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Le blog d'André Boyer
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L'ARABIE SAOUDITE ENGLUÉE DANS LE PÉTROLE

24 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ARABIE SAOUDITE ENGLUÉE DANS LE PÉTROLE

L'EXTRACTION DU PÉTROLE DE SCHISTE AUX ÉTATS-UNIS

 

Vous n’avez certainement pas besoin de lire ce blog pour savoir que le prix du pétrole a baissé. Mais il reste intéressant de chercher à savoir pourquoi et d’en estimer les conséquences pour essayer de prévoir la suite des évènements.

 

La dynamique actuelle du marché pétrolier est essentiellement déterminée par les Etats-Unis. Du fait de l’arrivée massive de quatre millions de barils supplémentaires par jour de pétrole de schiste américain, soit 5% de la demande mondiale, et accessoirement du fait de l’accroissement de la production de l’Iran en 2016, avec cinq cent mille barils par jours de plus en 2016, la croissance de la production de pétrole est devenue supérieure à celle de la demande. 

Cette situation implique un ajustement du marché, soit par une baisse des prix qui ne pourrait que faiblement accroitre une demande inélastique et qui ferait disparaître les producteurs les moins rentables, soit par un accord de cartel qui permettrait de réduire l’offre de manière ordonnée. 

Or, l’histoire montre que les accords de cartel, dans le pétrole comme ailleurs, sont rares et provisoires. Comme les États-Unis continuent à déverser leur pétrole de schiste, comme l’Iran accroit sa production et que les autres pays pétroliers, l’Arabie saoudite en tête, refusent de réduire leur production, les prix du pétrole baissent face à une offre excédentaire et à une demande faiblement croissante. 

L’ajustement va donc se faire, provisoirement, par le pétrole de schiste, car les pays pétroliers traditionnels ne peuvent que très difficilement réduire leur production, qui, tant que les prix stagnent ou pire encore, baissent, équivaudrait à diminuer volontairement des recettes indispensables à leur survie matérielle et donc politique. Pensez par exemple à la situation de l’Algérie ou du Venezuela, mais tous les pays producteurs sont concernés sauf les Etats-Unis et le Canada.

Pour ces deux pays, le pétrole de schiste est extrait par des sociétés privées qui vont tout simplement faire faillite, avec des conséquences bancaires prévisibles. Les régimes politiques des États-Unis et du Canada n’en seront pas menacés pour autant, même si l’arrivée au pouvoir de l’ineffable Justin Trudeau est en partie liée aux difficultés de l’Alberta.

Mais la situation continuera à évoluer. La demande de pétrole continuera à s’accroitre faiblement, les prix du pétrole finiront par remonter et dés lors qu’ils dépasseront à nouveau les 50$ le baril de brut, les producteurs de pétrole de schiste reviendront sur le marché.

Il existe donc une réserve latente de pétrole de schiste aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde, y compris en France, qui aura pour effet de plafonner le prix du pétrole pour quelques décennies.

Dans ce cadre, la politique pétrolière de l’Arabie saoudite est à la fois logique et myope. Logique, car en refusant de baisser sa production, elle fait baisser les prix et disparaître sur le coup les producteurs de pétrole de schiste. Myope, car l’effet de retrait des producteurs de schistes ne sera que temporaire et l’Arabie saoudite est dés aujourd’hui condamnée à perdre des parts de marché, à voir ses recettes pétrolières plafonnées et son influence politique s’affaiblir.   

Les événements récents nous donnent la direction des changements induits, en observant les réponses iraniennes et irakiennes à la politique saoudienne. L’Iran, bien déterminé à reprendre ses parts de marché d’avant l’embargo, pratique aujourd’hui des remises de l’ordre de cinq dollars le baril sur le prix officiel et rafle des commandes en Europe aux dépens de l’Arabie saoudite. L’Irak, exempté de quotas du fait des destructions militaires subies par son  industrie pétrolière, a également enlevé des clients européens et chinois à l'Arabie saoudite.

Il en résulte que cette dernière voit son périmètre stratégique se rétrécir. Déjà, elle en est condamnée à truquer ses statistiques douanières pour cacher ses pertes de part de marché.  

Ensuite, elle est contrainte de réduire le financement qu’elle accordait aux pays étrangers, dits amis, en fait vassaux. La décision récente de supprimer l’aide annuelle de trois milliards de dollars qu’elle accordait à l’armée libanaise, inquiète l’ensemble des pays bénéficiaires des soutiens saoudiens, de l’Égypte au Maroc en passant certainement par les mouvements salafistes qu’elle soutenait. On se souvient en effet (voir mes deux blogs précédents) qu’une vaste coalition a accompagné l’Arabie saoudite dans son intervention hasardeuse au Yémen. Que même le Sénégal ait cru nécessaire d’y envoyer des troupes est certainement plus dû à l’amicale pression financière des saoudiens qu’aux craintes que lui inspirait la révolte des Houthis pour sa sécurité. L’influence de l’Arabie saoudite à l’étranger est donc en voie d'affaiblissement.

Enfin, elle entre en contradiction directe avec les intérêts économiques des Etats-Unis qui voyaient jusqu’ici dans la production pétrolière saoudienne le moyen de garantir leurs approvisionnements et qui ont désormais un intérêt inverse, celui de souhaiter la baisse de cette même production pour protéger la valorisation de leur propre production pétrolière. Pour le régime saoudien, ce changement de vision des États-Unis est une menace majeure, car désormais ces derniers pourraient regarder, sans déplaisir excessif, l’Arabie saoudite sombrer dans une guerre civile qui réduirait sa production.    

