le tango a l’ambition de changer leur vie.

Le néophyte s’est souvent décidé à franchir le pas, c’est le cas de l’écrire, parce qu’un événement l’a obligé à se remettre en question et qu’il a choisi le tango pour « changer » de vie. Il ne vient pas forcément chercher une rencontre sensuelle, et s’il le croit, la nécessité, l’urgence même, d’accorder deux énergies différentes à travers la musique l’obligent à reconsidérer ses priorités.

Car il se trouve confronté à l’amorce d’un échange imprévisible qui exige d’être harmonieux, avant qu’il ne prenne conscience progressivement que cet échange  avec son ou sa partenaire est devenu profond, de manière inattendue.

Lorsque l’on observe une piste de danse dans une milonga*, l’on est frappé par l’impression d'intimité qui y règne. Un homme et une femme sont étroitement enlacés, agissant de manière synchrone, l’homme avançant et la femme le suivant en reculant. Le tango a en effet des racines culturelles selon lesquelles l’image masculine est celle d’un homme fier, séduisant, élégant et l’image féminine celle d'une femme sensuelle et insaisissable.

Mais le sens du tango va au-delà de ce que laisse voir son aspect technique et sensuel et c’est ce que découvrent progressivement les danseurs : tout d’abord, ils apprennent à avoir un contact physique étroit, sensuel, intime, mais non sexuel. En fixant des limites précises, le tango crée un espace sécurisant pour leur contact physique. De plus, le tango demande d'être soi-même, de montrer sa vulnérabilité et c’est le dévoilement de cette vulnérabilité qui crée une véritable intimité.

Or, en ce moment si spécial du Covid-19, il est pratiquement interdit de se toucher et même dans les conditions normales de notre vie d’individu urbanisé nous manquons tout à fait du genre de contact physique qu’offre le tango : nous osons à peine toucher nos amis, encore moins nos collègues, pas toujours nos enfants et notre famille, si bien que, si nous n’avons pas de conjoint, nous n’avons pratiquement pas de contacts physiques.

Aussi le succès du tango provient-il de ce qu'il comble en partie le besoin humain de se toucher et de bouger, sans oublier qu’il constitue un environnement propice aux rencontres sociales.

En outre, le tango oblige à agir spontanément, en vivant pleinement le moment présent. En effet, pour que la danse ait lieu, les deux partenaires doivent entrer dans un état de flux dans lequel ils sont entièrement présents, tout en communiquant constamment l'un avec l'autre par les mouvements de la danse.

De ce point de vue, on peut voir le tango comme une pratique dynamique de la conscience, qui oblige le danseur à se tourner vers lui-même, vers ses désirs, ses émotions et ses objectifs. Il s’agit d’une expérience de transformation de soi qui révèle ce que son "moi" considère de plus important, ce que l’on se permet de faire, de ressentir, de vivre. Ainsi, le tango conduit-il à se demander si l’on vit en harmonie avec soi-même et, si ce n’est pas le cas, à se demander ce qui doit être changé.

Enfin, à travers le mouvement de la danse, le tango permet de comprendre qu'une vraie connexion n'est possible qu'entre deux êtres véritablement indépendants, des êtres qui ont leur propre équilibre. Dans le tango, chaque partenaire, à tout moment, recherche activement à demeurer stable sans avoir recours à l'autre pour y parvenir. Sur la base de ces deux équilibres personnels, le tango devient possible à condition que les deux partenaires soient à tout instant à l'écoute l'un de l'autre pour  interagir harmonieusement.

Tout en se présentant comme un passe-temps agréable et une source de plaisir, le tango fournit donc le contexte d’un processus de développement personnel. Venant au tango individuellement, les danseurs découvrent  souvent leur peur d’une vraie intimité, leur dépendance émotionnelle ou leur manque de confiance en eux et les couples qui viennent ensemble au tango voient souvent se révéler de leur côté de subtils mécanismes de dépendance dans leur relation, des ressentiments enfouis ou leur propension à rejeter les fautes sur l'autre.

 

Ainsi, alors que, de l'extérieur, le tango ne semble être qu'une danse de couple synchronisée, les personnes qui le pratiquent ont le sentiment amphigourique de participer à une mystérieuse alchimie, métaphore de tous les contacts entre les êtres humains…

 

*Milonga :un bal où l'on danse une certaine forme de tango argentin.

 

Cet article a pour origine un papier publié dans un magazine féminin en ligne russe Matrony.ru traduit par Aimée Zuniga, très fortement réécrit et remanié par mes soins.

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À LA RECHERCHE DES HOMMES

11 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

À LA RECHERCHE DES HOMMES

L’homme fait partie de la famille des Hominidés, dont tous les membres sont menacés de disparition, sauf lui-même. 

