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Le blog d'André Boyer

philosophie

Les chemins de la vérité

26 Avril 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Le 14 avril dernier, dans un blog intitulé « les signes d’entropie » j’achevais un cycle de textes sur l’histoire de l’humanité, centrés sur la mise au point d’outils de plus en plus massifs qui lui ont permis de prendre le contrôle de la planète. Dans la période actuelle, comme au cours de plusieurs périodes précedentes, l’humanité semble se rapprocher de ses limites de survie.

Mais il reste présomptueux de vouloir saisir la direction de l’histoire, comme voudraient nous le faire croire ceux qui, se fondant sur la période de réchauffement de la planète, nous annoncent la voie à suivre  pour nous sauver. Les hommes semblent toujours dépassés par un mouvement qui leur paraît aussi irrésistible qu'arbitraire.

Pourra t-on échapper dans le futur aux maladies, à la guerre et surtout à l’impéritie ? Pourquoi y échapperait-on d’ailleurs ? Dans l’avenir, l’homme sera t-il à la fois plus puissant et plus sage ? Je ne sais pas, mais je sais par contre qu’il est possible d’observer une logique de croissance de la consommation qui conduit l’humanité à l’épuisement des ressources, une logique de l’individualisme qui entraîne la baisse de la natalité et une logique de l’échange qui améliore la transmission des innovations, des informations, mais qui accroît les conflits et la propagation des maladies.

 Depuis le début de son parcours, l’homme a fait progresser ses outils et a cherché à améliorer son organisation. Il a pris le pouvoir sur la nature grâce à ses capacités d’analyse et d’adaptation. Comme pour toute espèce vivante, il existe au fond de la nature humaine une logique d’espèce qui est de survivre, avec l’aide consciente ou non de chacun de ses membres. Cette logique se traduit par la nécessité dans laquelle se trouve l’homme de rechercher sans cesse sa vérité.

À cet égard, il a procédé par tâtonnements successifs, qui lui ont fait appeler « vérité » les différentes manières qu’il a trouvées pour expliquer les évènements.  Or il lui faut comprendre non seulement ce que signifie le monde dans lequel il se trouve plongé, mais aussi le rôle qu’il est supposé y jouer. Puisqu’il a acquis la conscience et perdu en contrepartie le confort des comportements instinctifs, il lui appartient de décider lui-même quelle est la place qu’il s’attribue dans l’Univers.

Cette recherche de la vérité est aussi bien une nécessité individuelle que collective. Que ce soit au temps de la préhistoire ou aujourd’hui, tout être humain s’est trouvé et se trouve toujours dans l’obligation de justifier ce qu’il dit et ce qu’il fait, aussi bien vis-à-vis de lui-même que des autres. Il lui faut chasser en permanence le mensonge, la mystification, la contrevérité, la fable, l’artifice, l’invention, l’illusion ou la tromperie pour ne citer que quelques-uns des antonymes de la vérité.

Au plan collectif, l’humanité a mis au point des techniques de recherche de la vérité qui constituent l’essence de son patrimoine culturel. Or la recherche collective de la vérité s’est progressivement heurtée au mur de l’incommunicabilité, à l’abyme de l’incertain et au brouillard du doute, jusqu’à modifier la manière dont l’homme voit et comprend le monde.

C’est ce que nous allons regarder de plus prés dans les blogs suivants qui concernent notre trajectoire.

 

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Les signes d'entropie

14 Avril 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Si l’homo faber ne s’arrête jamais, il reste à définir une direction nouvelle pour soutenir le développement de l’humanité.

Partie de l’Europe, la vague de mutation est désormais sortie de son giron occidental pour toucher toutes les sociétés du monde. Un processus d’unification culturelle et d’égalisation matérielle est en cours, dont on ne peut qu’observer le développement sans pouvoir en imaginer les conséquences. Le monde entier se trouve désormais dans un système condamné à la surenchère : toujours plus de produits, de croissance, de nouveauté, sans que la direction religieuse, philosophique ou politique de cette course ne soit clairement définie par quiconque. Un large, mais vague consensus semblait exister autour de quatre orientations générales :

-  L’incapacité à imaginer une autre direction que celle de l’économie de marché.

-  La nécessité d’intégrer tous les peuples dans un processus de mondialisation.

-  La validité du système politique démocratique.