Sur le plan intérieur, la menace qui plane sur le régime saoudien est déjà prégnante, car, du fait de la baisse des prix pétroliers, le budget 2016 du royaume saoudien prévoit un déficit de 87 milliards de dollars pour 2016, soit 19% du PIB du pays, malgré des dépenses publiques réduites de 14%. Le fait que ce budget donne la priorité aux dépenses militaires et sociales montre bien la nature de la menace qui pèse sur le régime.

Car, contrairement aux autres monarchies du Golfe, la population saoudienne est nombreuse, trente millions d’habitants, et jeune du fait de la culture traditionnelle du pays. Soixante pour cent de ses habitants ont moins de trente ans, ce qui fait que trois cent mille jeunes entrent chaque année sur le marché du travail. D’ores et déjà, des revendications pour un meilleur partage des richesses et un autre exercice du pouvoir se manifestent dans le pays. Si l’on y ajoute d’un côté le mécontentement des chiites, soit tout de même vingt pour cent de la population saoudienne, à la suite de la guerre au Yémen et des exécutions de janvier 2016 et de l’autre côté la pression de l’État Islamique en faveur d’un régime islamique chimiquement pur, les risques s’accroissent de conflagration religieuse, sociale et donc politique.

Il faut donc bien accepter l’idée que le temps de la stabilité et de l’opulence de l’Arabie saoudite est terminé, car l’état actuel et futur du marché pétrolier mondial lui est désormais défavorable. Qu’en outre, ce régime, aux fondements démocratiques inexistants, soit dirigé par un jeune homme imprudent et inexpérimenté ajoute aux difficultés d’adaptation du pays. 

 

Il n’est donc pas illogique de prévoir une Arabie saoudite qui s’enfonce  dans l'instabilité politique du fait de ses difficultés financières qui auront un impact économique et social qui, à leur tour, exacerberont les autres sources de tension, religieuses, ethniques et culturelles et du fait du désinterêt croissant des États-Unis, son soutien majeur, pour son équilibre politique. 

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La Monarchie de Juillet renversée

20 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La Monarchie de Juillet renversée

LE BOURGEOIS SELON DAUMIER

 

Oui, le 24 février 1848, la Monarchie de Juillet se saborde à peu prés dans les mêmes conditions que la Restauration avait capitulé le 2 aout 1830, moins de dix huit années auparavant.

 

À l’Hôtel de Ville, les acteurs politiques sont à la manœuvre, conduits par Lamartine qui acte tout de suite la création d’un gouvernement provisoire. Rien d’étonnant, car il faut convenir avec le recul du temps que le régime de Louis-Philippe était condamné dès le départ, pris en tenaille entre sa volonté de s’appuyer exclusivement sur la base étroite de la bourgeoisie et le refus de la monarchie héréditaire.

Or, un pays qui aurait voulu adapter ses structures sociologiques et politiques au monde moderne aurait agi de manière exactement inverse

Évitant de remettre en cause les bases traditionnelles du pouvoir et de la morale, il n’aurait changé ni la nature du régime héréditaire, ni attaqué le rôle de l’Eglise, mais il aurait par contre accepté d’élargir le fondement de sa légitimité politique jusqu’au suffrage universel, ce qui aurait permis de modifier les rapports de force entre les groupes sociaux et encadré les changements de la société.

Mais en 1830, la bourgeoisie voulait tout à la fois le pouvoir et se débarrasser des vieilles lunes de la monarchie héréditaire. Elle a pris le pouvoir, qui était comme toujours à prendre grâce à l’outil d’un État centralisé qui contrôle la société française, mais sans se préoccuper des intérêts supérieurs du pays. Pourquoi et comment aurait-elle agi autrement, le pouvoir était là, tentateur, qui lui tendait les bras. Elle a cru calmer les oppositions avec un peu de propagande, en agitant quelques symboles comme le « roi des Français », le drapeau ou le retour des cendres. Elle se trouvait raisonnable face à un peuple irresponsable, parce qu’elle pratiquait indiscutablement une politique étrangère pacifique et une politique économique de développement.

Cette bourgeoisie au pouvoir s’est trouvée dans l’obligation de donner des gages à une opposition qui voulait s’emparer de l’État pour en refaire la machine idéologique des années 1792-1814, une machine qui redonnerait l’égalité au peuple, la gloire aux armées, la puissance à la France. Aussi devait-elle faire semblant d’être nationaliste avec Thiers, de jouer à la grande puissance en Algérie tandis qu’elle s’attaquait  avec gourmandise à l’Église par le biais de la franc-maçonnerie, qu’elle se donnait les gants de voter des amnisties et de concéder des mesures sociales comme la limitation du travail des enfants ou la création des conseils de prud’hommes.

Mais elle résista de toutes ses forces à la réforme électorale. On accusé pour la perdre l’élite au pouvoir sous le Régime de Juillet d’être petite, froide, corrompue, mesquine, mais le fond de l’affaire est qu’elle refusait tout simplement de partager le pouvoir dont elle s’était emparée par effraction en 1830.

C’est sur ce point que l’on retrouve un parallèle entre les années 1830-1848 et le début du XXIe siècle. Lorsque l’on veut garder l’exclusivité du pouvoir, il faut tromper, il faut mentir, il faut user de la force. Ce n’est possible qu’un temps, jusqu’à ce que les vagues finissent par emporter le château, qui se révèle brusquement de sable. L’élite vaincue ouvre alors la voie à son double, qui se sert de la première comme repoussoir, mais qui n’a qu’une idée en tête, se maintenir. Dans cette pièce, le peuple n’est présent que comme instrument de pouvoir, pas comme acteur.

