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Le blog d'André Boyer
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L'INCROYABLE VICTOIRE DE FORT CARILLON I

6 Novembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA ROUTE DES TROUPES BRITANNIQUES VERS FORT CARILLON

LA ROUTE DES TROUPES BRITANNIQUES VERS FORT CARILLON

En cette année 1758, les Anglais se préparent à attaquer la Nouvelle France avec des forces considérables, bien supérieures en nombre et en moyens à celles dont dispose le marquis de Montcalm.

C’est le résultat de la stratégie logique de William Pitt, qui a décidé de se mettre en position défensive en Europe, où les troupes françaises sont fortes, pour passer à l’attaque contre la Nouvelle-France qui est faiblement protégée. Trois axes d’attaque sont planifiés en même temps, Fort Duquesne à l’ouest, Louisbourg à l’est et Fort Carillon au centre.

À l’est, nous avons vu dans mon dernier blog sur ce sujet (La victoire française et l’évacuation de Fort Duquesne en 1758) que les Français, quoique vainqueurs, vont être contraints fin novembre 1758 d’évacuer la place stratégique majeure de Fort Duquesne, compte tenu d’un rapport de force d’un contre douze.

Au centre, Fort Carillon constitue le verrou qui empêche les troupes britanniques de monter vers Montréal, deux cent kilomètres plein Nord. L’offensive a été confiée au General James Abercombrie, secondé par le brigadier général George Howe. Ils rassemblent une énorme force de seize mille hommes,  dont six mille issus de troupes régulières et dix mille provenant de milices du Connecticut, du Massachusetts, de New York, de New Jersey et de Rhode Island.

Le 5 juillet 1758, ces troupes sont embarquées sur des navires qui naviguent de nuit pour les déposer au nord du lac George. Côté français, le commandant de Fort Carillon, le Colonel François-Charles de Bourlamaque, sait depuis le 23 juin qu’une offensive majeure est en cours contre lui et, par ses éclaireurs qui sont toujours bien informés, il connaît approximativement l’importance des troupes engagées.

Montcalm le rejoint le 30 juin et découvre une garnison de trois mille cinq cent hommes faiblement encadrés, avec des réserves de nourriture pour neuf jours de siége seulement.  Compte tenu de l’effectif impressionnant des troupes ennemies et des capacités de résistance limitées du fort, il opte pour une stratégie défensive élastique.

Pour ce faire, il détache immédiatement Bourlamaque et trois bataillons pour défendre le passage au nord du lac George, à 10 kilomètres au sud de Fort Carillon.  Montcalm lui-même installe un camp avancé dans une scierie, tout en faisant renforcer les défenses à l’extérieur du fort. Il demande aussi au Gouverneur Vaudreuil de lui envoyer en renfort les quatre cent hommes du Chevalier de Lévis qui devaient rejoindre les forts de l’ouest de la Nouvelle-France ; ils se mettent en route depuis Montréal vers Fort Carillon le 2 juillet. On le voit, Montcalm faisait feu de tout bois.

Le 5 juillet, Bourlamaque apprend l’arrivée de la flotte britannique et envoie le capitaine Trépezet avec trois cent cinquante hommes pour l’observer et dans la mesure du possible, l’empêcher de débarquer. Mais cette flotte est si importante qu’elle pourrait « couvrir tout le lac George », selon le rapport du capitaine Trépezet.

Il est donc impossible de s’y opposer frontalement et Montcalm ordonne aussitôt la retraite à Bourlamaque. Il doit même s’y reprendre à trois fois, car ce dernier croyait dur comme fer pouvoir résister à cette marée humaine avec quelques centaines d’hommes ! Mais Trépezet et ses trois cent cinquante hommes n’exécutent pas la retraite assez rapidement et se trouvent isolés, d’autant plus qu’ils sont abandonnés par les Indiens effrayés par l’immense flotte britannique.

Le 6 juillet les troupes françaises construisent des retranchements sur les routes qui conduisent au fort, un kilomètre au nord, tandis que les troupes britanniques débarquent sans opposition au nord du Lac George. Elles se mettent en marche aussitôt en passant par l’ouest du chenal qui relie le lac George et le lac Champlain, car elles ne peuvent pas emprunter sur le côté est le chemin de portage dont Montcalm a fait détruire les ponts.

Les troupes ont du mal à avancer en raison de l’épaisseur de la forêt. De plus, au lieu dit Bernetz Brook, elles se heurtent dans l’après-midi au détachement du capitaine Trépezet en pleine retraite. Le général Howe est immédiatement tué par une balle de mousquet, tandis que des miliciens du Massachussetts coupent la retraite des Français. Cent cinquante d’entre eux sont tués, cent cinquante capturés et cinquante s’échappent à la nage, dont Trépezet qui meurt le lendemain des blessures qu’il a reçues pendant la bataille.

C’était bien la peine de faire venir quatre cent hommes à marche forcée de Montréal pour en sacrifier trois cent cinquante dans l’affolement du repli !

 

De leur côté, les Anglais étaient démoralisés par la mort de leur commandant en second, le général Howe, qui était beaucoup plus capable qu’Abercombrie. De plus, ils étaient épuisés par la marche à travers les bois épais, d’autant plus qu’ils ne s’étaient guère reposés après avoir leur navigation de nuit. Ils décidèrent de dormir dans la forêt et de retourner le lendemain 7 juillet à leur point de débarquement.

 

À SUIVRE

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LA FIN DES POLITIQUES

30 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

Celui, ou celle, qui exerce le pouvoir revêt deux figures, l’expert et le leader, la première résultant du paradigme scientifique, la seconde issue de la nuit des temps.

 

Les détenteurs juridiques du pouvoir ont de plus en plus de mal à l’exercer parce que le pouvoir (postestas) est désormais privé d’autorité (auctoritas) et qu’il s’en trouve d’évidence amoindri. Lorsque les policiers revendiquent le pouvoir d’ouvrir le feu plus facilement sur les délinquants, cela signifie que leur autorité affaiblie nécessite d’être compensée par plus de force coercitive pour que le pouvoir de la police soit rétabli. 

On peut se lamenter à l'envi sur la disparition de l’autorité, mais lorsque l’on cherche les moyens de la rétablir, on découvre que la force ne peut être renforcée que par des moyens triviaux qui laissent échapper l’autorité comme le sable fin entre des mains malhabiles.  

Il faut donc dépasser la déploration, reconnaître que le vase est définitivement brisé et retrouver les moyens de ressaisir ce pouvoir sans autorité qui atteint tous les corps constitués du pouvoir, la famille, l’entreprise et la société toute entière.