-  L’universalité de la notion de droits de l’homme.

Or tous ces principes vacillent, presque en même temps, du fait des perturbations que provoquent les changements voulus et subis par les populations humaines. L’économie de marché, notamment du point de vue de la justice, de l’écologie et même de l’efficacité, dans sa composante financière, provoque une profonde perte de confiance dans la validité universelle de ses principes. On réclame de plus en plus de régulation, donc de plus en plus de limitations de ses effets et au final de plus en plus de renoncements à sa dynamique.

L’intégration des populations dans le processus de mondialisation perturbe profondément les équilibres internes de sociétés fondées sur des principes séculaires. Elle entraîne une migration massive des populations  menacées de disparition vers les zones les plus riches,   ce qui altère les fondements des cultures qui ont engendré la révolution scientifique et industrielle.

Le système politique démocratique fondé sur les opinions de populations stables et peu nombreuses, résiste mal aux changements de styles de vie. Appliqué à des populations urbanisées et hétérogènes, il doit désormais être piloté par des professionnels de la politique et des medias dont la légitimité est inconsistante. 

Les droits de l’homme appliqués de manière élastique par des sociétés qui en contestent les fondements culturels sont dénoncés comme une arme stratégique de domination, tandis que les inégalités matérielles et éthiques rendent vaine la revendication toute théorique de leur application.

Au-delà des principes, la mécanique du développement s’enraye d’elle-même. L’implosion démographique s’installe comme une menace qui aboutira à la disparition de l’humanité au cours du XXVe siècle si elle se prolonge jusque-là, tandis que la  surexploitation des  ressources de la biosphère engendre une pollution de moins en moins supportable par l’espèce humaine et l’épuisement des matériaux nécessaires au  système de vie de la société post industrielle.

En partant de l’ensemble de ses observations, il semble manifeste qu’en ce XXIe siècle, l’humanité se rapproche de ses limites de survie, définie par sa capacité à se maintenir sur l’écorce terrestre. La situation n’est cependant pas nouvelle, elle s’est déjà produite à la fin de la période de chasse et de cueillette, et à plusieurs reprises durant la période agricole. Mais elle n’a jamais été aussi globale pour l’humanité, qui est désormais sommée d’inventer une nouvelle métamorphose.

 

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La Révolution industrielle

2 Avril 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

La Révolution industrielle 

À compter de la Renaissance, l’émergence progressive de l’esprit scientifique en Europe modifie radicalement la condition humaine.

Le nombre des êtres humains suit l’accroissement des moyens matériels : de 1500 à 1750 on passe de quatre cent soixante à sept cent soixante-dix millions d’hommes sur Terre. Auparavant, il avait fallu quinze siècles pour que la population double, entre l’époque du Christ et la découverte de l’Amérique, de 250 à 460 millions d’habitants. L’accroissement de population s’accélère encore par la suite, puisqu’elle s’est accrue de sept cent soixante-dix millions à six milliards entre 1750 à 2000, soit une multiplication par huit en 250 ans.

Cette croissance est directement liée à la révolution industrielle qui s’est traduite par une succession ininterrompue d’innovations techniques qui substituent des machines à l’habileté humaine et qui permettent de remplacer la force humaine et animale par l’énergie mécanique. Le muscle est remplacé par le moteur, la main par la machine, la mémoire par le papier. La marche que l’humanité avait entrepris depuis le premier outil, le galet éclaté, la conduit jusqu’à la révolution industrielle qui trouve son premier appui dans les progrès de l’agriculture. Cette révolution était aussi liée à la croissance de l’information, à un investissement croissant dans l’éducation et à l’utilisation du langage mathématique.

La dynamique de la révolution industrielle est  fondée sur les innovations générées dont  un petit nombre d’hommes, mais aussitôt mises en pratique par le plus grand nombre. Aux côtés des grands savants qui cherchent à travailler pour le bien de l’humanité, les Pasteur, Maxwell, Einstein, Say, Schumpeter, on trouve aussi ceux qui sont à l’écoute des attentes de la société, que ce soit la demande de nouveaux produits de consommation ou la conception de nouvelles armes. La multiplication des biens est remarquablement parallèle à l’accroissement de la circulation de l’information. La machine à écrire est inventée en 1873, le télégraphe, le téléphone le sont en 1885, la radio en 1912, la télévision en 1930. Depuis, l’ordinateur s’est substitué à nombre de processus de la pensée humaine.