Si bien qu’avec la révolution de 1848, l’histoire bégaie, à ceci prés que les règles ont subrepticement changé depuis 1830. 

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ARABIE SAOUDITE VERSUS YEMEN

17 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

ARABIE SAOUDITE VERSUS YEMEN

SANAA BOMBARDÉ

 

L’Arabie saoudite à la tête d’une coalition à l’américaine passe donc à l’offensive pour  mener une guerre dont elle connaît d’avance l'incertaine issue.

 

L'opération qui porte le nom martial de Tempête décisive a été lancée la nuit du 25 mars 2015 avec l’objectif de réinstaller au pouvoir le résident Abd Rabo Mansour Hadi, renversé par l'insurrection Houthi. La coalition rassemblée autour de cette opération rassemble une coalition de pays arabes, tous financièrement ou politiquement dépendants de l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie, le Soudan, le Maroc et les membres du Conseil de Coopération du Golfe, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar. Oman, qui fait partie du Conseil de Coopération du Golfe, n’y participe pas. S'y joindront plus tard des mercenaires colombiens, envoyés secrétement par les Émirats arabes unis, et même des troupes sénégalaises.  

Les Etats-Unis, notamment par l’intermédiaire de leur base à Djibouti bientôt concurrencée par une base chinoise toute proche, soutiennent activement la coalition, ainsi que la Grande-Bretagne. La France fait de même par l’intermédiaire de la DGSE et de ventes d’armes.

Les moyens mis en œuvre, au moins dans les premières semaines, ont été considérables. L’Arabie saoudite a mis en jeu une centaine d’avions de combat, les Forces aérienne des Émirats arabes unis, du Bahreïn, du Qatar, de Jordanie, du Maroc, qui y a même perdu un avion, et du Soudan engagent ensemble 76 avions. La marine égyptienne y a participé avec 4 navires de guerre.  

Avec ces forces rassemblées, les forces aériennes des coalisés ont effectué dans la nuit du 25 au 26 mars 2015 des frappes sur plusieurs aéroports,  des camps militaires ainsi que sur le palais présidentiel. La coalition a annoncé elle-même qu'elle menait plus de 120 raids par jour, faisant de nombreuses victimes dans la population civile. Par ailleurs des soldats saoudiens appuyés par des soldats pakistanais prirent position à la frontière du Yémen.

Le 21 avril 2015, l’opération Restaurer l'espoir succéda à l'opération Tempête décisive. Elle permit la réinstallation des alliés yéménites de l'Arabie Saoudite à Aden le 17 juillet 2015 et de reprendre  lentement des villes proches de Sanaa, la capitale.

La tactique de la coalition conduite par l’Arabie saoudite consiste à utiliser l’arme aérienne pour dégrader la capacité militaire des Houthis, auquel s’ajoute un blocus naval. De plus, une force de vingt mille yéménites  et de dix mille coalisés a été constituée avec pour objectif à terme de reconquérir la capitale du Yémen, Sanaa. 

Les Houthis de leur côté semblent déterminés à garder le contrôle des régions à majorité chiite et lancent des attaques à faible échelle sur le territoire de l’Arabie saoudite.

Mais l’aboutissement de ce conflit n’est pas encore en vue. En effet, si le Président Hadi a repris le contrôle d’Aden, celui du reste du Yémen est problématique étant donné la diversité des acteurs en présence :

- Les forces qui luttent contre les Houthis sont des milices locales qui cherchent à obtenir l’indépendance du Sud du Yémen.

- Dans l’ensemble du Yémen, les combats sont conduits par des groupes locaux qui se refusent à être contrôlés par le pouvoir central, au reste très faible. 

- Les Frères musulmans d’Al-Islah apparaissent comme la force politique la mieux organisée ce qui lui permet d’exiger une part importante du pouvoir au détriment du parti du Président,  alors le Congrès général du peuple.

Le résultat est que de forts désaccords subsistent sur la future forme de l’État yéménite, centralisé ou fédéré, tandis que l’infrastructure et l’économie du pays en grande partie détruits rendent problématique sa reconstruction, ce qui nécessitera une forte aide internationale, donc au préalable un accord politique. 

Comme les Houthis ont montré qu’ils constituaient une force politique majeure, qu’ils contrôlent Sanaa, que le terrain qu’ils occupent est favorable à leur tactique de combat, il faudra prendre en compte leurs intérêts dans toute négociation.

Or l’opinion publique internationale s’inquiète de plus en plus du coût humain de la guerre menée par la coalition et des progrès  des islamistes d’Al-Qaïda et de l’EI dans la partie centrale du Yémen. Elle pousse les soutiens de l’Arabie saoudite à rechercher une solution négociée qui permettrait de mettre fin à leur avance en rassemblant toutes les parties prenantes contre les islamistes.

 

Mais cette solution négociée est d’autant moins en vue que l’Arabie saoudite fait  monter encore les enchères en faisant savoir qu’elle est prête à envoyer des troupes au sol en Syrie pour limiter la progression des troupes de Bachar El Assad, s’engageant de la sorte sur un nouveau front anti chiite et anti iranien.

 

À SUIVRE

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Rien ne va plus pour la Monarchie de Juillet

14 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Rien ne va plus pour la Monarchie de Juillet

ALEXIS DE TOCQUEVILLE PRONONCE UN DISCOURS PRÉMONITOIRE

Désormais, la fin du régime approche.

 

À partir de 1847, une crise économique agricole, puis industrielle et financière, provoque une forte croissance du nombre des chômeurs, puisqu’on recense sept cent mille chômeurs dans une France qui possède trente-cinq millions d’habitants. Elle provoque des troubles, car l’indemnisation du chômage n’existe pas encore.