Dans les familles, je laisse à l’appréciation de chacun le soin de juger de l’évolution du pouvoir des parents sur les enfants au cours du demi-siècle écoulé, surtout si l’on se représente à quel point le concept de famille a éclaté, mari et femme avec enfants, divorcé(e) avec enfant, couples d’homosexuels avec enfants adoptés ou procréés selon des formules de plus en plus complexes, sans compter, du fait de la diversité, toutes sortes de familles polygames aussi dissimulées qu’éclatées…

Au sein de cette hétérogénéité de statuts, où pourraient bien se nicher l’autorité de personnes que l’on hésite à qualifier de parents mais plutôt de géniteurs ?

Dans les entreprises, le pouvoir est provisoirement entre les mains des financiers et des managers, entrainant force discussions sur la question de la légitimité comparée des shareholders et des stakeholders, discussions aujourd’hui dépassées si l’on intègre la question de la disparition de l’autorité.

Face à des managers souvent jugés incapables d’assurer la survie de leurs entreprises, leurs collaborateurs ne leurs attribuent aucune autorité mais simplement le pouvoir provisoire de les limoger s’ils avaient l’imprudence de faire connaître leur appréciation ! Il reste que l’avenir des entreprises et de toutes les organisations intermédiaires, entreprises publiques, associations, est aux débats, aux assemblées et aux votes, et non au pouvoir dictatorial des actionnaires au nom du Dieu-Marché…

Enfin, pour la société humaine dans son ensemble, l’origine du pouvoir n’est plus guère contestée, puisque la conviction s’est peu à peu forgée, d’Aristote à Rousseau, que le pouvoir sur le peuple ne devait dépendre que de la souveraineté du peuple.

Restait à définir les modalités et les limites de ce pouvoir. Le pouvoir démocratique devait veiller à la fois à ne pas se fragiliser et à ne pas devenir tyrannique. Dans cet interstice, celui de la difficulté technique pour le peuple d’exercer son pouvoir, se sont glissés les intermédiaires qui ont prétendu prendre des décisions au nom du peuple et à sa place, comme auparavant ils prétendaient gouverner au nom de Dieu.

Politiciens, journalistes et groupes de pression se sont emparés du pouvoir démocratique. Ils étaient si éloquents, ces animateurs de télévision, ils étaient si compétents, ces énarques et ils étaient tellement déterminés à décider pour les autres, ces dictateurs de tout poil!

On les a cru, par tradition, conviction et par force, mais où se situe leur autorité lorsque l’on observe celle de notre actuel Président de la République ?

Aujourd’hui, c’est fini.

Le pouvoir que nous acceptons ne peut venir que de nous-mêmes, et non pas d’un quelconque intermédiaire qui prétend savoir mieux que nous ce qu’il faut faire à notre place, sous prétexte qu’il serait politicien, énarque, journaliste ou même artiste.

Mais le débat a toujours porté sur la forme de procédure à mettre en place pour passer de la volonté individuelle au pouvoir collectif. Une formule, faiblement contestée (voir cependant La tyrannie de la majorité, de Vittorio Alfieri) est celle du vote majoritaire, à ceci prés que les intermédiaires prétendaient, avec de moins en moins de force, que le vote ne pouvait consister qu’à leur remettre les clés du pouvoir, à charge pour eux de convaincre les électeurs de les réélire indéfiniment puisqu’ils étaient les seuls capables de l'exercer au nom de tous...

Une fois cette formalité rituelle remplie, à eux l’ivresse vénéneuse du pouvoir, le vrai, celui qui s’exerce sans partage ! Mais le voile s’est déchiré, l’autorité a disparu.

Dans ces conditions, on ne voit plus très bien quel rôle assigner à des intermédiaires, sinon celui de la mise en œuvre pratique de décisions prises en commun : une démocratie délibérative et participative ouvre de fait à l'effacement programmé de l’homme politique. Il faut se convaincre que l’effondrement des transcendances qui fondaient les valeurs des sociétés antérieures fait que toute norme d’action ne peut désormais être acceptée que par des procédures de discussion publiques sur les fins poursuivies en commun.

Or, ce changement en cours que constitue le passage de la démocratie représentative à la démocratie délibérative ne constitue pas un détail d’organisation de la vie publique ou une sorte de perfectionnement ultime de la démocratie.

Il s’impose comme une question vitale pour l’humanité qui se trouve contrainte d’inventer le plus rapidement possible le système de prise de décision le plus efficace possible pour faire face au défi majeur qui l’attend pour les deux prochaines générations, la croissance démographique combinée à celle de la consommation individuelle. 

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LA VICTOIRE FRANÇAISE ET L'ÉVACUATION DE FORT DUQUESNE EN 1758

20 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA VICTOIRE FRANÇAISE ET L'ÉVACUATION DE FORT DUQUESNE  EN 1758

À la suite de la cuisante défaite de Fort William Henry en 1757, les généraux britanniques furent relevés de leur commandement.

 

En 1758, le gouverneur de la Nouvelle France Pierre de Rigaud de Vaudreuil et le Marquis Louis-Joseph de Montcalm, général en chef des troupes de la Nouvelle-France ne reçurent que de faibles renforts en raison du blocus des côtes françaises par la British Navy.

De plus, un hiver très rude entraina de faibles récoltes et les accusations de corruption contre François Bigot, l’intendant de la Nouvelle-France, assombrirent l’ambiance de la colonie. François Bigot avait multiplié par cinq les dépenses de la Nouvelle-France entre 1755 et 1759, mais en partie en vain car il s’en était approprié une bonne partie. Après la bataille, il sera d’ailleurs condamné lors de « l’Affaire du Canada » à restituer un million cinq cent mille livres au Trésor Royal.

Enfin, le commerce des peaux, qui était l’une des ressources importantes de la Nouvelle-France  s’effondra en raison d’une épidémie de variole qui contraignit les tribus indiennes à s’abstenir de commercer avec les Français pour limiter l’épidémie.  

Bref, malgré les victoires militaires, l’avenir s’assombrissait.

Montcalm décida alors de concentrer ses maigres forces pour protéger la région du Saint Laurent autour des défenses avancées de Carillon, de Québec et de Louisbourg tandis que Vaudreuil continuait à plaider pour le maintien de la tactique de harcèlement des troupes anglaises qui avait si bien réussi les années précédentes.

Erreur stratégique de Montcalm ? Ce n’est pas sûr, tant il y avait de raisons de ne pas gaspiller des moyens militaires limités.

Du côté anglais, les échecs subis en Amérique du Nord et en Europe amenèrent à la tête du gouvernement un couple de dirigeants conflictuels  (voir mon blog du 12 septembre dernier, La stratégie de William Pitt), le Duc de Newcastle et William Pitt. Ce dernier imposa son plan qui avait provisoirement échoué en 1757 sous la conduite de Loudoun, aussitôt remplacé par Abercombrie. Il s’agissait, en s’appuyant sur un rapport de forces très favorable aux Britanniques, de conduire trois offensives majeures visant à s’emparer du cœur de la Nouvelle-France.