Les mutations déracinent les paysans et bouleversent les modes de vie. Quitter son village pour gagner plus implique souvent de vivre dans un taudis, d’effectuer un travail répétitif et pénible et de risquer de se retrouver au chômage, sans ressources. Ces déracinés n’ont pas le sentiment d’être plus heureux en ville qu’au pays. Cependant les prix des matières premières et de la nourriture baissent, l’école est ouverte à tous, les médecins ne sont plus réservés aux privilégiés.

La réaction face au coût élevé de la révolution industrielle pouvait être prévu. L’idée est rapidement venue de casser le marché et de contrôler les flux de production à l’aide d’un système bureaucratique centralisé. L’application pratique de ce dogme autocratique a été réalisée aux marges de l’Europe par le système soviétique. Il a connu sa fin en 1989 puisqu’il n’était qu’une conséquence du système occidental, mais la nostalgie d’un système contrôlé demeure chez les nombreux perdants du système capitaliste. Il resurgit avec la crise qui touche l’ensemble du monde économique globalisé du début du XXIe siècle.

La révolution industrielle est sans doute en train de s’achever. Il va nous falloir inventer une nouvelle direction et de nouveaux outils capables de soutenir la dynamique de l’humanité.

L’homo faber ne s’arrête jamais.

 

 

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Le bouleversement de la pensée

11 Mars 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Nous avons vu comment l’esprit audacieux des Européens du XVe siècle les a conduits en Amérique,, provoquant la brutale réduction de la population installée, sous le choc microbien et viral qu’elle subit, au contact de peuples européens dont elle était séparée depuis la nuit des temps. Tous ces chamboulements font évoluer fortement la pensée européenne :

 

Au Moyen Âge, la menace du Jugement Dernier qui planait sur chaque personne était encadrée par l’Église dont le rôle, en tant qu’institution, était de rassurer les populations. La catastrophe de la peste provoqua une montée de l’angoisse individuelle face à la mort, tandis que l’Église commençait à être perçue comme une institution qui envahissait de manière excessive le champ du pouvoir terrestre. Un débat apparut entre les tenants de l’institution ecclésiastique et les doctrinaires de la liberté individuelle face à Dieu. Il déboucha sur un conflit violent lorsque Luther, partisan de la liberté de conscience, voulut revenir aux Écritures Saintes et à la gratuité du rapport entre l’homme et Dieu.

L’Ecriture, le rôle des prêtres, l’organisation de la connaissance, tout fut examiné. Les manières de raisonner furent bouleversées sans toutefois que la clef de voûte de la croyance en Dieu ne soit ébranlée. Ni l’évidence d’un Dieu transcendant, ni son apparition dans l’histoire, ni les Écritures Saintes ne furent remises en cause. Ces certitudes furent finalement ébranlées au cours du XVIe siècle, entraînant l’émergence d’une nouvelle manière de penser, d’un nouveau paradigme.

Avec la science, on crut que la vérité « vraie », pour utiliser ce pléonasme, était à portée de main. La confiance dans les pouvoirs de la science s’adossait  solidement à l’expérimentation et à la raison. La preuve de son succès résidait dans  les changements de la vie matérielle que chacun pouvait constater.  C’est toujours le cas. Les maladies sont identifiées, des méthodes de soin plus efficaces sont inventées ; à partir de cette époque, le fléau de la famine concerne une proportion de plus en plus faible de l’humanité, la quantité d’énergie utilisable par l’homme s’accroît sans cesse. En outre, au XVIe siècle, les maîtres de la science se donnaient la satisfaction de dominer tous les peuples du monde.

La science avait changé la condition humaine, dans une proportion et d’une manière à première vue radicalement différente de tous les lents changements qui avaient auparavant affecté l’histoire de l’humanité. Il était assez naturel de croire qu’elle détenait, enfin, les clefs de la vérité. On pouvait au moins penser que si la science ne les détenait pas, aucune autre méthode ne permettrait de les détenir, car la méthode scientifique semblait indépassable par quelque autre méthode que ce soit.