Le bras de fer se durcit entre le gouvernement et l’opposition, qui demande sans relâche des réformes électorale et parlementaire. Un pas décisif est franchi le 9 juillet 1847, lorsque l’opposition dynastique, menée par Odilon Barrot, rejoint l’opposition républicaine dans le mouvement protestataire des banquets.

L’été 1847 se déroule dans une atmosphère empoisonnée par les affaires où se mêlent les aspects personnels, politiques et financiers. Deux anciens ministres, Teste et Despans-Cubières sont jugés par la Cour des pairs pour corruption en juillet 1847. Pour des raisons inconnues, Alfred de Montesquiou, pair de France se suicide. Le fils du maréchal de France Davout est interné pour avoir poignardé sa maîtresse. L’affaire la plus retentissante est l’assassinat de la fille du maréchal Sebastiani par le duc de Choiseul-Praslin, qui se suicide en prison. On voit dans cette histoire d’adultère, une affaire d’État.

Le 7 novembre 1847, Ledru-Rollin réclame le suffrage universel au banquet de Lille, provoquant la rupture de l’alliance entre les oppositions républicaine et dynastiques qui  les banquets se soldent par une rupture entre les républicains qui en restent à des revendications plus «raisonnables ».

Dès lors les événements politiques s’accélèrent.

En janvier 1848, tandis que la Chambre des Pairs dénonce la campagne des banquets, Alexis de Tocqueville prononce un discours devant la Chambre des Députés où il invite les politiciens à être sensible à l’humeur révolutionnaire de l’opinion publique : « Regardez ce qui se passe au sein des classes ouvrières (…) Ne voyez-vous pas qu’il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées qui ne vont pas seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement même, mais la société, à l’ébranler sur les bases sur lesquelles elle repose aujourd’hui? N’entendez-vous pas qu’on y répète sans cesse que tout ce qui se trouve au-dessus d’elles est incapable et indigne de les gouverner…? Je crois que nous nous endormons, à l’heure qu’il est, sur un volcan. »

Le 22 février 1848, une centaine de députés de l’opposition dynastique décident de participer à un banquet, organisé sur les Champs-Élysées. Les républicains en profitent pour organiser une manifestation. Le préfet interdit les deux, la manifestation et le banquet. La manifestation a tout de même lieu ; elle fait un mort.

Le 23 février, des affrontements se produisent dans les quartiers du Centre et de l'Est de Paris. La majorité de la garde nationale fait défection et l’armée reste passive. En début d’après-midi, Louis-Philippe renvoie Guizot. Le soir, une fusillade fait cinquante-deux morts et le périmètre des affrontements  se couvre de barricades. Les troupes sont placées sous le commandement de Bugeaud. Thiers sollicité pour diriger le gouvernement, pose ses conditions.

Le 24 février, Bugeaud décide de regrouper ses forces autour des Tuileries. Il en résulte que l'Hôtel de Ville est pris par les insurgés. Thiers, toujours boutefeu, conseille à Louis-Philippe de « sortir de Paris pour y rentrer avec le maréchal Bugeaud et cinquante mille hommes ». Mais ce dernier, subissant les cris hostiles des gardes nationaux alors qu'il les passe en revue, décide d’abdiquer et par conséquent de commencer par  quitter Paris.

 

C’est en est alors fini de la Monarchie de Juillet, la révolution de 1848 commence ce soir-là du 24 février 1848.  

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L'ARABIE SAOUDITE DANS LE GUÊPIER YÉMÉNITE

10 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ARABIE SAOUDITE DANS LE GUÊPIER YÉMÉNITE

LA CARTE PROVISOIRE DU CONFLIT YÉMÉNITE

Parmi les plus redoutables défis dans lesquels l’Arabie saoudite se trouve plongée, pilotée d’une main téméraire par ce gamin prétentieux de  Mohammed ben Salman, celui de la guerre menée au Yémen semble la plus aventureuse et la plus susceptible de générer des redoutables conséquences.

 

Apparemment, même après les guerres de Syrie qui flambe de plus belle, de Libye qui menace de recommencer, d’Irak et d’Afghanistan qui ont engendré des conséquences catastrophiques, il reste des décideurs qui n’ont pas encore compris que déclencher une guerre provoque des effets dévastateurs, en premier lieu sur ceux qui la subissent mais aussi sur ses instigateurs. Cet aveuglement apparent doit cacher des causes particulièrement sombres, nichées au cœur des hommes ou de leurs portefeuilles, ou des deux.

La  dynamique de la guerre au Yémen, toutes proportions gardées, est du même ordre que celle de l’Afghanistan ou du Viêt-Nam, au sens où elle apparaît ingagnable.

Le territoire du Yémen (voir la carte ci-dessus) est actuellement partagé entre trois groupes antagonistes, les Houthis et les pro-Saleh, chiites, qui tiennent le Yémen utile (en vert), les sunnites fortement appuyés par l’Arabie saoudite et ses alliés, dont la France, qui tiennent l’ouest (en rose) et les islamistes d'Al Qaïda (AQPA), d'Ansar al-Charia et de l'EI qui tiennent le centre du Yémen (en blanc).

Cette guerre n’a fait, à ce jour, que relativement peu de morts, comparée à la guerre en Syrie, moins de 7000 morts et 25000 blessés.