 

Sauf l’homme ? C’est toute la question. Soit l’homme n’est qu’un animal comme les autres, donc l’extinction de la race n’est qu’une question de temps, soit il constitue un être à part qui est capable de maitriser son propre avenir.

Cette alternative hante la question de l’origine de l’homme, une espèce issue du singe, qui a su s’imposer par ses qualités à toutes les autres d’une manière si éclatante que notre espèce se croit en droit de proclamer qu'elle a réussi à devenir aujourd’hui une espèce à part.  

Selon ce postulat, les hommes, issus d’une espèce unique de singes, auraient évolués vers une race humaine de plus en plus avancée, jusqu’à nous, l’homo sapiens sapiens, une espèce qui non seulement s’est imposée à toutes les autres espèces, mais qui désormais maitrise son destin. Mais les découvertes successives remettent ce postulat en question.

Par exemple, la découverte de l’Homo floresiensis dans l’île de Florès en Indonésie semble démontrer que cet homme, qui en est bien un, est issu d’une autres espèce d’Hominidés que l'homos sapiens. La taille de cet Homo floresiensis est si petite, 1,06 mètres, et la difficulté pour un Hominidé d’atteindre, sans avion ni bateau, l’île de  Florès depuis l’Afrique ou l’Asie est si forte que s’impose l’idée que cet homme était issu d’autres hominidés.

Du coup, l’hypothèse selon laquelle l’Homo sapiens, c’est à dire l’être humain actuel, est la seule espèce humaine, est remise en question. Il reste cependant que l'homo sapiens s'est bien répandu et installé sur l’ensemble de la planète à l’exception de l’Antarctique, tandis que les autres espèces s’effaçaient devant lui. 

Mais de quoi est constitué l'assemblage biologique qui constitue l’homo sapiens?  Au fur et à mesure où l’on en découvre des traces, on découvre aussi qu'elles remontent à beaucoup plus loin que l'on ne croyait à l'origine, trois cent mille ans au lieu de soixante mille ans. Ensuite, les recherches génétiques récentes, fondées sur la comparaison de l’ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles, indiquent que l’espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique  au terme d'une évolution comprise entre 300 000 à 60 000 ans avant la période actuelle.  

Par la suite, vers la même époque, c'est à dire il y a soixante mille ans environ, l'Homo Sapiens aurait quitté l'Afrique pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l’Homme de Néandertal en Europe ou l’Homme de Denisova en Asie.

Mais l'on découvre désormais que l’homo sapiens s’est hybridé avec ces populations:  selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier entre 1,8 % et 2,6% de gênes néandertaliens chez les populations non africaines modernes. En outre, plusieurs études publiées depuis 2010 indiquent que l’homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d’Australie actuels. On a même trouvé en 2014 qu’un gêne provenant des Dénisoviens améliorait le transport d'oxygène et ne se trouvait que chez les Tibétains et dans une moindre proportion chez les Chinois.

Aujourd’hui, le résultat de ces mélanges est que le génome des humains est identique à 99,9 %, un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères. Cette similitude serait explicable par la relative jeunesse de l'espèce et par le brassage des populations.

Mais avant  que l’homo sapiens, avec ses génomes quasi identiques, n’inonde le monde, on cherche à identifier les premières traces d'êtres humains qui sont apparues sur Terre.

À SUIVRE 

 

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SIGNER UN ACCORD AVEC LA CHINE

6 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

SIGNER UN ACCORD AVEC LA CHINE

Les négociations entre le Ministère des Affaires Étrangères (MAE) et la FNEGE pour la création d’un premier IAE en Chine commencèrent en 1987.

 

J’étais intégré dans cette négociation, en tant qu’initiateur du projet, au titre de la FNEGE et de l’IAE de Nice. Mais le MAE, bien parisien, ne pouvait pas concevoir que l’IAE de Nice, situé à seulement quelques encablures de la Promenade des Anglais, soit un interlocuteur universitaire assez sérieux pour représenter l’Université française face à la Chine.

Pour le rassurer, il fallut ajouter l’IAE de Paris, à l’époque situé dans le 5e arrondissement, pour renforcer l’offre universitaire. C’est ainsi que Jean-Pierre Helfer, Directeur de l’IAE de Paris, se joignit à l’équipe FNEGE et finit par récupérer la gestion de l’IAE Chine pour l’IAE Paris à la fin du lancement du programme.