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L'Amérique conquise et anéantie

25 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE


Ce fut donc le temps des découvertes.
La découverte du Monde, la conquête du Monde, l’intrusion de nouvelles populations dans des communautés qui ignoraient jusqu’à leur existence, ne se fit pas sans dégâts considérables. Un immense génocide, encore qu en grande partie involontaire, fut commis en Amérique du Sud, en attendant que les mêmes causes produisent les mêmes effets en Amérique du Nord.
La découverte de l’Amérique est le fruit inattendu d’une série d’erreurs. Dans le climat de la reconquête de Grenade, Christophe Colomb se croit investi d’une mission mystique. Il en obtient les moyens grâce à Isabelle de Castille. Personne n’avait prévu l’existence de l’Amérique, ce quart supplémentaire des terres émergées qui se transforme en piége mortel pour les soixante à quatre-vingts millions d’Amérindiens, un sixième de l’humanité de l’époque. Ces populations  avaient franchi les mêmes étapes que les habitants du grand continent euro asiatique, avec de remarquables performances en astronomie et dans le calcul, une écriture quasiment idéographique, mais ni roue ni routes, pas d’animal de trait ou de bât, à l’exception du fragile lama.
Les densités de population maya atteignaient jusqu’à cinquante habitants par kilomètre carré, grâce à la culture du manioc et du maïs. Mais les Amérindiens n’étaient pas en mesure de résister aux envahisseurs européens, car leurs moyens de communication réduits ne facilitaient pas la concentration des forces et leur système politique complexe freinait la mobilisation de la défense. Il suffira de vingt années aux conquérants pour s’emparer des îles américaines, et d’à peine vingt années de plus pour maîtriser les quatre-vingt-dix pour cent de la population de l’Amérique concentrée sur deux des quarante-deux millions de kilomètres carrés du continent.
Les conquérants en feront une main d’œuvre captive qui fondra comme neige au soleil sous le choc microbien et viral. Évènement unique dans l’histoire de l’humanité, la population totale de l’Amérique chuta brutalement, passant de soixante-dix à quatre-vingts millions d’habitants en 1492 à douze ou quinze millions d’habitants en 1550. Le reste de la population fut sauvé par les missionnaires et par la sélection naturelle.
Dans le monde d’aujourd’hui, on sanctifie le changement et l’on condamne l’immobilisme, alors que le changement s’impose de toute manière à l’homme. La question n’est donc pas d’accepter le changement, il le faut, mais de ne pas le précipiter outre mesure, jusqu’à tout casser avant de savoir ce qu’il fallait conserver.
Pour les civilisations aztèques, mayas et incas, c’est manifestement trop tard. Tout a été détruit. Qui oserait s’en réjouir ? Qui veut bien en tirer la leçon pour le futur de l’humanité ? Que détruisons nous en ce moment d’irrémédiable ?

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Le rassemblement du monde sous la houlette européenne

18 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE


Les principes scientifiques centrés autour de l’observation entraînent des découvertes techniques qui se généralisent dans toute l’Europe. Une volonté d’expansion, tout simplement une volonté de pouvoir, habite l’Europe, qui s’emploie à découvrir le Monde.

C’est ainsi que les découvertes rassemblent tous les peuples de la Terre qui ne s’étaient pratiquement jamais rencontrés sur une planète jusque-là trop vaste pour eux. L’Amérique ignorait aussi bien l’Europe que l’Asie. L’information mettait en moyenne deux siècles pour passer de la Chine à l’Europe. Les Européens vont utiliser leurs connaissances acquises pour accroître leur emprise sur le monde.

Comment expliquer le dynamisme de l’Europe, face aux civilisations arabes, africaines, asiatiques et américaines ? Les autres civilisations sont puissantes, parfois menaçantes, comme l’Empire turc, qui est le dernier à menacer l’Europe jusqu’au cœur du XVIIe siècle, mais l’initiative leur échappe presque toujours. On peut avancer qu’une sorte d’optimisme habite les sociétés européennes. Les Européens sont des travailleurs résolus et la religion chrétienne appelle le croyant à agir sur le monde, à convertir l’incroyant et non à le tuer.