Les Houthis ainsi nommés parce que leur chef se nomme  Hussein Badreddin al-Houthi de confession chiite, habitent au nord-ouest du Yémen. Ils se considèrent comme les perdants du système politique yéménite, ce qui les a conduit à réclamer depuis 2004 le  rétablissement du statut d'autonomie dont ils bénéficiaient avant 1962. Leur révolte s’est amplifiée lorsqu’ils ont protesté en 2012 contre la fin des subventions sur les produits pétroliers. Ils se sont trouvé opposé au renversement du Président Ali Abdallah Saleh à la suite du « printemps arabe ». Ce dernier a été remplacé au cours d’une confuse lutte politique par le Président d'Abd Rabbo Mansour Hadi.

Ce dernier a lui-même été chassé de la capitale, Sanaa, le 19 septembre 2014 par les Houthis qui ont ensuite pris momentanément le port d’Aden. Le 19 septembre 2014, les Houthis ont attaqué Sanaa et pris le siège du gouvernement. Cette révolte a abouti à un accord sur l'amendement du projet de Constitution et sur la représentation des Houthis et des autres factions dans le gouvernement. Cet accord étant contesté par des factions sunnites, les Houthis annoncent le 6 février 2015 l'instauration d’un Conseil présidentiel, chargé de diriger la transition vers une nouvelle constitution. Mohammed Ali al-Houthi, cousin de Abdul Malik al-Houthi, prend le pouvoir en tant que président du Comité révolutionnaire. La Chambre des députés est dissoute et remplacée par un Conseil national.

Ce processus est dénoncé comme un coup d'État par le Conseil de coopération du Golfe et le secrétaire général des Nations unies et de nombreux pays évacuent leurs ambassades à Sanaa, tandis que le  président iranien, Hassan Rohani salue la prise de pouvoir des Houthis.

Entretemps, le président renversé et emprisonné Hadi prend la fuite vers Aden, le 21 février 2015 et huit jours plus tard, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït déplacent leurs ambassades à Aden.

Les Houthis décident alors d’attaquer Aden. Le 19 mars 2015, les forces spéciales du général al-Sakkaf (Houthis) prennent l'aéroport d'Aden, attaquent le palais présidentiel mais ne parviennent pas à prendre la ville d’Aden.

 

C’est alors, le 25 mars 2015, que l’Arabie Saoudite met la main dans l’engrenage en prenant la tête de l’opération Tempête décisive qui consiste en premier lieu à reprendre l’aéroport d’Aden. 


(À SUIVRE)

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Attentats, manifestations et tentatives de coups d’État

6 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Attentats, manifestations et tentatives de coups d’État

LOUIS-AUGUSTE BLANQUI, RÉVOLUTIONNAIRE PUGÉTOIS

 

On ne peut nier que le régime de la Monarchie de Juillet se révéla congénitalement fragile. Fruit d’une entourloupe, sa survie durant dix-huit années fut un miracle. 

 

Sur le front intérieur, les complots, les manifestations et les attentats ne cessent pas. Les légitimistes ayant capitulé, c’est au tour du prince Louis Napoléon, le futur Napoléon III, de tenter de soulever l’armée. Il est arrêté le 30 octobre 1836 et expulsé vers l’Amérique. Il fera une seconde tentative à Boulogne le 6 août 1840. Arrêté à nouveau, il fut condamné à la détention perpétuelle. Évadé le 25 mai 1845, on s’évade beaucoup des prisons françaises, il se réfugiera en Belgique. 

Le 27 décembre 1836, un nouvel attentat contre Louis-Philippe, qui graciera son auteur, Meunier, est déjoué.

Le 8 décembre 1837, la police en prévient un autre.

En mars 1839, tandis que l’Assemblée ne sait que faire après la défaite électorale du gouvernement Molé, des manifestants entourent le Palais-Bourbon. Il faut préciser que le gouvernement a usé et abusé des pressions administratives et de la corruption, les tentatives de manipulation de l’opinion ne datant pas d’hier. Malgré ou à cause de cela, il ne remporte que 200 sièges contre 240 aux oppositions.

 Le 12 mai 1839, la Société Républicaine des Saisons, dirigée par Blanqui, Barbès, Blanqui et Bernard tente de s’emparer de l’Hôtel de Ville de Paris, mais, comme elle ne rassemble que quelques centaines de personnes, elle échoue piteusement.

Les banquets républicains en faveur de la réforme électorale se multiplient, les grèves et les attentats reprennent, d’autant plus que Thiers se refuse à toute réforme électorale ; il prononce un discours réquisitoire contre le suffrage universel et contre la réforme sociale, contribuant à focaliser l’opposition sur ces deux thèmes jusqu’à provoquer la révolution de 1848.

Le 15 octobre 1840, Louis-Philippe échappe à un tir effectué contre sa voiture par un ouvrier, Darmès, qui sera, lui, exécuté.

Le 11 septembre 1841, des manifestants défilent dans Paris avec le drapeau rouge et le lendemain un tireur essaie de tuer le duc d’Aumale, l’un des fils de Louis-Philippe.

Le 16 avril 1846, un ancien garde tire sur la voiture de Louis-Philippe. 

Le 29 juillet de la même année, un artisan tire sur Louis-Philippe alors qu’il  salue la foule depuis le balcon des Tuileries.

Le pouvoir tente de se rassurer par les élections d’août 1846 qui donnent une majorité solide à Louis-Philippe et à Guizot, mais une majorité qui est fondée sur le vote de deux cent cinquante mille électeurs, tout au plus.

 

En résumé, ce pouvoir ne disposant que d’une trais faible autorité parce qu’il n’avait pas de légitimité, ni populaire ni traditionnelle, était condamné d'avance. 

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QUI COMMANDE EN ARABIE SAOUDITE?

3 Février 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

QUI COMMANDE EN ARABIE SAOUDITE?