Les négociations franco-françaises portaient sur le montant de la subvention du MAE à la FNEGE pour le lancement du programme pendant les premières années. Il fallait aussi déterminer le lieu que nous choisirions pour ouvrir la première formation. Nous nous étions mis d’accord, le conseiller culturel et moi-même, sur le choix de Tianjin et de l’Université Nankai et ce choix a été entériné par le MAE et la FNEGE.

Le programme s’étalait sur deux années, une année de formation au français et une année de formation à la gestion suivie d’un stage de trois mois minima dans une entreprise française, si possible déjà installée ou en voie d’installation en Chine. Car notre objectif, mon objectif en l'occurence depuis la conception du projet, était d'aider les entreprises françaises à investir le marché chinois.

Il fallait préparer un accord, et même un double accord, avec le Ministère des Affaires étrangères et le Ministère de l’enseignement chinois, ce dernier agissant au nom de l’Université Nankai.

Il fallait aussi recruter un professeur de français en France, pour l’envoyer à Tianjin donner la première année de cours, avant de recruter les professeurs de gestion qui iraient donner trois semaines de cours à tour de rôle, avec des intervalles suffisants pour organiser les examens, matière par matière. Bref, toute l’ingénierie de cette formation bien connue en France devait être montée pour s’adapter aux circonstances particulières d’un enseignement séquentiel en Chine.

Une fois le projet structuré et transmis aux parties chinoises, Jean-Pierre Helfer et moi-même priment l’avion Paris-Londres-Hong-Kong-Pékin en juillet 1987 pour signer les accords de coopération.

Cette signature donna lieu à trois incidents instructifs et à posteriori amusants.

Tout d’abord nos bagages s’égarèrent à Londres. Donc pas de costume ni de chemise pour la cérémonie officielle. Nous cherchâmes à acheter les vêtements nécessaires dans un des rares magasins alors disponibles à Pékin, mais les tailles manquaient pour des personnes de plus d’un mètre soixante. On les acheta tout de même, mais portés sur nous, l’impression était clownesque. Aussi étions nous très inquiets pour la signature et la photo de la cérémonie officielle qui allait sûrement paraitre dans la Quotidien du Peuple, trente millions d’exemplaires, sans compter l’étonnement probable de nos interlocuteurs qui ne manqueraient pas d’en déduire que les moyens financiers des professeurs français ne leur permettaient d’acquérir que des vêtements d’occasion chez des fripiers !

Heureusement, un deuxième incident permit de résoudre cette difficulté : l’ambassade de France en Chine nous apprit que le MAE chinois n’avait pas eu le temps d’examiner les contrats. Il fallait remettre de quinze jours la cérémonie de la signature de l’accord.

Nous ne pouvions pas rester à Pékin, notamment en raison des visas qui n’étaient valables que quelques jours. Nous reprîmes l’avion dans l’autre sens, Pékin, Hong-Kong, Londres, Paris. Puis quinze jours plus tard, nous primes à nouveau le même avion vers Pékin, portant cette fois-ci par précaution notre costume dans l’avion, précaution qui se révéla inutile. Nous signâmes l’accord qui fut bien publié dans le Quotidien du Peuple, puis nous nous apprêtèrent à prendre l’avion, non sans un dernier incident tout à fait imprévu, sinon imprévisible.

Mon collègue, Jean-Pierre Helfer, prit l’initiative hasardeuse de discuter, pour quelques yuans, la note de l’hôtel. Il fit alors connaissance avec la « bienveillance » de nos hôtes chinois que j’avais bien connue deux ans auparavant. Le concierge lui demanda son passeport et partit ailleurs faire semblant de chercher quelque chose. Cela dura assez longtemps pour que son manège menace de nous faire rater le départ de l’avion. 

Nos bruyantes protestations n’eurent aucun effet et il me fallut passer par la « porte de derrière », expression chinoise du pot de vin, pour qu’il daigne retourner à son détenteur le passeport de mon collègue…

 

Dans l’avion, je racontais à Jean-Pierre Helfer les nombreux incidents similaires que j’avais vécu à Pékin afin qu'il se rende compte qu’il était très dangereux de vexer un Chinois au moment même où il avait les moyens de se venger…

 

À SUIVRE

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LES PRÉPARATIFS DE L'ENTRE-DEUX GUERRES

1 Novembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

WILLIAM PITT LE JEUNE

WILLIAM PITT LE JEUNE

Rien n'était règlé́. Le traité n'établissait pas une paix stable, si bien que la guerre de Sept Ans apparut comme une suite logique du conflit dit de la Succession d’Espagne.

  

Le traité de paix d’Aix-la-Chapelle en 1748 rendit Louisbourg à la France en échange de Madras, sans faire disparaitre la concurrence commerciale et coloniale entre Londres et Versailles, en Amérique du Nord et aux Indes.