En 1758, une première étape consistait à occuper enfin, après plusieurs tentatives, de la position de Fort Duquesne qui commandait le contrôle de l’Ohio. Pour y parvenir, le commandant britannique John Forbes partit à la tête de six mille hommes au cours de l’été 1758 de Carlisle en Pennsylvanie. Son plan, très prudent, consistait en une marche lente et méthodique appuyée sur la construction de forts et de points de ravitaillement.

À l'approche de Fort Duquesne, Forbes envoya le major James Grant faire une reconnaissance à la tête d'une troupe de 800 hommes. Il arriva dans les environs du fort le 13 septembre et ses reconnaissances ne lui permirent pas d’estimer à leur juste valeur les capacités militaires des cinq cent hommes de la garnison française. C’est pourquoi, pour se donner la gloire de s’emparer du fort sans attendre le gros de la troupe, il décida dés le lendemain d’attaquer. Son plan grossier consistait à envoyer le 77e bataillon d’Highlanders sous les ordres du capitaine McDonald, avec force battements de tambours  et cornemuses pour attirer les troupes françaises et indiennes dans un piège qu’était censé tendre le reste de son détachement.

Mais les troupes françaises et indiennes, dirigées par le capitaine Charles Philippe Aubry se déplaçant rapidement dans les bois, accablèrent les troupes de McDonald et débordèrent les forces censées les piéger. Lors de cette bataille, les huit cent britanniques subirent une énorme perte de 342 hommes alors que les Français et les Indiens n’avaient que huit tués. Grant en personne fut fait prisonnier et les troupes anglaises survivantes, à peine plus de la moitié, se replièrent en toute hâte pour rejoindre l’armée de Forbes, qui dans un premier temps décida d’attendre le printemps 1759 pour attaquer Fort Duquesne.

Mais un évènement nouveau intervint avec le lâchage des Français par les tribus indiennes de la vallée de l’Ohio, impressionnées qu’elles étaient par le nombre des troupes anglaises.

Aussi, sachant qu’il ne recevrait pas de renforts de troupes en raison de la nécessité de concentrer l’armée française pour la défense du cœur de la Nouvelle-France, le commandant du fort, Charles Philippe Aubry, décida de l’abandonner et de se replier plutôt que de sa faire écraser par des troupes dix fois supérieures en nombre. Il resta néanmoins dans le fort jusqu’aux abords de l’hiver avant de l’incendier 26 novembre et de le quitter sous le couvert de l'obscurité.

Lorsqu'il apprit cette nouvelle, Forbes décida courageusement de repartir à l'offensive, occupa les ruines du fort qu’il fit reconstruire. Il lui donna le nom de William Pitt, à partir duquel la ville construite autour de l’emplacement fut plus tard appelée Pittsburgh.

 

Invaincus, mais cédant sous le nombre, les Français avaient dû se résoudre à abandonner la vallée de l’Ohio, ce qui créait un hiatus au sein des possessions françaises en Amérique du Nord entre la Nouvelle-France au nord et la Louisiane au sud.  

 

À SUIVRE

 

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LA CÔTE D'IVOIRE, LES PAYS FRANCOPHONES ET LA FRANCE

10 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA CÔTE D'IVOIRE CHAMPIONNE DE LA CROISSANCE

Aveuglés par des médias obnubilés par l’Europe, les Etats-Unis et la Chine, nous ne voyons pas les performances de nos proches voisins et amis africains et le rôle que la France devrait y jouer.  

 

L’Afrique francophone connaît en général une forte croissance et tout particulièrement la Côte d’Ivoire qui devrait atteindre une croissance de 8,5% de son PNB en 2016, selon le dernier rapport semestriel « Perspectives économiques mondiales» de la Banque mondiale, après avoir connu, tenez vous bien, une croissance annuelle de 9,3% sur la période 2012-2015 !

Qui en a entendu parler dans les medias non spécialisés ? Non seulement la Cote d’Ivoire réalisera en 2016 la plus forte croissance de tous les pays africains mais elle l’a déjà réalisé pour sa croissance moyenne durant les cinq dernières années !

La performance réalisée par la Côte d’Ivoire, un pays de 24 millions d’habitants légèrement plus grand que l’Italie, est particulièrement remarquable compte tenu de son niveau de développement (1400 dollars par habitant fin 2015).

Le processus de croissance s’est amorcé dès la fin de la grave crise politique des années 2000, avec l’engagement de la Côte d’Ivoire dans de profondes réformes économiques visant à mettre en place un environnement favorable à l’investissement.

De nombreuses mesures ont été prises afin de faciliter, sécuriser et mieux encadrer les investissements qu’ils soient étrangers ou locaux, comme la mise en place d’un nouveau code des investissements, d’un guichet unique de création d’entreprises et d’une plateforme d’échanges pour centraliser les appuis des partenaires au développement de l’environnement des affaires, tout en maintenant une faible pression fiscale, de l’ordre de 16,7 % du PIB pour l’année 2016.

Aussi la Côte d’Ivoire vient-elle d’être désignée comme étant l’économie subsaharienne la plus attractive pour les investissements, par le rapport 2015 du Nielsen Africa Prospects Indicateurs (API).

Les réformes accomplies par le pays, son économie diversifiée, les inquiétudes concernant un certain nombre de pays fortement dépendants de leurs ressources naturelles et sa monnaie particulièrement stable expliquent ce regain manifeste d’attractivité. De plus, le pays investit massivement dans l’éducation et la formation dont le budget a augmenté  de 22 % cette année.

Pris globalement, les pays francophones d’Afrique ont d’ailleurs réalisé cinq des dix meilleures performances continentales pour l’année 2016.

Avec une prévision de 6,6 %, le Sénégal se classerait cinquième, devançant trois autres pays francophones, Djibouti (6,5 %), la République démocratique du Congo (6,3 %) et le Cameroun (6,0 %). C’est un résultat d’autant plus remarquable que le Cameroun (1250 dollars par habitant) et le Sénégal (910 dollars par habitant) ont déjà un niveau de développement plus élevé que celui de la majorité de pays subsahariens.

L’Afrique subsaharienne francophone devrait à nouveau arriver en tête de la croissance africaine pour la quatrième fois en cinq ans avec une croissance globale annuelle de 5,1 % en moyenne, alors que la moyenne n’a été que de 3,7 % pour l’Afrique subsaharienne anglophone.

Face à cette Afrique francophone, amie et en pleine croissance, regroupant 370 millions d’habitants et s’étendant sur 14 millions de km2, soit plus de trois fois l’Union européenne, quel rôle joue la France ? Elle n’y a réalisé que 3,7 % de son commerce extérieur en 2014, Maghreb compris et seulement 1,1 % avec sa partie subsaharienne. Pour cette dernière, la Chine est désormais le premier fournisseur, devant la France avec une part de marché de 13,6 % contre 9,7 %.