MOHAMMED BEN SALMAN AL SAOUD, LE VÉRITABLE PATRON DE L'ARABIE SAOUDITE

Avant d’analyser plus avant la situation actuelle de l’Arabie Saoudite, il est nécessaire de comprendre qui sont les acteurs de ce pays, sans Parlement ni loi écrites. 

 

Le premier acteur, au moins en apparence, est le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, désigné pour succéder à son demi-frère Abdallah décédé  le 23 janvier 2015. Sixième fils  du fondateur de la dynastie Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud,  il est devenu ce jour-là le septième roi d'Arabie saoudite, après le fondateur et ses cinq frères ou demi-frères.

Avant de devenir roi, il avait suivi le processus habituel de la dynastie des Saoud, en étant gouverneur de Riyad pendant plus d’un demi-siècle, puis ministre de la défense d’Arabie avant d’être désigné premier Prince héritier de la couronne le 18 juin 2012.  

Désigné par qui ?

À l’origine le pouvoir est détenu depuis 1744 par la famille Saoud, qui avait réussi à soustraire l’oasis de Dariya, prés de Riyad, de l'emprise de l'empire ottoman et des chérifs de La Mecque. Cette source historique du pouvoir de la famille Daoud fait que le nombre total des descendants du fondateur originel, Mohammed ben Saoud Al Mouqrin, encore que ce soit un secret d’État, serait d’environ vingt mille princes et princesses de sang.

Si tous ces princes ont de l’influence, ils ne peuvent pas prétendre devenir roi (reine, on se doute qu’il n’en est pas question). Seuls, les descendants d’Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud dit Ibn Saoud (1880-1953), fondateur du royaume d'Arabie saoudite actuel, ont droit au titre d’altesse royale. Comme il a eu trente-deux épouses qui lui ont donné cinquante-trois fils, trente-six filles et environ cinq cents petits-enfants, seuls les enfants mâles de ce groupe encore important  peuvent prétendre à la succession.

La règle de succession dynastique traditionnelle des tribus arabes prévoit la transmission du pouvoir aux frères puis aux demi-frères du roi par rang d'âge, l'héritier étant ensuite confirmé par le conseil de famille, et c’est ainsi que six enfants mâles du roi se sont succédé depuis sa mort. 

Une nouveauté a été introduite par le roi Fahd en 2006. Dans la loi fondamentale saoudienne de 1992, le choix du prince héritier était effectué par le roi, encore qu’en pratique le choix résultait d'un consensus entre les familles de la dynastie saoudienne.

En 2006, le roi Fahd redoutant l'influence grandissante des membres du clan des Soudayris dont il ne faisait pas partie, décida de créer un Conseil pour diluer leur influence en incluant plus de personnes dans le processus décisionnel. De plus, il a modifié la loi de succession afin de l’ouvrir à la génération des  cinq cent petits-fils d’Ibn Saoud. Le prince héritier, donc le futur roi, doit désormais être choisi par ce Conseil d'allégeance institué en 2006. Ce conseil comporte trente-cinq membres de la famille royale qui représentent les principales branches de la famille, ce qui a mis en concurrences les divers clans parmi lesquels les Soudayris et les Chammars sont les plus puissants.

Les attentes du Roi Fahd ont été déçues car, lorsque le Conseil d’allégeance s’est réunit pour la première fois, il a désigné un Soudayri, Nayef ben Abdelaziz Al Saoud, puis lorsque ce dernier meurt à son tour (avec le temps, les fils d’Ibn Saoud meurent à cadence accélérée), le Conseil s’est réunit le 18 juin 2012 pour désigner le prince Salmane ben Abdelaziz Al Saoud comme nouveau prince héritier, et ce fut encore un Soudayri.

C’est lui qui est devenu roi le 23 janvier 2015.

Mais finalement, ce n’est pas lui qui détient vraiment le pouvoir, tout simplement parce qu’il a été atteint par la maladie d’Alzheimer avant même de devenir roi. Le pouvoir appartient globalement au clan Soudayri qui l’a confié à un jeune homme, âgé d’à peine plus de trente ans, Mohammed ben Salman Al Saoud, le cadet d’une des trois femmes du roi Salmane, elle-même encore une Soudayri.

Pour se faire une idée de l’étendue du pouvoir de ce jeune homme, il suffit d’additionner les différentes fonctions qu’il occupe, qui vont de celle de Ministre de la Défense (il est le plus jeune ministre de la Défense du monde) à celle de vice prince héritier (second dans la succession) en passant par le poste de vice-Premier ministre (en réalité Premier Ministre puisque c’est le roi, qui est, rappelez-vous, atteint de la maladie d’Alzheimer, qui est traditionnellement le Premier Ministre), en passant par la fonction de Président du Conseil économique et du développement (en d’autres termes Ministre des Finances), et il est également conseiller spécial du roi et directeur du cabinet royal!

Il n’est donc pas bien compliqué de comprendre qui est l’auteur des décisions brutales prises par l’Arabie saoudite depuis le début 2015.

Bien sûr, Mohammed ben Salman Al Saoud est officiellement limité dans sa liberté d’action par son oncle, Mohamed ben Nayef, âgé de seulement 56 ans, qui est devenu le prince héritier et  également vice premier ministre  en remplacement du prince Moukrine ben Abdelaziz, écarté brutalement de la succession le 29 avril 2015, ce qui est apparu comme un quasi-coup d’État de la part des Soudayri.

La structure du pouvoir en Arabie saoudite comprend donc en son centre le jeune Mohammed ben Salman Al Saoud entouré par le clan Soudayri.