La même année, Maurepas liquide le corps des galères, tout en conservant les condamnés dans les ports qui formeront la majeure part de la main d’œuvre de force de la Marine Royale jusqu’au XIXe siècle. Il demande au Roi de doter la France d'une flotte de guerre proportionnelle à son empire colonial : « Quoi qu'il en soit, il convient que les forces de la France soient réglées relativement à celles des autres États maritimes. Je ne prétends pas que l'on doive avoir cent-vingt-cinq vaisseaux depuis 50 jusqu'à 100 canons, comme il parait que les Anglais les ont. (...) Il suffit d'entretenir soixante vaisseaux de guerre, lesquels réunis à ceux des alliés pourront balancer la puissance maritime des Anglais, car je suppose que le Roi aura pour alliés quelques-uns des autres États maritimes. »

Louis XV n’en augmente pas pour autant les crédits et Maurepas est disgracié en 1749 à la suite d'une cabale de Cour. Cependant les ministres qui succèdent à Maurepas jusqu’en 1757, Rouillé et Machault d'Arnouville, suivent la politique de leur prédécesseur, tandis que la suppression du corps des galères a permis de dégager des marges de financement.

Grâce au rythme élevé́ des mises en chantier, quarante-trois vaisseaux sont mis à̀ l’eau entre 1748 et 1755 et les effectifs flirtent avec les soixante vaisseaux de ligne, soit quatre-vingt-deux navires au total en y ajoutant les vingt-deux frégates, ce qui correspond à̀ l'objectif énoncé́ quatre ans plus tôt par Maurepas. Machault d'Arnouville, qui pense la reprise de la guerre inévitable réussit même à constituer un stock de bois de construction.

Si la Marine française est plus jeune et plus puissante en 1755 qu'en 1748, elle souffre de plusieurs handicaps, comme la faiblesse de son entrainement, la négligence des questions sanitaires  mais pour en arriver là, il a fallu rogner fortement sur l'entrainement, notamment des enseignes de vaisseau ou des canonniers, tandis qu’aucun progrès n'a été́ fait sur les questions sanitaires et le sort des matelots qui sont moins bien nourris, soignés, habillés, payés et entraînés que les marins anglais.

De son côté, la Royal Navy essaie de corriger ses faiblesses en copiant les vaisseaux français de 74 canons. Elle développe un système de ravitaillement à la mer en produits frais pour vaincre le scorbut, ce qui lui permet de tenir l'Atlantique des mois devant Brest, y compris en hiver. Elle construit aussi des bases bien équipées dans les Antilles pour pouvoir réparer sur place ses escadres et faire reposer les équipages pour se prémunir des épidémies tropicales.

Mais le plus important est que Versailles a fait le choix de la paix, contrairement à Londres, qui porte au pouvoir en 1754-1755, des hommes comme William Pitt bien déterminés à briser l'expansion commerciale et coloniale de la France.

Visant un maximum d’efficacité (et de perfidie), Londres engage les hostilités sans déclaration de guerre. Les Anglais commencent par s'en prendre avec une extrême violence aux populations d'Acadie qui refusent de prêter serment de fidélité. Puis, toujours sans déclaration de guerre, ils s’en prennent aux navires de commerce français. Même si Duguay, avec neuf vaisseaux, permet à plusieurs convois d'Amérique de rentrer sains et sauf sur Brest, les amiraux anglais raflent de septembre à novembre 1755 trois cents navires de commerce français et 6 000 marins, alors que le nombre total de marins dont dispose la France ne dépasse pas 50000 marins. Les Anglais confisquent les marchandises dont ils tirent 30 millions de livres tournois, presque l’équivalent du budget annuel de la Marine Royale.

Cette situation semble irréelle, avec une France qui reste stoïquement en paix face à des Anglais conduits par William Pitt qui lui font la guerre.

 

Ce n'est qu'en décembre 1755 que Louis XV, ouvrant enfin les yeux sur l'agression anglaise, lance un ultimatum exigeant, en vain, la restitution des navires saisis et ce n’est qu’au printemps 1756 qu'il rappelle ses diplomates et déclare officiellement la guerre au Royaume-Uni.

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UN MODÈLE ÉCONOMIQUE EN QUESTION

27 Octobre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

UN MODÈLE ÉCONOMIQUE EN QUESTION

En sus de son analyse des conséquences du COVID-19, Robert Boyer se risque également à une critique de la gestion de la crise, avec l’exemple de l’économie de la santé, qui représente un coût pour les macro économistes, un coût qui « pèse » sur la richesse nationale.

 

Si les dépenses de santé représentent un coût, il faut donc les réduire, d’où le contingentement des postes de médecin ou le plafonnement des dépenses hospitalières.