En particulier, la France brille par son absence dans le désormais plus grand pays francophone du monde, la République Démocratique du Congo (RDC) et ses 74 millions d’habitants, dans lequel la France n’a que  3 % de part de marché. Elle vient même d’être dépassé par le Maroc en tant que premier investisseur étranger en Côte d’Ivoire en 2015. Bravo pour le Maroc, mais quid de la stratégie économique de la France.

 

 

Voici des pays en très forte croissance, plus que la Chine, francophones, amis et voisins, avec lequel nous avons des relations linguistiques, démographiques, historiques et culturelles profondes. La France ne devrait-elle pas leur accorder une priorité absolue pour ses investissements et ses échanges économiques? 

 

PS: ce blog est largement inspiré d'une tribune parue dans LES ECHOS du 2 août dernier, intitulée "La Côte d'Ivoire, championne de la croissance africaine" écrit par Ilyes Zouari, Secrétaire général adjoint de la Revue Population & Avenir. 

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Ma stratégie face au jury

4 Octobre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

                      Ma stratégie face au jury

Ai bout du doigt, le globe terrestre...

 

Dans le dernier blog relatif au récit de mes débuts professionnels (Pierre Baranger l’ami, du 20 juin 2016)) j’ai rendu hommage au Professeur Pierre Baranger qui s’était proposé de me fournir les sujets de préparation au concours dont il bénéficiait à Paris.

 

C’était très généreux de sa part, d’autant plus que je n’avais accès à  aucune préparation au Concours d’Agrégation  à Nice et que j’ignorais tout de ce concours. Son offre m’avait ragaillardi en me sortant de l’isolement, mais il restait à mettre au point ma stratégie face au jury et surtout à la mettre en œuvre. 

J’ai indiqué dans un blog plus ancien (Retour au combat) quel était le déroulement du concours, constitué de trois étapes, la première, éliminatoire, dédiée aux travaux, suivie si le candidat franchissait cette première étape, de deux étapes liées, une étape théorique portant sur un sujet de gestion et une étape appliquée portant sur une étude de cas dans le domaine de spécialité choisi par le candidat.

Comme j’étais convaincu, à tort on le verra, qu’en raison de mon succès significatif au concours de Maitre de Conférence qui ne précédait que d’un trimestre le concours d’Agrégation, je passerai sans encombre la première étape, je me concentrai sur les deux suivantes.

Pour ce faire, je disposais d’une période de trois mois, de février à avril 1980, entre la fin du concours de Maitre de Conférences et la fin de la dernière épreuve du concours d’agrégation. Je ne me souviens pas d’avoir donné des cours pendant tout ce temps, sans doute parce que j’avais été déchargé, heureux temps, de mon service pour préparer le concours. Heureux temps encore, je ne pense pas avoir payé de ma poche les déplacements sur Paris, quatre au moins avec la réunion préparatoire et les épreuves, ni les séjours à l’hôtel Perreyve, rue Madame, dont j’avais fait ma base.

J’ai d’ailleurs eu le temps de me lier temporairement avec les propriétaires de l’hôtel, de bons aubergistes de Lozère montés à Paris pour une vie laborieuse mais fructueuse d’hôteliers et de connaître les arcanes de leur gestion très rentable, assez pour avoir sérieusement envisagé plus tard d’acheter l’hôtel !

Je me souviens aussi du train, qui demandait soit toute une nuit, soit toute une journée pour parcourir la distance Nice Paris et des rencontres que l’on y faisait. Je me souviens ainsi, lors d’un retour vers Nice, d’avoir passé un accord verbal avec une femme d’affaires marseillaise pour être serveur de plage au Cap d’Agde au cours de l’été suivant, mais ma réussite au concours a fichu, si je puis l’écrire, ce projet original à l’eau !

L’essentiel de cette période s’est tout de même passé à Nice. Pour l’épreuve théorique, mon idée de base était de chercher à compenser la connaissance que j’estimais superficielle des différentes disciplines de gestion par une combinaison de documentation livresque et d’interviews de  collègues, avec pour but d’en retirer la substantifique moelle.

Plus précisément, je lisais quelques ouvrages dans chaque discipline en me posant des questions sur le sens caché, ou profond, des théories et des pratiques qui y étaient présentées. Ces questions qui me venaient à l’esprit au moment de la lecture, je les notais pour les présenter à mes collègues niçois spécialistes des principales disciplines de gestion, le marketing, la finance, la gestion des ressources humaines, la stratégie, la comptabilité, le contrôle de gestion…

Pour chaque discipline, je consacrais trois jours environ à lire, donc à me documenter superficiellement et surtout à préparer des questions, avant de rencontrer successivement mes collègues à qui j’avais au préalable demandé rendez-vous.

Je me souviens très bien d’avoir interviewé, et même interrogé, les professeurs Jacques Lebraty et André Micallef, je ne crois pas avoir pu rencontrer le Professeur Robert Guilheneuf, mais j’ai surtout retenu ma rencontre avec Joseph  Raybaud, Maitre de Conférences et expert comptable, passionné, non pas de comptabilité en soi mais de philosophie de la comptabilité, ce qui me convenait parfaitement. Je me souviens des heures que nous avons passées jusqu’à la nuit dans la petite salle qui se trouvait au rez-de-chaussée de l’IAE, lui s’échauffant tout en marchant de long en large, moi l’écoutant avec ravissement, armé d’un magnétophone. Le monde des principes comptables s’animait devant mes yeux émerveillés, de répliques en répliques le monde des idées nous sautait au visage et à la fin de cette aventure intellectuelle de plusieurs heures le monde ne pouvait être qu’à nous! 

Bref, pendant ces quelques semaines de lecture et de dialogues, je recueillais, ou je croyais recueillir, l’essence même de la science acquise par mes collègues, afin de pouvoir affronter l’épreuve théorique.

 

La vérité, à posteriori, m’oblige à convenir que j’avais surtout trouvé un moyen agréable de rencontrer mes collègues mais qu’à l’épreuve du feu l’efficacité de l’opération allait se révéler assez faible…

 

À SUIVRE

 

 

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1757, LA PRISE ET LE MASSACRE (RELATIF) DE FORT HENRY

29 Septembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

1757, LA PRISE ET LE MASSACRE (RELATIF) DE FORT HENRY

LA CARTE DU LAC GEORGE OÙ LES TROUPES DE MONTCALM DESCENDENT DEPUIS FORT CARILLON AU NORD ATTAQUER ET PRENDRE FORT WILLIAM HENRY AU SUD

 

L’hiver 1756-1757 laissa aux deux protagonistes le temps de préparer de nouveaux plans de campagne…

 

Lord Loudoun avait prévu d’attaquer Québec, la capitale de la Nouvelle France, dés cette année 1757. Laissant une force assez importante à Fort William Henry pour tromper Montcalm, il commençait à organiser son expédition vers Québec lorsqu’il reçut l’ordre de William Pitt, qui était alors le Secrétaire d’État chargé des colonies, d’attaquer d’abord Louisbourg, qui commandait la côte est du Cap Breton et qui protégeait l’accès à la ville de Québec.