L’expansion européenne commence avec le contrôle de la Méditerranée par les puissances chrétiennes, à la suite de l’ouverture du détroit de Gibraltar en 1291. Pour se repérer à partir des côtes, les explorateurs européens utilisent la trigonométrie et la boussole, cette dernière étant bien connue des Chinois qui en négligent les applications pratiques. La pêche et la quête du sel fournissent l’expérience maritime nécessaire. Comme la pression musulmane surgit à l’Est du fait des Turcs, les Européens tournent leurs regards vers le Sud et vers l’Ouest, qui doivent permettrent d’atteindre l’Inde. Au confluent des deux espaces maritimes, le Portugal et la Castille disposent des techniques maritimes les plus avancées. Les bateaux descendent le long des côtes de l’Afrique, où une enclave chrétienne est installée à Ceuta en 1415. Les îles sont occupées les premières, et c’est ainsi qu’une navigation lointaine s’élance, touchant le Cap-Vert en 1444, croisant jusqu’en Sierra Leone, atteignant le Congo (1446-1472). Sur les côtes de l’Afrique naissent les rêves de rejoindre l’Asie par une liaison directe. L’or du Ghana finance l’exploration qui conduit à la découverte de la route du Cap de 1482 à 1488, puis du tour de la Terre de 1488 à 1497 par Vasco de Gama.  L’accélération des échanges entre 1475 et 1492 puis entre 1550 et 1565 est foudroyante. La nouvelle est connue partout en Europe dans les cinq années suivantes. Même si la Terre ne sera cependant complètement sillonnée qu’à la fin du XVIIIe siècle par voie maritime et à la fin du XIXe siècle par voie terrestre, le XVIe siècle ouvre une nouvelle période, celle de l’homme unifiant la planète.

 

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La vérité par l'observation scientifique

12 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Cet article tombe à pic pour le bi-centenaire de Darwin.


La révolution scientifique était prévisible dans les peintures de Giotto di Bondone dans la mesure où ces peintures révelaient la passion nouvelle de l’humanité pour un nouveau regard sur la réalité des choses. 

En 1543 le système dynamique de Copernic sonne le début de la révolution scientifique, parce qu’il propose une nouvelle vision de l'Univers, confirmée 66 ans plus tard par les observations de Galilée. En effet, en juin 1609 ce dernier construit une lunette, la tourne vers le ciel et découvre avec émotion les merveilles de la nature annoncées par Copernic.

Le retentissement considérable de l’observation de Galilée résulte de ses conséquences sur la nouvelle vision de l’homme qu’elle implique. Ce dernier y perdait la place centrale qu’il s’était octroyé dans l’Univers, ainsi que le cadre qu’il s’était donné pour expliquer le monde. Dès cet ébranlement initial, toutes les idées furent mises en mouvement. Pour comprendre le monde, pas d’autre méthode que l’empirisme. On sait qu’il a suffi à Newton d’observer une pomme tombant de l’arbre pour qu’il en induise son modèle d’attraction universelle.

Il y eut alors un véritable bouleversement dans la pensée, le nouveau principe étant que tout ce qui n’était pas vérifié par l’observation pouvait être mis en cause. Pour s’appuyer solidement sur l’observation, la révolution scientifique avait besoin d’outils de mesure. Elle les obtint grâce à son alliance avec les mathématiques. Les principes de l’analyse mathématique furent élaborés par Descartes et par Fermat au début du XVIIe siècle. Ils  devinrent le nouveau langage universel. La première loi scientifique de Kepler date de 1609. En 1686, Newton fait tenir tout l’Univers dans sa formule de gravitation universelle. Ce dernier croit que l’observation, vérifiée par les sens, permettra à terme de découvrir tous les secrets de l’Univers.  Pierre Laplace en profite pour réduire Dieu à une hypothèse inutile et John Locke pour décréter que la métaphysique est futile. Désormais tout fait scientifique semble vrai, et inversement ce qui n’est pas scientifique perd toute consistance.

Inévitablement la science a fini par nier l’existence de Dieu, après avoir prétendu se construire à côté de lui. Le conflit entre la démarche scientifique et la foi religieuse devint flagrant lorsque l’évolutionnisme fit disparaître l’homme en tant que sujet de l’histoire. Au XIXe siècle, Darwin posa la notion de sélection naturelle comme principe d’évolution des êtres vivants. Il en résulte que l’homme n’est plus l’acteur de sa propre condition, puisqu’il est remplacé par le milieu naturel qui détermine les transformations de la vie des êtres et des objets. L’évolutionnisme propose donc de remplacer l’homme par la nature en tant que sujet de l’histoire.