Une fois cette position de principe prise et les conséquences tirées, les ministres de l’économie guettent le «spread», c’est-à-dire l’écart de taux entre les emprunts d’Etat des différents pays, avec pour objectif de montrer une économie nationale qui attire suffisamment le capital pour que celui-ci vienne s’investir ici plutôt qu’ailleurs.

Pour cela, il faut limiter au maximum les dépenses publiques de santé, d’éducation, d’équipement ou de justice, car ce sont des « charges », sans prendre en compte que ces dépenses sont la contrepartie des services rendus à la collectivité.

Ce cadre de pensée, qui ne balance pas les bénéfices et les coûts de la dépense publique, fait que les administrations et les politiques ne disposent pas des bons outils d’évaluation. Il a en effet conduit à la mise en place de la gestion par activité dans les hôpitaux qui a engendré un incroyable gaspillage, car un bon indicateur d’une politique sanitaire devrait être le nombre d’années de vie en bonne santé. De même, une bonne gestion consiste à organiser efficacement le travail des équipes médicales pour assurer l’objectif sanitaire de la Nation.

Mais une contingence, l’irruption du virus COVID 19, a renversé le système de pensée des décideurs : jusqu’ici la finance définissait le cadre de l’action publique, y compris en matière de santé. Or, tout d’un coup, l’état sanitaire du pays s’est imposé comme le déterminant du niveau d’activité économique, tandis que les contraintes financières devenaient secondaires.

C’est ainsi que cette crise a révélé la soudaine importance de la santé publique, dont le fonctionnement était superbement ignoré par la théorie économique en vigueur dans les cercles du pouvoir. Cette dernière voulait ignorer en effet que, contrairement à nombre d’autres secteurs économiques, les innovations techniques dans le secteur de la santé engendrent des accroissements de coûts et non des baisses de coûts, du fait de l’objectif d’accroissement permanent de la santé publique : les IRM coutent moins chers qu’au début de leur mise en service, mais ils concernent de plus en plus de patients. On a donc découvert que se donner pour objectif de faire baisser le coût de la santé était une erreur stratégique.

En outre, la pandémie a montré que, dans certaines circonstances, le marché était dans l’incapacité de recueillir et de diffuser les informations nécessaires pour organiser les anticipations des acteurs économiques afin d’allouer efficacement le capital. En effet, avec la pandémie, nous sommes passés d’une économie du risque à une économie de l’incertitude radicale, définie par le modèle de l’épidémiologie qui gère l’incertitude au gré de l’apparition de nouvelles informations, elles-mêmes rapidement remises en question par l’apparition de nouvelles données.

Au départ, le choix des gouvernements était simple, binaire. Entre la vie humaine et l’activité économique, ils n’ont eu d’autre option que de sauver les vies et d’oublier tout autre objectif. Puis ils ont cru que le moment adéquat du déconfinement serait celui où le coût économique, en hausse, allait devenir supérieur au prix de la vie humaine sauvée.

Ils ont cru aussi que les scientifiques allaient leur donner la solution. Or chaque pandémie est unique et les problèmes qu’elle génère dépasse les connaissances scientifiques du moment. Les chercheurs doivent découvrir les nouvelles caractéristiques du virus en même temps qu’il se diffuse, rejeter les modèles du passé et en tester de nouveaux.

Comment décider dans ces conditions, alors que l’on sait que l’on ne sait pas encore ce que l’on saura demain ? Du coup, l’incertitude fondamentale de la science épidémiologique a fait perdre aux politiques la confiance du public. Osciller entre des injonctions contradictoires sur les masques puis sur l’accès aux tests ne peut que déstabiliser la confiance dans la parole publique.

Désormais, au lieu d’un dilemme, « les gouvernements sont maintenant confrontés à un trilemme : à la préservation de la santé et au soutien de l’économie s’est ajouté le risque d’atteinte à la liberté, redouté par une opinion défiante. » Désormais la crise du Covid-19, en nous faisant prendre conscience de la fragilité de la vie humaine, peut changer nos priorités: pourquoi accumuler du capital ? Pourquoi consommer de plus en plus d’objets à renouveler sans cesse ? A quoi sert un progrès technique qui épuise les ressources de la planète ?

 

Finalement, observant l'absence de croissance du Japon  depuis plus de vingt ans, on peut s’interroger sur la validité de son modèle économique, celui où les dividendes de l’innovation technologique ne sont pas mis au service de la croissance mais au service du bien-être d’une population vieillissante…

 

* Robert Boyer, Les Capitalismes à l’épreuve dela pandémie, 200 pages, ÈditionsLa Découverte.