Entravée par toutes sortes de délais, l’expédition ne fut prête à faire voile vers Halifax qu’au début du mois d’août. Mais pendant ce temps, de nombreux navires français avaient forcé le blocus maritime pour rallier Louisbourg, si bien que Lord Loudoun ne put que constater l’infériorité de la flotte britannique qu’il commandait comparée à la flotte française qui l’attendait de pied ferme à Louisbourg.

Aussi décida t-il de retourner à New-York où il apprit la nouvelle déprimante du siège et du massacre de Fort William Henry en août 1757. Le fort était situé au sud est du Lac George et défendu par une garnison d’environ deux mille hommes qui finirent par atteindre 2500 hommes dont un bon nombre était atteint de la variole, soldats britanniques et milices provinciales commandés par le lieutenant colonel Georges Monro.

À la suite des attaques subies par les forts français, Montcalm cherchait à détruire Fort William Henry qui constituait une base d’attaque contre Fort Carillon, ce dernier assurant la protection du cœur de la Nouvelle France. Fort William Henry était en effet installé à l’extrémité du Lac George, constitué d’une étendue d’eau de 54 kilomètres de long sur 1,5 à 5 kms de largeur, s’étendant du Nord au Sud entre Montréal et Albany. C’était une voie d’entrée dangereuse vers le cœur de la Nouvelle France, mais Montcalm hésitait à consacrer ses faibles ressources au siège du fort, sans savoir au préalable quels étaient les plans britanniques et ce n’est que lorsqu’il apprit que l’objectif principal des Anglais était Louisbourg, qu’il jugea possible d’attaquer Fort William Henry dont la garnison serait probablement limitée.

Dés décembre 1756, le marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle France avait commencé à recruter des Indiens du Pays d’en Haut  pour la campagne  militaire de l’été 1757 et c’est ainsi qu’il parvint à en rassembler 1800 qui se  joignirent aux 6000 hommes de Montcalm, dotés de 36 canons et de 4 mortiers. Ce dernier les rassembla autour de Fort Carillon, avant de les faire descendre vers Fort William Henry le 30 juillet, en partie à pied le long du lac George et en partie par bateaux. Sous le commandement de François de Gaston, Chevalier de Lévis, les premières troupes composées du régiment de Guyenne accompagnés d’Indiens campèrent le 2 août à cinq kilomètres du fort, Montcalm les suivant. Dans la nuit du 2 au 3 août, les Britanniques ne prenaient aucune mesure afin d'empêcher les Français de débarquer sur la rive, car ils s’attendaient à ce que l’attaque française vienne de l'ouest alors que Montcalm avait décidé de frapper par le nord-ouest où les défenses étaient plus faibles. Le 3 août, Montcalm fit construire une route et des tranchées, tandis que son avant garde bloquait la route vers le fort Edward au sud. Il demanda le même jour à 11 heures du matin à Monro de capituler. Ce dernier refusa et envoya des messagers pour demander des renforts au Brigadier General Daniel Webb à Fort Edward, qui commandait toute la frontière de l’État de New York.

Webb, qui lui avait déjà envoyé mille hommes  et qui ne disposait plus que de 1600 hommes à Fort Edward pour barrer la route de la capitale de l’État, Albany, refusa, se sentant lui-même menacé par l’avance des troupes françaises. Il écrivit le 4 août à Monro pour lui conseiller de négocier les meilleurs termes possibles de sa reddition. La lettre fut interceptée et remise à Montcalm.

Dans l’intervalle, Montcalm avait demandé à François-Charles de Bourlamaque, qui commandait les régiments du Béarn et du Royal Roussillon, de commencer le siège du fort. Il fit construire des tranchées et dés le 5 mai le bombardait à une distance de 1800 mètres. Le lendemain , les tranchées permettaient de croiser la première batterie avec une seconde, située à seulement 300 mètres du fort. Le 7 août, les murs du fort étaient largement entamés, de nombreux canons étaient hors d’usage et la garnison avait subi de nombreuses pertes, si bien que le lendemain, alors que les troupes françaises n’étaient plus qu’à 250 mètres, Monro issa le drapeau blanc pour ouvrir des négociations.  

Du 7 au 9 août, les Anglais négocièrent les conditions de leur reddition. Comme d’habitude, Montcalm accepta des conditions très (trop ?) généreuses puisqu’il accepta que toute la  garnison puisse quitter le fort  jusqu'à Fort Edward sous la protection des troupes françaises, avec leurs mousquets et un canon symbolique, contre l’engagement de Monro de ne prendre part à aucune action contre les Français pour une période de 18 mois et contre un échange de prisonniers.

Mais pendant la retraite des Anglais, les Indiens tentèrent de massacrer les membres de la garnison. Une première fois, le 9 août dans le fort même et une deuxième fois  le 10 août sur la route de Fort Edward.  Ce dernier jour, les Français intervinrent trop tard et sur 2308 soldats, 300 environ (15%) furent massacrés, ce qui relativise l’accusation de massacre généralisé colporté par la propagande britannique.

 

À la suite de cette cuisante défaite, le Général Loudoun et le général Webb furent relevés de leur commandement et les troupes  anglaises furent mises dans l’impossibilité pour l'année 1757 de se livrer à de nouvelles opérations au sud de Montréal.

 

À SUIVRE

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L'ÉLECTION D'HILLARY CLINTON MENACÉE PAR LES "DÉPLORABLES"

21 Septembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ÉLECTION D'HILLARY CLINTON MENACÉE PAR LES "DÉPLORABLES"

HILLARY CLINTON EN DONNEUSE DE LEÇONS

À ce jour, il me paraît évident que Donald Trump est en capacité de remporter les élections US, n’en déplaisent à l’ensemble des medias français qui le couvrent d’injures et de sarcasmes depuis qu’il a émergé en politique.

 

Ces medias, à l’unisson de la grande majorité des medias américains, ont d’abord annoncé que Trump ne gagnerait jamais les primaires, puis une fois les primaires remportées, qu’il était loin derrière Clinton dans les sondages. Et ceci, jusqu’à la semaine dernière, quand en quelques jours Hillary Clinton a prononcé sa fameuse phrase sur les « déplorables » avant de littéralement s’affaisser devant une caméra sans doute tenue par un des «déplorables » qu’elle dénonce.

C’est alors que le rideau s’est brusquement déchiré.

Que se passe t-il donc devant nos yeux aveuglés par le discours médiatique ? C’est tout simplement le temps de la colère de l’opinion publique qui se manifeste, colère contre des politiciens qui mettent en danger la société formée de ces gens qui sont aussi des électeurs, malheureusement pour les politiciens.