S’il échoue, par exemple dans la guerre qu’il a engagée au Yémen, le clan des Chammars remettra certainement en cause le pouvoir du clan adverse. Aussi le risque est-il grand, pour que le pouvoir ne lui échappe pas, que le clan Soudayri soutienne au-delà du raisonnable les actions brutales que conduit Mohammed ben Salman, provoquant des ruptures irrémédiables dans la structure politique de l’Arabie saoudite qui pourraient aller jusqu’à la guerre civile.

 

L’Arabie saoudite a ainsi mis en jeu, sur les multiples fronts conflictuels qu’elle a ouvert, la pérennité de son système politique, et plus grave encore, son unité. 

 

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L'ARABIE SAOUDITE EN DANGER

27 Janvier 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ARABIE SAOUDITE EN DANGER

EXECUTION EN ARABIE SAOUDITE

Le 18 janvier 2016, lors d’une interview accordé à Wolf Blitzer sur CNN, John Kerry a répondu au journaliste qui lui faisait observer que l’Arabie saoudite avait suffisamment d’argent pour acheter les armes atomiques qu’elle envisageait d’acquérir : « Vous ne pouvez pas juste acheter une bombe (…). Non seulement, l’achat de bombes atomiques n'assurera pas la sécurité de l’Arabie saoudite, mais lui posera en plus des problèmes car l’Arabie saoudite doit respecter les règles du TNP. »

 

Il se passe en effet des événements étranges dans ce curieux pays et cette histoire de bombe atomique qu’il chercherait à acheter auprès du Pakistan est bien représentative de l’ambiance de panique qui y règne, apparemment provoquée par le retour de l’Iran dans le jeu diplomatique.

Depuis que le Roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud est devenu roi d'Arabie saoudite le 23 janvier 2015 à presque 80 ans, à la suite du décès de son demi-frère Abdallah, le Royaume semble s’être lancé dans une politique folle d’agressions tous azimuts. C’est ainsi, qu'en moins d’une année, l’Arabie Saoudite a pris presque entièrement le contrôle militaire de Bahreïn, est entré directement dans la guerre civile au Yémen, s’est impliqué fortement en Irak et en Syrie via ses soutiens aux salafistes wahhabites contre le régime de Bachar El Assad. Elle mène de plus une guerre économique imposée à l’ensemble des producteurs de pétrole du monde, y compris ses alliés américains, qui a fait s’effondrer le prix du pétrole par le refus d’un accord sur les quotas de production.  

Plus récemment, le régime saoudien y a encore rajouté, le 2 janvier 2016, l’exécution de 47 personnes, dont des opposants de Daesh et le cheikh chiite Nimr al-Nimr, entraînant des manifestations dans le monde chiite et des menaces de la part de Daesh. De plus, au lieu de chercher à faire baisser la pression, le régime a immédiatement surenchéri en décidant de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, rupture à laquelle se sont aussitôt ralliés les États vassaux de l’Arabie saoudite.

À travers tous ces actes, il est aisé  de comprendre que l’Arabie saoudite s’est désigné un ennemi, l’Iran, et manifeste une attitude vindicative vis-à-vis des Etats-Unis pour avoir réintroduit ce dernier pays sur la scène internationale, au point de les menacer de représailles financières !

En effet, selon l’agence Bloomberg, l’Arabie saoudite serait en train de vendre les titres du Trésor américain qu’elle détient, ce qui pourrait entraîner des conséquences graves sur le marché de la dette américaine. Déjà en 2015, toujours selon Bloomberg, elle se serait débarrassée de réserves à hauteur de cent milliards de dollars, afin de couvrir son énorme déficit budgétaire.

C’est donc un programme d’affrontement multidimensionnel que mettent actuellement en œuvre les Saoud.

Certes, l’Arabie saoudite est depuis longtemps en guerre idéologique avec tous les peuples qui ne partagent pas sa croyance religieuse. Mais il s’y ajoute désormais un affrontement militaire et une guerre économique, qui fait que nombre de pays du monde, dont les pays européens et les Etats-Unis, ne peuvent être que les débiteurs des Saoud ou leurs adversaires.

 

Où va donc ce pays devenu extraordinairement agressif, qui n’est fort que de ses réserves pétrolières, mais ni de ses hommes ni de son image?

 

À SUIVRE

 

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Louis Alphonse Thiers

23 Janvier 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

UN HOMME POLITIQUE RÉALISTE ET BRUTAL

 

Puisque j’ai terminé le dernier blog sur la Monarchie de Juillet avec Louis Alphonse Thiers, il me semble nécessaire de présenter ce personnage qui joua un rôle majeur durant une bonne partie du XIXe siècle.

 

Thiers est né à Marseille le 15 avril 1797. Avocat, il se fait connaître par une monumentale Histoire de la Révolution française » (1824), disponible sur Internet.

On a vu qu’il a joué un rôle majeur dans l’appel à Louis-Philippe en juillet 1830. Son rêve est celui d'une monarchie parlementaire, mais lorsqu'il est lui-même au pouvoir, il ne sait pas se contrôler:

Ministre de l’Intérieur, il réprime avec brutalité les émeutes républicaines d’avril 1834.

Président du Conseil en 1836, il envisage de faire la guerre à l'Angleterre à propos de l'Espagne.

De retour à la Présidence du Conseil en 1840, il fait voter la "loi des Bastilles " qui enferme Paris dans un corset de fortifications en prévision de futures guerres. 

Il menace ensuite de s'opposer au reste de l'Europe dans le conflit qui oppose le sultan turc à son vassal égyptien, avec le soutien du petit peuple, républicain et belliciste.

Tandis que Louis-Philippe envisage d'abdiquer pour ramener la paix civile, Thiers lui conseille de « sortir de Paris pour y rentrer avec le maréchal Bugeaud et 50.000 hommes ».