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ÉVALUER LA CRISE PROVOQUÉE PAR LE COVID-19

23 Octobre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

ROBERT BOYER

ROBERT BOYER

À l’occasion de la publication d’un ouvrage* sur le sujet, Robert Boyer effectue un diagnostic de l’économie mondiale ébranlée par le coronavirus dans un entretien qu’il a accordé le 3 octobre 2020 au journal Le Monde. Je reprends et commente ci-dessous ses analyses, que je partage largement, en utilisant les guillemets lorsque je reprends directement le texte de son interview.


En bon scientifique, Robert Boyer s’attache à définir précisément les termes qualifiant la situation actuelle.

Crise sans doute, mais pas récession car « on ne peut pas appliquer des mots hérités des crises précédentes à uneréalité nouvelle ». En effet, définir la situation actuelle comme une récession lui parait une faute, car une récession se produit lorsqu’un cycle économique se retourne. Ce retournement a des origines endogènes, qui lorsqu’elles se modifient, provoquent mécaniquement la reprise. Or la crise actuelle résulte de la décision prise par les instances politiques de suspendre toute activité économique qui ne soit pas indispensable à la lutte contre la pandémie et à la vie quotidienne.

Il s’agit donc d’une « congélation » de l’économie qui s’accompagne, non d’un plan de relance puisqu’il ne peut pas y avoir de relance, mais d’un programme d’indemnisation des entreprises pour les pertes subies, mené au prix de l’explosion des dépenses publiques, une explosion possible grâce au relâchement de la contrainte de leur refinancement par les banques centrales.

L’arrêt brutal de la production, qui, pour certains secteurs comme le tourisme risque de se prolonger longtemps, a et aura des effets non seulement économiques mais aussi psychologiques, sociologiques, politiques et institutionnels. Rien ne reprendra comme avant, si l’on songe par exemple au travail à distance ou aux week-ends lointains.

Un tiers de la capacité de production s’est ainsi brutalement révélé n’avoir pas d'utilité sociale vraiment indispensable. Certains secteurs ont été  bouleversés par une modification structurelle des modes de consommation comme le tourisme, le transport, l’aéronautique, la publicité, l’industrie culturelle.

Comme la destruction de capital et de revenus est d’ores et déjà importante, il faut s’attendre à une baisse durable du niveau de vie moyen. C’est ce que les Français ont anticipé, en gardant en réserve l’épargne accumulée pendant le confinement. Pour qu’ils se résolvent à utiliser leur épargne, il faudra que la confiance revienne, une confiance mise à mal par la décoordination entre les acteurs. Cette décoordination a été provoquée par des engagements institutionnels mis à mal, tels que la sécurité sanitaire, la confiance dans les autorités publiques, la prévisibilité des marchés, la complémentarité des activités économiques, la synchronisation des temps sociaux, école,transport, travail, loisir…

On peut en déduire, puisqu’il ne s’agit pas d’une récession, que la stratégie économique guidée par l’idée qu’il s’agit bien d’une récession, qu’il suffit donc de maintenir ce qui reste de l’économie en l’état puis de relancer l’activité pour revenir à la situation antérieure, selon la fameuse reprise en « V », est vouée à l’échec.

Il n’y aura de « sortie de crise » que lorsque la transformation structurelle de l’économie qui est en train de se dérouler sous nos yeux sera suffisamment avancée pour retrouver une dynamique interne.

Or la « congélation » de l’économie a accéléré le transfert de valeur entre des industries en déclin et une économie de plates-formes en pleine croissance, mais qui offre une faible valeur ajoutée et un médiocre niveau de qualification à la majorité de ceux qui y travaillent : les acteurs de cette économie de plate-forme, les GAFA, Google, Apple,Facebook, Amazon, captent les rentes du capitalisme financier et contribuent à renforcer les inégalités économiques.  

Les inégalités économiques vont engendrer de nombreux perdants qui sont désormais incités à se tourner vers les Etats. Ces derniers sont en effet seuls capables de les protéger de la misère et du déclassement face à la toute-puissance des firmes transnationales du numérique, d’autant plus que la pandémie a replacé « leurs fonctions régaliennes et régulatrices » au centre des préoccupations des citoyens.

On peut en déduire que la puissance des GAFA engendre dialectiquement la montée des capitalismes nationaux défendus par leurs Etats respectifs, une dynamique illustrée par l’archétype de la Chine. On peut également prévoir que la consolidation de pouvoirs économiques nationaux s’opposera aux tentatives de gestion multilatérale des relations internationales, notamment économiques. Au sein de l’Union Européenne, la montée de ce populisme peut se révéler contradictoire avec les projets de coordination et faire émerger un faisceau d’Etats souverains avides de «reprendre le contrôle», à la manière de Boris Johnson.