Déjà en juin, le Brexit était la manifestation d’une rébellion de l’opinion publique contre l’idéologie mortifère de ses élites. Aujourd’hui, de l’autre côté de l’Atlantique, le même esprit de révolte anime le vote Trump.

En août, ignorant ce signal, la victoire de Trump était considérée comme hautement improbable par les commentateurs sophistiqués de Washington, car il n’était à leurs yeux qu’une « grande gueule » incapable d’entrer à la Maison Blanche. Par contraste, son opposante démocrate Hillary Clinton était dépeinte comme la candidate idéale, capable d’exprimer des opinions convenables et bourrée d’expérience.

En septembre, le tableau a totalement changé. Selon le dernier sondage du Los Angeles Times, Trump mène de six points devant Clinton au niveau national et il est en tête dans les deux États clés de Floride et de l’Ohio. Tous les jours, dix sondages donnent des signaux contradictoires, maisl il demeure que la perspective d’une victoire de Trump apparaît comme tout simplement scandaleuse pour les libéraux américains, tant ils restent convaincus de leur supériorité. Pour eux, un tel résultait représenterait la victoire de la populace ignare sur les élites éduquées.

Qu’ils s’y préparent donc à tout hasard, car un tel mépris illustre précisément à quel point ils ont été incapables de comprendre l’attrait de Trump pour ses électeurs, qui consiste à ramener de la détermination et du patriotisme à la présidence des Etats-Unis.

On a vu en effet les activistes pro-Hillary tellement englués dans le «politically correct » qu’ils ont applaudis à tout rompre quand, à une réunion LGBT destinée à réunir des fonds, Hillary Clinton a fait sa fameuse déclaration au sujet des partisans de Trump : « La moitié des électeurs de Donald Trump peuvent être regroupés dans un panier de gens déplorables, selon elle. Car ils sont, a t-elle déclarée, racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ! ». Elle révélait ainsi son arrogance face à des millions d’Américains qui étaient coupables du crime de ne pas partager sa conception politique identitaire.

Nombre de déclarations de Trump ont soulevé de même des commentaires outragés, comme sa proposition d’interdire temporairement l’entrée des musulmans ou de construire un mur le long de la frontière mexicaine. Ces commentaires passaient par pertes et profits la peur des « déplorables » face au terrorisme et leur indignation face à l’anarchie provoquée par des millions d’émigrants illégaux.

Les détracteurs de Trump ont également dénoncé son manque d’expérience dans le domaine des affaires étrangères comme si le chaos qui régné au Moyen Orient était un bienfait engendré par l’expérience des dirigeants actuels, ce dont ne semblent pas convaincus les « déplorables » qui ont de plus vu Trump apporter adroitement son soutien au Brexit alors qu’Obama venait en Grande-Bretagne menacer en vain les électeurs britanniques.

Enfin, les « déplorables » conviennent que Trump, cas unique parmi les candidats modernes à la Présidence des Etats-Unis, n’a jamais été élu, tout en y voyant bizarrement un avantage car ils pensent qu’il n’a pas  été contaminé par la pensée unique qui paralyse le personnel politique.

La détermination qu’ils attendent du futur Président a été bien illustrée, selon eux, par la réaction de Trump aux bombes à New-York : « Il vaut mieux que nous soyons vraiment dur maintenant, les gars »,  une réaction simpliste certes, mais tout à fait opposée à celle d’Hillary Clinton qui a débité les platitudes habituelles au sujet de la nécessité d’attendre le résultat de l’enquête. Elle imagine vraiment que c’est ce que les «déplorables » veulent entendre ?

 

Alors, je vous en prie, ne perdez pas de temps avec les balivernes de medias qui vont à satiété vous répéter maintenant que l’élection est serrée et tournez désormais votre regard critique vers l’élection française : vous croyez toujours que le candidat désigné par les medias va être élu? 

 

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LES VICTOIRES FRANÇAISES DE 1756

21 Septembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LES VICTOIRES FRANÇAISES DE 1756

LE CHAMP STRATÉGIQUE DE LA CAMPAGNE DE 1756

Les offensives britanniques de 1755 s’étaient achevées par des succès partiels pour les Britanniques mais également par la mort du général Braddock  survenue dans l’attaque de Fort Duquesne.

 

William Shirley lui succéda en tant que commandant provisoire des forces britanniques en Amérique du Nord. Il présenta ses plans pour 1756 à Albany en décembre 1755.

Il proposait de redoubler d’efforts pour prendre les forts de Niagara, Crown Point et de Duquesne, d’attaquer le Fort Frontenac sur la rive nord du Lac Ontario ainsi que la ville de Québec, mais ce plan ne fut approuvé ni par William Johnson, ni par le gouverneur de New-York, Sir Charles Hardy.

Aussi Newcastle, le Premier ministre britannique le remplaça t-il le mois suivant par Lord Loudoun, secondé par le Major Général James Abercrombie.  Ces deux hommes avaient moins d’expérience que les trois officiers français envoyés avec des renforts en mai 1756, le Major Général Louis-Joseph de Montcalm secondé par le Chevalier de Lévis et le  Colonel François-Charles de Bourlamaque, tous trois vétérans de la guerre de Succession d’Autriche. Ils arrivèrent en Nouvelle France alors même que la Grande-Bretagne déclarait formellement la guerre à la France le 18 mai 1756. 

Pendant ce temps, le Gouverneur de la Nouvelle France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil, qui ambitionnait d’ailleurs d’être nommé général en chef, ne resta pas inactif pendant l’hiver 1755-1756. Comme des estafettes avaient observé la faiblesse de la logistique anglaise, il décida d’attaquer Fort Bull au sud est de Fort Oswego sur le lac Ontario, ce dernier constituant l’ultime position militaire au Nord-Ouest, prés du lac Ontario, au bout d’une chaine de forts le long de la rivière Mohawk reliant la rivière Hudson au Lac Ontario. Fort Oswego dépendait de ces autres forts pour ses fournitures, en particulier de Fort William et de Fort Bull, ce dernier n’étant constitué de rien de plus qu’une palissade entourant des hangars bourré de poudre et de munitions destinées à la future campagne de 1756.

Le 12 mars 1756, trois cent hommes dont 110 Iroquois et Hurons, commandés par Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, un officier né au Canada, traversèrent difficilement la région enneigée (on l’imagine, étant donné que c’était en hiver, qu’ils transportaient des armes et que cet exploit se déroule au XVIIIe siècle).

Le 25 mars, ils capturèrent dix soldats britanniques, ce qui les décida à attaquer immédiatement le fort, car dénués de canons, leur seule chance de succès résidait dans l’effet de surprise. Ils se mirent donc à tirer par les fentes laissées par la palissade, puis réussirent à briser la porte d’entrée du fort à coups de haches. Tous les combattants britanniques furent tués et scalpés, avant que les assaillants ne mettent le feu au fort qui explosa.