La création du Monde par Dieu est directement niée, et cette négation est le pivot des changements qui ont affecté les sociétés occidentales ces trois derniers siècles. 

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De la Peste au principe de réalité

8 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

La Peste, une crise extrême pour la société européenne.

Imaginez la France réduite en quelques dizaines d’années à 32 millions d’habitants. Les rues seraient vides, les campagnes désertes, les cimetières partout. Les survivants effarés se partageraient les dépouilles. On chercherait en vain de la main d’œuvre. Et l’on prierait partout  pour que la crise s’arrête enfin tandis que des flambées brutales épidémiques lanceraient au hasard leurs féroces flammèches au sein de la foule accablée.  Pourtant au milieu du XIVeme siècle la crise finit par s’arrêter à force de précautions. La croissance reprend, les enfants emplissent à nouveau de leur vitalité un monde abasourdi. Tellement abasourdi qu’un choc moral répond en retour au cataclysme de la Peste, un choc qui annonce les bouleversements de la Réforme et de la Renaissance.

À partir du XVe siècle, Les Européens et, à l’autre bout du monde, les Chinois, s’agitent chacun de leur côté. Les Européens s’efforcent d’accroître leur espace d’action, ce qui correspond bien à leur culture missionnaire et conquérante tandis que les Chinois, qui tournent comme toujours leurs regards vers eux-mêmes, s’affairent à mettre au point le système  complexe des rizières.

En Europe, les échanges s’accroissent entre les lettrés. Le surgissement de l’imprimerie, comme aujourd’hui celui d’Internet, modifie la donne. L’imprimerie est inventée autour de 1450 en Rhénanie. Gutenberg met au point les techniques qui permettront de mettre l’écrit à la disposition des quatre cent mille européens capables de lire en latin. Presque instantanément, les livres se multiplient et s’échangent.

Le Moyen Âge commence par s’emparer de l’acquis culturel laissé par les générations précédentes.C’est ainsi que le latin et les philosophes grecs, en particulier Aristote, deviennent à la mode.  Puis la révolution scientifique élargit le cercle de la pensée au-delà du culte du savoir antique. Comme l’expriment bien les neuf cents thèses de Pic de La Mirandole, les érudits prennent progressivement conscience de la nécessité de dépasser les textes anciens et de donner une place centrale à la notion de réalité. C’est ainsi qu’en Italie on se passionne pour la peinture réaliste de Giotto Di Bondone qui montre des misérables soignés par les franciscains. Derrière la création artistique surgit une nouvelle vision du monde, qui deviendra celle du monde moderne.  

En donnant à voir la « réalité », la peinture prépare la révolution scientifique.

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La croissance européenne, la multiplication des échanges, la Peste

5 Février 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Le fil du progrès matériel se noue, ou plutôt se renoue, sur la confiance insufflée par la spiritualité  religieuse qui caractérise le Moyen Âge européen. Au XIIe siècle, on observe une forte croissance de la population mondiale, qui passe de trois cents millions d’habitants à quatre cents millions en cent années.

Le rythme des innovations s’accélère : on invente le gouvernail et la boussole, on atèle les chevaux. Les paysans réussissent à doubler les rendements, grâce au joug frontal des bœufs, aux colliers d’épaule du cheval et à la multiplication des moulins à eau et à vent. Les villages deviennent des bourgs, les villes se développent, artisanales, commerçantes, autour du vaisseau de pierre de la cathédrale. Elles se peuplent d’immigrants, et débordent hors les vieilles fortifications. Les hommes réussissent à vivre plus vieux.

Sous l’influence de l’Église, la famille étroite nucléaire et matrimoniale domine désormais en Europe. L’âge de plus en plus tardif du mariage paysan joue un rôle de régulateur démographique. Tout se passe comme si, après toutes ces épreuves, les hommes étaient à nouveau redevenus maîtres et responsables d’eux-mêmes, comme au temps de l’âge d’or.