En juin 1848, sous la Deuxième République, Thiers renouvelle sans succès sa proposition de reconquête de Paris par l'armée et de liquidation des émeutes ouvrières.

S’il encourage le prince Louis Napoléon Bonaparte à se présenter à la présidence de la République, il s’en écarte lorsque ce dernier proclame le Second Empire.

Arrêté et exilé, il revient en politique avec clairvoyance lorsqu'il dénonce la diplomatie aventureuse de l'empereur et qu'il s'oppose à l'entrée en guerre de la France contre la Prusse en juillet 1870.

C’est à ce moment précis qu’il devient vraiment un homme d’État, quarante années après son entrée en politique, d’où l’on voit que tous les espoirs sont permis à nos hommes politiques contemporains sur le retour.    

Porté à la tête du gouvernement français après la défaite de 1871, Thiers négocie la paix avec Bismarck et réprime brutalement la Commune, selon les plans qu'il avait déjà à plusieurs fois envisagé sans succès.

Toujours réaliste, il se rend compte qu’une restauration monarchiste n’est pas envisageable aprés 1870 et se fait le propagandiste des institutions républicaines.

Il meurt le 3 septembre 1877 à 80 ans.

 

Un homme politique réaliste et brutal.

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LE POUVOIR POLITIQUE EN QUÊTE D'AUTORITÉ

19 Janvier 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE POUVOIR POLITIQUE EN QUÊTE D'AUTORITÉ

LE CONTRAT SOCIAL, FONDEMENT DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR POLITIQUE

Pour cette analyse d’un pouvoir sans autorité, je fonde mes réflexions, mais elles restent miennes, sur l’ouvrage d’Alain Renault (La fin de l’autorité, 2009).

 

 

Comme pour les analyses d’Habermas, l’ouvrage d’Alain Renault s’adresse au pouvoir politique, mais il me semble que la difficulté pour ce dernier de revendiquer une quelconque autorité est représentative de tout pouvoir dans la société actuelle et c’est à ce titre que j’y consacre les réflexions ci-après.

 

La politique est incarnée depuis la naissance des sociétés  modernes par un personnel politique spécialement commis à cette activité. Cette émergence du personnel politique est directement issue de la conception moderne du pouvoir, issue de réflexions philosophiques portant sur l’identité du détenteur du pouvoir et sur son caractère absolu ou limité. D’Aristote à Rousseau s’est en effet progressivement élaborée la conviction que ce n’était pas au peuple de se soumettre à un pouvoir qui lui soit extérieur, en vertu de la tradition ou d’une autorité transcendante comme le prétendent encore de nos jours les salafistes, mais que le peuple était le seul détenteur légitime du pouvoir, le peuple souverain.

Quant au caractère de ce pouvoir, l’histoire, en d’autres termes l’expérience, a montré que si l’exercice de la souveraineté, ses modalités et ses limites, n’était pas défini avec rigueur, il pouvait ouvrir sur de redoutables dérives. C’est ainsi que, dès la Révolution le principe de souveraineté du peuple appliqué par Robespierre se traduisit presque immédiatement par la Terreur. Se pose donc lors la question de l’autonomie du pouvoir politique par rapport au peuple théoriquement souverain.

Or, issu de la révolution démocratique, l’homme politique ne pouvait, dans des sociétés qui lui confiaient la charge d’exercer la souveraineté du peuple, que se trouver sans cesse sommé d’être comptable de chacun de ses actes devant ceux auxquels il était redevable de son pouvoir.

Dans le cadre démocratique, l’homme politique se trouve en effet être à la fois celui auquel on confie la charge d’agir dans le sens de la volonté commune et celui dont tous les actes doivent, jour après jour, apparaître comme correspondant à cette volonté. Faute de quoi il suscite rapidement, on le constate quotidiennement en France aujourd’hui, une défiance qui amoindrit son autorité, voire la lui ôte tout à fait lorsque le peuple, avec les moyens qu’il a d’exprimer les revirements de sa volonté, dans les urnes ou dans la rue, décide de la lui retirer. On l’a constaté avec tous les Présidents de la République contemporains.

Ainsi, entre confiance et défiance, l’homme politique des sociétés démocratiques ne cesse de fragiliser, voire de diminuer sa légitimité au fur et à mesure que ses actes multiplient les occasions de malentendus, rendant de plus en plus difficile leur justification au regard de la volonté commune.

Du coup, la question se pose de savoir s’il est possible ou non d’échapper à une crise de la justification du pouvoir politique, inhérente à la dynamique démocratique. Une crise issue non pas des fondements, sans conteste populaires, du pouvoir détenu par l’homme politique mais de son exercice.

Cet exercice, pour ne pas entrer en contradiction avec la légitimation démocratique de l’autorité, semble requérir de l’homme politique qu’il soit capable d’apporter à chacun de ses choix et de ses actes, un surcroît de justification attestant qu’il vise effectivement la promotion du bien commun dont il a été chargé par le peuple. C’est ce dernier en effet qui, en tant que source ultime de toute autorité, constitue le seul véritable auteur de ce jeu du pouvoir dont les hommes politiques ne sont que les acteurs.

En somme, les hommes politiques acteurs doivent sans cesse convaincre le peuple, auteur de la pièce, qu’ils en respectent l’esprit. Ils invoquent dans ce dessein des jugements de valeur sur ce qu’il faut faire et sur les meilleurs moyens à utiliser pour réaliser ces objectifs.

 

 

C’est précisément sur ce dernier point que se situe la question de l’origine de leur autorité…

 

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