La perte des 45000 livres de poudre que contenait Fort Bull mit fin aux plans britanniques de campagne militaire contre les forts français sur le lac Ontario et contribua à la prise de Fort Oswego par les Français en août 1756.

Tout au long de l’année, les raids français et indiens avaient continué dans la vallée de l’Ohio, obligeant les colons anglais à se réfugier toujours plus à l’est, tandis que le nouveau commandement anglais se mettait lentement en place. En effet, quand il arriva à Albany, Abercrombie refusa de prendre toute initiative sans avoir l’accord de Loudoun. Pendant ce temps, Montcalm tira profit de cette inaction, en exécutant une feinte stratégique consistant à déplacer son état-major à Ticonderoga comme s’il allait attaquer sur le lac George, tout en se retournant vers Fort Oswego sur le lac Ontario. 

Le 29 juillet 1756, Montcalm arriva secrètement à Fort Frontenac avec pour objectif de donner l'assaut à Fort Oswego, tout en doutant des capacités de ses troupes irrégulières à le mener à bien.

Le déroulement des combats le rassura.

L'armée de Montcalm était forte de trois mille hommes dont une moitié à peine de soldats réguliers auxquels s’ajoutaient deux cent cinquante indiens. Par marche de nuit afin d’utiliser l'effet de surprise, Montcalm arriva le 10 août à minuit à l'embouchure de la rivière Oswego et engagea immédiatement son artillerie.

La zone comprenait trois forts, mais seul le fort Oswego était à même de soutenir un siège, si bien que les deux autres furent aussitôt abandonnés par leurs garnisons qui se replièrent sur Fort Oswego, ce dernier rassemblant une  garnison de mille sept cents soldats irréguliers, appuyés par trente-trois canons et bien commandés par le colonel Mercer.

Mais Montcalm était un meilleur officier encore, il disposait de forces plus nombreuses et ses alliés indiens menèrent une guérilla meurtrière sur les arrières du fort. Mercer fut tué et la garnison capitula le 14 août. Les Français capturèrent mille six cents hommes, cent vingt-et-un canons, six vaisseaux armés et de nombreuses embarcations prévues pour être utilisées contre Fort Niagara et Fort Frontenac. Les forts anglais furent détruits.

 

Cette victoire était très importante pour le moral des troupes françaises car elle leur permettait de prendre le contrôle de l’immense arc qui s’étendait du Québec à la Louisiane puisqu'aucun autre fort britannique ne se trouvait dans cette zone. De plus, c’était un message positif envoyé aux Indiens qui virent dans cette destruction la possibilité de réoccuper leurs terres ancestrales.

 

À SUIVRE 

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1755, BATAILLES SUR TOUS LES FRONTS

21 Septembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

1755, BATAILLES SUR TOUS LES FRONTS

LE CHAMP D'AFFRONTEMENT EN FRANÇAIS ET ANGLAIS EN 1755

 

L’année 1755 est celle de tous les dangers, aussi bien pour les Anglais que  pour les Français. Les premiers sont écrasés dans l’Ohio, les seconds perdent le lien avec l’Acadie et laissent Louisbourg isolé, tandis qu’une bataille indécise se déroule près du Lac Champlain.

 

Les incidents de l’Ohio décidèrent le gouvernement du Duc de Newcastle, dans lequel Pitt ne joue pas encore un rôle majeur, d’envoyer une expédition militaire pour déloger les Français.

Ils choisirent le Major General Edward Braddock pour  la conduire. Informé des intentions britanniques, le Roi Louis XV décida d’envoyer  début 1755 six régiments sous le commandement du Baron Dieskau, que la flotte britannique ne parvint pas intercepter à l’exception de deux navires mais  qui donna lieu au harcèlement, sans déclaration de guerre, des bateaux français toute l’année 1755.   

Les Britanniques avaient un plan d’action particulièrement agressif pour 1755, qui consistait simultanément à attaquer à l’ouest Fort Duquesne, sous le commandement du General Braddock, tandis que le Gouverneur du Massachusetts, William Shirley avait pour instruction de fortifier Fort Oswego sur le lac Ontario et d’attaquer Fort Niagara, que Sir William Johnson devait capturer le Fort St. Frédéric sur le lac Champlain au centre et que le Lieutenant Colonel Robert Monckton devait capturer le Fort Beauséjour  à l’est, à la frontière entre la Nouvelle Écosse et ce qui restait de l’Acadie.

Braddock, avec l’aide notamment de Washington était à la tête d’environ 1500 hommes qui attaquèrent en juin 1755 Fort Duquesne. Ce fut un désastre pour les Anglais. Ils furent pris dans une embuscade conduite par les soldats français et les Indiens.  Braddock sonna la retraite avant d’être tué, comme les deux tiers des troupes britanniques. Les 500 soldats restant, y compris Washington, firent retraite vers la Virginie. 

Pendant ce temps, les Français retrouvaient une copie des plans britanniques, ce qui leur permit de contrer les projets de Shirley d’attaquer Fort Niagara et d’envoyer le Baron Dieskau à Fort St. Frédéric pour s’opposer à l’attaque de Johnson.

Début septembre, l’armée française laissa la moitié de ses troupes pour la défense de fort Frontenac et avec une armée malencontreusement réduite à environ 3 000 hommes se dirigea vers le lac George où étaient positionnées les forces anglaises du colonel William Johnson  composée d'une milice coloniale de 3 000 hommes environ et de 300 Indiens.

Le 3 septembre, de fausses informations firent croire à Dieskau que l’armée anglaise s’était repliée sur Albany, ne laissant que 500 hommes au fort Edward. Il décida alors de marcher sur le fort avec un corps d’élite de 1500 hommes dont 700 Indiens, laissant encore 1700 hommes au fort Carillon pour le défendre en cas d’une attaque des Anglais.

Le 7 septembre 1755, le détachement français arriva sur le fleuve Hudson  et se positionna pour attaquer le fort Edward, mais comme la position était défendue par des canons, les Indiens refusèrent d'attaquer. Aussi, Dieskau décida d’attaquer l’ennemi le lendemain à l’extrémité supérieure du lac George où les Anglais étaient moins bien retranchés, quand il fut averti par un déserteur qu'une colonne de secours de 1200 hommes était en marche pour fort Edward.

Dieskau décida alors de tendre une embuscade à la colonne ennemie, mais la colonne de Johnson, l'ordre de silence ayant été brisé par les troupes anglaises, put se replier dans la confusion vers le camp de Johnson. Les canons anglais empêchèrent le succès de l’offensive, Dieskau fut blessé, la mêlée devint générale et la bataille se termina en impasse. Les Anglais avaient perdu deux cent hommes, les Français cent trente, mais Dieskau, blessé à trois reprises, avait finalement été fait prisonnier. 