Mais il est possible aussi que les mêmes forces nées de l’excès de pouvoir des GAFA puissent tout simplement amener le démantèlement du monopole des GAFA, de même qu’il est concevable que l’excès de contrôle du PCC sur la Chine puisse conduire à une révolte sociale et économique.

 

Ces prudentes prédictions incitent Robert Boyer à appeler à la modestie les prévisionnistes en se méfiant « des prédictions issues des modèles théoriques auxquels la réalité historique devrait avoir le bon goût de se plier…car c’est rarement le cas. »

 

À SUIVRE

 

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DEVENIR PLUS VÉGÉTARIEN

18 Octobre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

DEVENIR PLUS VÉGÉTARIEN

Les hommes ont été frustrés depuis si longtemps de ne pas parvenir à capturer, tuer et consommer tous ces animaux qu’ils pourchassaient, que l’élévation du niveau de vie des populations s’est toujours traduit par une augmentation de la consommation de nourritures d’origine animale. 

 

Désormais, la consommation alimentaire  d’origine animale, y compris les produits laitiers, représente trente pour cent des calories ingérées par les Français. Or, les dégâts de ce régime hyper protéiné sont bien connus, alors qu’il faudrait, pour la seule santé des êtres humains, faire passer la quantité de protéines journalières de 90 à 60 grammes par jour. De plus, seuls les produits végétaux permettent de satisfaire les besoins très élevés de glucose de notre cerveau.

Aussi, même si l’intérêt gastronomique des produits d’origine animale est grand, la nourriture végétale reste bien adaptée à la couverture des attentes nutritionnelles humaines, notamment pour la couverture des besoins en protéines et en acides gras. De plus, elle comporte des vertus essentielles pour l’entretien du micro-biote intestinal par les fibres alimentaires ou pour la protection de l’organisme par le monde des micronutriments protecteurs.

La question de l’actuelle réduction de la qualité biologique des protéines végétales ne se pose que pour des régimes totalement monotones à base de riz, de maïs ou de mil, mais elle ne se pose pas lorsqu’une diversification alimentaire suffisante est assurée.

Il reste qu’il faut prendre conscience que les hommes ont un besoin limité de calories d’origine animale pour assurer leur alimentation, alors qu’ils en consomment trop aujourd’hui

Ils en consomment également trop à quatre titres :

  • Tout d’abord, les hommes en consomment trop pour que l’on puisse assurer un niveau suffisant d’alimentation de l’humanité. Il est en effet de plus en plus nécessaire de réduire le volume des productions animales pour disposer d’une alimentation suffisante destinée à une population toujours plus nombreuse.

Alors que le principal gâchis alimentaire provient de la consommation trop élevée de produits animaux, il est paradoxal que l’on s’inquiète de la capacité de l’agriculture biologique à nourrir la planète. Au contraire, selon une étude prospective récente (Afterres 2050), une réduction de cinquante pour cent des calories animales consommées par l’humanité libérerait également cinquante pour cent des surfaces agricoles qui pourraient être consacrées à d’autres cultures.

  • Les hommes en consomment trop pour leur santé. La réduction des surfaces agricoles consacrées à l’élevage permettrait de se libérer de l’hyper productivisme agricole actuel et de son cortège de nuisances pour développer une agriculture de bien meilleure qualité alimentaire pour les êtres humains.
  • Les hommes consomment trop de proteines animales pour leur santé, mais ils en consomment aussi trop pour les équilibres  écologiques de la Terre. Aujourd’hui, la majorité des surfaces agricoles est consacrée à la nourriture des animaux d’élevage. Leur remplacement par des productions végétales biologiques permettrait de diminuer l’empreinte écologique de l’agriculture.
  • Enfin, ils en consomment trop pour les animaux eux-mêmes. La réduction de la consommation de produits animaux, viandes, œufs ou laits, permettrait de diminuer le nombre de ces élevages industriels concentrationnaires où les hommes se déshonorent d’y torturer des animaux qui souffrent, c’est le cas de l’écrire, mille morts.

 

Pour le bien de notre santé, pour se donner les moyens de nourrir une population humaine croissante, pour réduire l’empreinte écologique de l’agriculture et pour diminuer la souffrance animale, une alimentation plus végétarienne s’impose.

Qu’attendons nous ?  

 

 

 

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Vendredi 17 octobre 2020

18 Octobre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

La stupéfaction. L’horreur. La barbarie venue du fond des âges et de la haine de soi que l’on projette sur l’autre. La peine pour la famille et les proches de Samuel Paty, le professeur d’histoire martyrisé. Une pensée pour le collège du Bois d’Aulne, à jamais marqué par ce tragique événement. Voilà ce que l’on sent.