À partir du XIIe siècle aussi, le papier de chiffon parvient en Europe venant de Chine. Les écoliers peuvent s’initier à cette langue inconnue qu’est le latin médiéval, seule langue alors écrite en Europe. L’Université multiplie les copies, « l’exemplaire » que l’on recopie en rond autour d’un pupitre. C’est le temps où les hommes cherchent l’information dans les vieux livres, avant que la Scholastique n’ébauche les prémisses d’une science indépendante. À côté de ces latins, d’autres commencent à écrire en langue germanique, franque, anglaise ou toscane pour aboutir à la prose. Un enchaînement de débats, d’études et de progrès se met en mouvement. Dans toute l’Europe, les échanges se multiplient, qui seront aussi les vecteurs de la peste.

Puis soudain, la peste surgit.

L’année 1348 est celle du plus grand cataclysme de l’histoire de l’humanité. La peste provoque une baisse de moitié de la population européenne, une perte qu’il faudra plus d’un siècle pour effacer.

Au XIVe siècle, la peste est la conséquence d’échanges accrus entre l’Europe et l’Asie, qui résultait de la paix mongole. Tout part du lac Baïkal vers 1338. Au cœur de l’empire mongol, des rats cohabitent de trop près avec des hommes privés d’eau. La peste surgit. Elle accompagne les caravanes, atteint Samarcande puis touche l’Iran vers 1346. En Crimée, les Mongols font le siège d’une ville contrôlée par Gênes. Ils transmettent la peste aux bateaux génois, qui la portent à Marseille en 1347 où elle y prend la forme pulmonaire. Dès lors elle élimine toute vie sur son passage. Il faut vivre en ermite pour y échapper. Petit à petit des contre-mesures sont prises, en contraignant les zones contaminées à l’isolement des et en organisant la protection des ports.

Le progrès matériel, le développement des échanges et la diffusion de la peste qui en résulte. Au-delà des parallèles faciles, l’histoire nous montre les conséquences vraies, celles qui se sont vraiment déroulées, du développement de l’humanité, un développement régulé par les crises, voire les catastrophes, et non par la sagesse des hommes qui n'émerge qu'après. 

C'est pourquoi après les crises, toujours la croissance reprend. Question de temps.

 

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L'ancrage spirituel du renouveau, une leçon éternelle

31 Janvier 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Des populations désemparées, qui ont perdu leurs points de repère. La situation ne date pas d’aujourd’hui, puisque l’histoire nous décrit l’adaptation progressive des hommes aux situations auxquelles ils doivent faire face. Aujourd’hui la crise, hier des peuples qui ne savent plus comment s’organiser alors que le monde est balayé par des vagues de peuples qui détruisent, pillent, mais n’ont aucun modèle à proposer. C’est alors que l’Église….

À la chute de l’Empire Romain, l’Église se trouve mêlée à un tissu social et politique complètement bouleversé. Elle prêche désormais à des peuples désemparés, ayant perdu leurs anciennes références païennes. Dès quatre cent trente après JC, Saint Augustin avait donné l’exemple d’un évêque priant, écrivant, enseignant et visitant les réfugiés dans Hippone assiégée par les Vandales.

Une nouvelle Église monastique et missionnaire émerge, à l’image de l’église irlandaise. Saint Benoît rend la lecture obligatoire dans son ordre monastique. L’Église enseigne la morale du Décalogue, auquel elle ajoute un message de force pour rassurer une population inquiète : Dieu est tout puissant, il protège son peuple. Le Christianisme exorcise l’angoisse, notamment par le symbole du cimetière associé à l’Église. Dans la nécropole proche de la maison de Dieu, les morts chrétiens partagent avec les vivants l’attente de la Résurrection. L’Église offre également un enseignement qui maintient les règles de vie en société au sein d’une population éclatée et traumatisée. À chacun, elle fournit des raisons d’espérer.

Au XIe siècle enfin, le danger collectif s’éloigne ; les raisons de vivre et de croire dépendent plus de ses actes personnels que des aléas de la guerre, de la famine et des maladies. Il faut désormais que l’homme se sente responsable de ses actes. L’Église se consacre à arracher les âmes au désespoir et à l’absurde. La Croix cesse d’être le signe de la gloire de Dieu, elle devient, ou redevient, le symbole du martyre du Christ. Le christianisme s’attaque au drame humain fondamental, celui de devoir assumer la certitude de sa propre mort, en glorifiant la mort du Christ sur le Croix, et elle relie la qualité des actes accomplis au cours de la vie avec la perspective de la mort inéluctable, mais acceptée et glorifiée. 

Dès lors, le fil du progrès matériel peut se renouer….

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