Le baron Dieskau avait néanmoins réussi à empêcher la capture du  fort St-Frédéric et permis la construction du fort Carillon qui fut doté d’une  trentaine de canons au printemps 1756. Les Anglais de leur côté étaient resté sur place où ils construisirent fort William Henry.

Mais le grand succès anglais de la campagne britannique de 1755 fut la capture de Fort Beauséjour en juin 1755. Une armée de deux mille hommes sous le commandement du colonel Robert Monckton assiègea le  Fort Beauséjour défendu par une garnison de  460 hommes, l’enjeu étant de couper les Acadiens des forces françaises.

Le fort Beauséjour était en cours de réfection début juin 1755 quand les troupes anglo-américaines passèrent à l'attaque. Le 2 juin, un colon français aperçut une flotte britannique d'une quarantaine de navires en attente de jeter l'ancre prés du fort. Des courriers furent envoyés à Québec, à Rivière Saint-Jean, à Louisbourg et à l'île Saint-Jean (île du Prince Édouard) pour solliciter de l'aide, pendant que la population locale allait se réfugier au fort. Malheureusement aucun renfort ne vint, pas même de Louisbourg qui était le mieux placé pour le faire.

Le fort résista pendant deux semaines jusqu’au 17 juin. Déstabilisées, les troupes françaises abandonnèrent aussi le Fort Gaspareaux, proche du fort Beauséjour ainsi que le fort Jemseg sur le fleuve Saint-Jean qui était le dernier fort français qui aurait pu maintenir les communications avec l'Acadie.

 

Ce fut la perte du fort Beauséjour qui permit aux Anglais d’exproprier et de déporter les Acadiens. Elle coupait également la forteresse de Louisbourg de tout renfort par la terre.

 

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LA STRATÉGIE DE WILLIAM PITT

12 Septembre 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA STRATÉGIE DE WILLIAM PITT

WILLIAM PITT, LE BOURREAU DE LA NOUVELLE FRANCE

Avant de conter le déroulement des opérations en Amérique du Nord à partir de 1756, il me semble utile de présenter le point de vue britannique sur cette guerre. 

 

Il faut tout d’abord souligner l’énorme disproportion de peuplement entre les Français et les Britanniques au début de la guerre totale, ce qui suffirait largement à expliquer la victoire finale des seconds sur les premiers.

En Amérique du Nord, la disproportion des populations était importante, soixante mille habitants dans la Nouvelle France contre deux millions dans les treize colonies de la Nouvelle Angleterre. Cependant, cette disproportion était en partie compensée par l’appui de  presque toutes les tribus indiennes à l’exception des Iroquois, dont bénéficiaient les colons français.

Ce sont les colonies britanniques qui prennent clairement l’initiative de la guerre, après les escarmouches autour de Fort Duquesne et l’abjecte embuscade conduite par Washington. À cet égard, une réunion cruciale a lieu en 1755 entre le General Edward Braddock, le nouveau commandant en chef de l’armée britannique en Amérique du Nord et six des treize gouverneurs des colonies. Ils décident d’une offensive contre la Nouvelle France selon quatre axes.

Toutes échouent.  Le 9 juillet 1755, l’effort principal mené par Braddock aboutit à la bataille de Monongahela, sur laquelle nous revenons plus loin. Il perd la bataille et la vie. Puis toutes les opérations, ou presque, menées en 1755, 1756 et 1757 aux frontières de la Pennsylvanie et de New-York échouent. Cependant, en 1755, les forces britanniques capturent Fort Beauséjour à la frontière de l’Acadie, ce qui leur permet d’exécuter librement l’infâme expulsion et remplacement des Acadiens par des colons britanniques. Les Britanniques se défendent en disant qu’ils n’en ont pas pris l’initiative à Londres mais en Acadie même. Pure hypocrisie.

De même, en 1757, l’offensive contre Louisbourg sur l’île du Cap-Breton échoue. Pire, les forces britanniques perdent Fort William Henry sur le lac George, à 250 kilomètres au nord ouest de Boston.

C’est ensuite que le rapport de force bascula en faveur des forces britanniques. Jusque là, malgré leur infériorité quantitative, les forces françaises et indiennes s’étaient révélées largement plus efficaces que les Britanniques. Le changement de politique britannique initié par William Pitt (1708-1778), renversa progressivement la situation en leur faveur.

Pitt avait de nombreux adversaires au sein de la classe politique britannique mais il était avait l’image auprès de l’opinion publique d’un défenseur intraitable des intérêts britanniques. Sa politique consistait à immobiliser le plus possible de ressources françaises en Europe, tandis que la Grande-Bretagne exploiterait sa suprématie navale pour s'emparer des possessions françaises tout autour du monde.

Il la mit en œuvre en s’emparant successivement des comptoirs commerciaux français en Afrique de l’Ouest, comme le fort de Saint-Louis au Sénégal en avril 1758,  puis l’île de Gorée, la Gambie, la Guadeloupe. Il mit également en échec les troupes françaises en Inde (1759). Cette stratégie périphérique fut un plein succès, grâce au nombre et à la qualité de la British Navy qui s’en donna à cœur joie. 

Son adversaire, le Duc de Choiseul (1719-1785) menait une stratégie diamétralement opposée qui consistait à rester sur la défensive dans les colonies tandis qu’il visait à une victoire totale en Europe qui lui permettrait de récupérer ultérieurement les colonies. Il est donc faux de soutenir que la France a abandonné ses colonies et notamment la Nouvelle-France, mais il est vrai par contre que la stratégie de Choiseul a globalement échoué.

Choiseul espérait même pouvoir envahir la Grande-Bretagne afin de sortir  le Royaume-Uni de la guerre et de récupérer les colonies perdues. Il jouait gros. D’énormes ressources furent consacrées la construction d'une flotte d'invasion mais les défaites navales françaises le forcèrent à y renoncer, tandis qu’il ne parvenait pas à percer en Allemagne. Les Britanniques parvinrent même à s’emparer de Belle-Île-en-Mer.

Comme on le sait, la guerre dura sept ans, de 1756 à 1763, presque deux fois plus longtemps que la Guerre de 1914-1918.  Ce fut une guerre totale. Elle impliqua, outre la France et la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Prusse, La Russie, la Suède et même l’Espagne, plus tardivement. Elle se déroula principalement en Europe et en Amérique du Nord, mais aussi tout autour du monde, des Caraïbes aux Philippines, en passant par l’Afrique de l’Ouest et l’Inde.

Les belligérants français et anglais y engagèrent toutes leur ressources mais à la fin ce fut la Grande-Bretagne qui remporta provisoirement la victoire.

 

Ce qui reste de cette guerre aujourd’hui oubliée est considérable : l’équilibre du monde en a été bouleversé, jusqu’à ce jour. 

 

À SUIVRE

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