Un regard sur l’assassin abattu de onze balles et sur sa famille. Des gens fermés dans leur refus de l’autre. Des professionnels de l’islamisme regroupés autour de mosquées telle que celle de Pantin, qui fournissent leur matériel idéologique à qui en a besoin pour se croire persécuté. Voilà ce que l’on voit.

Des professeurs qui vont désormais pratiquer l’autocensure. Une victoire des islamistes, obtenue au prix de la montée des rancœurs dans la société non islamique. Voilà ce que l’on pressent.

De cet égorgement, quel bien en tirer ?  

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RETOUR À LA MAISON

13 Octobre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

RETOUR À LA MAISON

Il était temps que je rentre, littéralement, à la maison. En partant à Pékin, j’avais laissé ma femme se débrouiller toute seule pendant plus de deux mois avec ma fille âgée d’un peu plus d’un an. Pour les deux, cela n’avait été ni facile, ni même compréhensible. Est-ce que j’étais vraiment obligé d’aller enseigner en Chine ?

 

Non, rien ne le justifiait vraiment, si ce n’est ma soif personnelle de découverte et de création. En juillet 1985, je suis donc retourné à Nice, à la maison et à l’IUT de Nice, où j’ai retrouvé mes points de repères. Personne ne savait que j’allais être amené, dans les années suivantes à organiser la première école de gestion française en Chine avec le soutien de plusieurs personnes, au premier rang duquel je place le Secrétaire Général de la FNEGE, Jean-Claude Cuzzi.

Je reviendrai ultérieurement sur ce processus de création, car l’année 1985 fut une année charnière pour mes activités universitaires qui se développèrent dans plusieurs directions :

Mes publications évoluèrent. Je m’intéressais aux changements qu’avait induit l’organisation de la production au Japon et je publiais, avec Corinne Demarchelier un article dans Harvard l’Expansion au printemps 1985, intitulé « Management de la Production : le défi des années 80 ». Avec cet article, le niveau de mes publications s’élevait et ce fut encore plus net grâce au produit de ma coopération avec Kristian Palda.

En 1985, après un très long travail d’écriture et de correction avec Kristian Palda et Brian Ratchford, j’obtenais avec ces derniers, ce qui reste pour moi encore aujourd’hui la publication la plus prestigieuse de ma carrière, Research in Marketing, un article intitulé « The Hedonic Approach to Price-Quality Relationships and potential application in Marketing ».

Je ne manquais pas non plus de tirer les leçons de mon expérience à Pékin en proposant un document de recherche sur « L'évolution interne de la Chine et ses relations économiques avec l'Ouest ».

Puis, l’année 1986, je fus chargé d’un cours sur la Prévision auprès du CNAT à Alger, ce qui allait présager ensuite de l’organisation d’un cycle de formation dans cette ville.

La même année, je fus chargé d’un cours de Gestion de la Production auprès du CERS à Damas en Syrie. Ce fut l’occasion, après onze ans, de retrouver Damas, son extraordinaire vieille ville et tous les liens tissés avec la France. Il y avait bien une dictature au pouvoir, celle de Hafez el-Assad, le père du chef d’État actuel, sûrement féroce pour ses opposants politiques, mais on semblait vivre correctement à Damas, sans gros problèmes matériels ni craintes excessives. Mes étudiants me semblaient normaux, comme les autres étudiants du monde, le régime ne les empêchait pas de parler, de critiquer de s’interroger.

Des années plus tard, je vis le régime et avec lui, le pays tout entier, emporté dans la guerre, l’opprobre et le malheur. Je vis le gouvernement français couper tous les liens avec Damas, y compris avec le lycée français. Je vis le CERS détruit par un bombardement américain et, maintenant que la guerre a pratiquement cessé, j’attends le retour au bon sens, à l’humanité et aux échanges.

En 1986, toujours grâce à mes échanges avec Kristian Palda, je publiais un article dans la Revue de l’IIPF (International Institute of Public Finance) dans le champ théorique du choix public, peu approfondi en France : « Dette Publique et Choix Public : retrouver le lien » et un second article dans lequel je théorisais sur l’enseignement de la gestion en Chine, simplement titré « Enseigner la gestion en Chine » publié dans la Revue Française de Gestion.

 

Il s’agissait en effet d’appuyer les négociations qui s’engageaient lentement entre La FNEGE et le Ministère des Affaires Étrangères pour donner forme à mon projet de création d’un IAE en Chine.

 

À SUIVRE

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